TARANTULA (1955)

Jack Arnold cultive les phobies de son public en signant l'un des films de monstres géants les plus mémorables de tous les temps

TARANTULA

1955 – USA

Réalisé par Jack Arnold

Avec John Agar, Mara Corday, Leo G. Carroll, Nestor Paiva, Ross Elliott, Edwin Rand, Raymond Bailey, Hank Patterson 

THEMA ARAIGNEES

Après l’homme-poisson de L’Étrange créature du lac noir, Jack Arnold livre à la science-fiction des années 50 un autre monstre mémorable avec Tarantula, bien vite propulsé au rang de classique du genre. Dans son laboratoire situé en plein désert arizonien, le professeur Dreemer (Leo G. Carroll) expérimente une nourriture artificielle destinée à préserver les générations futures de la famine. Hélas, la substance chimique qu’il produit a le fâcheux effet de déformer les humains et d’accroître les dimensions des autres animaux. Eric Jacobs, l’un des assistants du savant, malformé à la suite d’une injection de ce produit expérimental, devient fou furieux, détruit le laboratoire et libère une énorme tarentule que Dreemer utilisait comme cobaye. L’araignée ne cesse de grandir et commence à tuer du bétail, puis des hommes. La mise en scène très efficace de Jack Arnold, s’appuyant sur des trucages d’un réalisme surprenant, sait susciter un climat d’angoisse permanent. Tarantula émerge donc sensiblement du lot des films de monstres géants tournés à la même époque.

La première apparition de la tarentule, grande comme une pieuvre et collée à une vitre derrière Leo G. Carroll, s’avère déjà très effrayante. Plus tard, lorsque le monstre attaque de nuit un fermier, c’est l’horreur pure qui prend le relais. Les séquences choc s’ensuivent alors sans discontinuer : l’agression d’un cheval encerclé par les immenses pattes velues, l’apparition du faciès arachnéen hideux à la fenêtre d’une chambre… Jusqu’à cette scène génératrice d’une tension extrême, au cours de laquelle des militaires regagnent tant bien que mal leurs véhicules pour fuir, tandis que l’araignée grande comme une colline avance lentement vers eux sur la route nocturne.

C'est Clint Eastwood qui tue le monstre !

Parallèlement aux évolutions très spectaculaires de la tarentule géante, dues au talent apparemment sans bornes du maître ès effets spéciaux Clifford Stinne, Jack Arnold décrit les ravages physiques progressivement causés au professeur Dreemer, atteint d’acromégalie par la grâce des maquillages spéciaux de Bud Westmore. Car le savant a été soumis à sa propre substance par son assistant Jacobs, devenu fou, lequel s’est enfui dans le désert pour y mourir dans de terribles souffrances. Le film prend, du coup, un ton pathétique qui sait éviter les pièges du mélodrame. Dommage que l’idylle entre le solide John Agar et la belle Mara Corday ne contourne pas aussi habilement les clichés, s’enlisant tranquillement dans la romance convenue. Au cours d’un dénouement abrupt cédant lui aussi quelque peu au déjà vu et s’inspirant visiblement de celui de King Kong, un tout jeune Clint Eastwood dont on ne voit que le regard déjà très perçant, lâche sur l’araignée une bombe au napalm du haut de son avion de chasse. La cauchemardesque araignée finit ainsi ses jours à quelques pas de la bourgade qu’elle s’apprêtait à dévaster. Le film marqua tant le public qu’il contribua à populariser un sous-genre du cinéma fantastique amorcé dix-huit mois plus tôt par Des monstres attaquent la ville : le film d’invasion d’insectes et d’arachnides géants, dont il demeure encore à ce jour l’un des mètres étalons.


© Gilles Penso

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