LE SCORPION NOIR (1957)

Une horde de scorpions grands comme des locomotives surgit d’un volcan et sème la panique au Mexique…

THE BLACK SCORPION

 

1957 – USA

 

Réalisé par Edward Ludwig

 

Avec Mara Corday, Richard Denning, Carlos Rivas, Mario Navarro, Carlos Múzquiz, Pascual García Peña, Fanny Schiller

 

THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS

Tout content du succès du Monstre des temps perdus, le producteur Jack Dietz décida de se lancer fin 1957 dans une autre histoire de monstre géant baptisée Le Scorpion noir, en espérant tirer parti du triomphe récent de Tarantula. Les effets spéciaux sont confiés à Willis O’Brien, maître d’œuvre des trucages de King Kong, et à son bras droit Pete Peterson. Dans les grandes lignes, le récit du Scorpion noir commence par l’émergence d’un nouveau volcan au Mexique. Des douzaines de scorpions géants s’en échappent et ravagent la campagne. Après avoir détruit un train, les créatures gigantesques se battent entre elles et meurent toutes, sauf une. Le scorpion restant fait des ravages dans la ville de Mexico avant de se faire piéger dans une arène de corrida et détruire par les militaires. Dans la scène la plus spectaculaire du film, les héros descendent dans une caverne souterraine où ils rencontrent toutes sortes de monstres : les scorpions monstrueux, forcément, mais aussi une araignée grosse comme un ours et un ver gigantesque muni de pinces.

Ce pur moment de cauchemar dure une bonne dizaine de minutes. Dès le prologue de cette scène, la patte inimitable du Willis O’Brien des grands jours apparaît : les deux héros descendent tout au fond de la caverne obscure, tandis qu’une chauve-souris animée volette devant eux. Ce qui suit contient de vrais morceaux d’anthologie, notamment les deux hommes assaillis par plusieurs scorpions, l’enfant qui se fait poursuivre par l’araignée, ou encore le combat entre un scorpion et le ver géant. Parmi les autres moments forts des séquences d’effets spéciaux, il y a l’attaque d’un train qui rappelle beaucoup la séquence du métro aérien de King Kong, ainsi que tous les plans frénétiques dans lesquels cinq scorpions cavalent en même temps tandis que la caméra est en mouvement. L’efficacité de ces plans est hélas amenuisée par leur répétition tout au long du film, pour des raisons évidentes de limitations budgétaires.

La tête qui bave…

Dommage que les hommes n’interagissent pas assez avec les monstres, malgré l’usage de quelques figurines humaines très soignées dans les plans larges. Dommage aussi que le réalisateur ait jugé utile de recourir à une tête mécanique pour les gros plans du scorpion principal. Non seulement cette tête qui bave en permanence n’a que peu de rapports avec la morphologie d’un vrai scorpion, mais en plus elle raccorde mal avec la figurine animée. Assez curieusement, dans une quinzaine de plans d’attaque du village puis de la grande ville, le scorpion géant est représenté sous forme d’une silhouette sombre animée. Est-ce pour suggérer qu’il est vu en contre-jour, ou bien sont-ce là des plans truqués que Willis O’Brien et Pete Peterson n’ont pas eu le temps d’achever, faute de temps ? Toujours est-il que le résultat n’est pas tout-à-fait convaincant. Le dénouement, en revanche, est spectaculaire à souhait. On y voit le monstre renverser des tanks et attraper au vol un hélicoptère au milieu d’une pluie de projectiles. En regardant le talent et le savoir-faire déployés sur Le Scorpion noir, on se prend à rêver à ce que O’brien et Peterson auraient pu faire s’ils avaient eu plus de moyens et plus de temps à leur disposition.

 

© Gilles Penso


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