RENFIELD (2023)

Nicolas Cage incarne Dracula et Nicholas Hoult son fidèle assistant dans cette comédie horrifique bourrée d’action et d’hémoglobine…

RENFIELD

 

2023 – USA

 

Réalisé par Chris McKay

 

Avec Nicholas Hoult, Nicolas Cage, Awkwafina, Ben Schwartz, Shohreh Aghdashloo, Adrian Martinez, Brandon Scott Jones, Jenna Kanell, Bess Rous

 

THEMA DRACULA I VAMPIRES

Nicolas Cage dans le rôle de Dracula, vous en rêviez ? Chris McKay l’a fait ! La star de Volte-face voulait depuis longtemps endosser la cape du plus célèbre des vampires. Son oncle Francis Ford Coppola ayant signé en 1992 une adaptation mémorable du classique de Bram Stoker, et son partenaire dans Le Dernier des Templiers Christopher Lee ayant été l’un des interprètes les plus célèbres du comte aux dents longues, il était temps que Cage franchisse le pas à son tour, quitte à accepter de jouer les seconds rôles pour laisser la vedette à Nicholas Hoult dans le rôle de Renfield. Mais le film a mis du temps à entrer en production. Au départ, Renfield est censé faire partie du « Monsterverse » dont rêve le studio Universal pour concurrencer le succès du Marvel Cinematic Universe. Mais l’accueil glacial réservé à Dracula Untold en 2014 puis à La Momie en 2017 entravent sérieusement le projet. Le producteur Robert Kirkman (co-créateur du comic book « Walking Dead ») propose alors une nouvelle version de Renfield : un long-métrage autonome qui mêlerait allègrement l’horreur et la comédie. Universal accepte cette option originale. Pressenti pour réaliser le film, Dexter Fletcher (Rocketman) est finalement remplacé par Chris McKay (Lego Batman le film, The Tomorrow War). Et c’est ce dernier qui propose Nicolas Cage aux producteurs, en s’appuyant notamment sur sa prestation étonnante dans Kiss of Death.

Le prologue de Renfield inscrit l’histoire dans la directe continuité du Dracula de Bram Stoker, mais sous un angle ouvertement parodique. Des plans du classique de 1931 sont donc détournés, Nicolas Cage prenant la relève de Bela Lugosi (éclairage expressionniste et regards fou à l’appui) et Nicholas Hoult celle de Dwight Frye, le tout dans une image en noir et blanc au format 4/3. Les péripéties s’enchaînent ensuite sur un rythme effréné : Renfield devient l’assistant de Dracula, traverse les siècles avec lui en l’alimentant régulièrement avec des cadavres gorgés de sang frais, l’aide à échapper aux envoyés de l’église bien décidés à le détruire (l’un étant joué par William Ragsdale, le Charley Brewster de Vampire vous avez dit vampire ?) et se retrouve avec lui dans la Nouvelle-Orléans du 21ème siècle, toujours en quête de nouvelles victimes humaines…

Sur les traces de Chaney et Lugosi

La densité de cette entrée en matière est si forte qu’il nous semble avoir assisté en quelques minutes au résumé d’un film entier. Impossible alors de savoir comment le scénario va bien pouvoir évoluer. C’est là que Renfield nous prend par surprise, centrant ses enjeux sur la relation de codépendance qui lie le héros du titre avec son patron vampire, tout en compliquant la situation via les exactions d’un gang de trafiquants de drogue. Nicolas Hoult est impeccable sous la défroque de ce serviteur exsangue accroc aux insectes qui se met en quête d’une insaisissable autonomie. Awkwafina se révèle irrésistible en femme flic hargneuse et obstinément incorruptible dans un monde où les dessous de table font la loi. Shohreh Aghdashloo nous impressionne en impitoyable chef de gang. Quant à Nicolas Cage, il est sidérant, comme souvent. Derrière ses mimiques invraisemblables, son maquillage excessif et sa diction insensée se cachent une noirceur et une tragédie inattendues, doublées d’un hommage sincère aux monstres du répertoire classiques (non seulement le Bela Lugosi de Dracula mais aussi le Lon Chaney de Londres après minuit). Très drôle, bourré d’excellentes idées visuelles, de séquences de combat vertigineuses et d’effets gore ahurissants où le sang gicle par hectolitres, Renfield entrechoque avec fracas les codes du cinéma d’horreur, de la comédie et du film policier pour offrir aux spectateurs un cocktail bizarre mais profondément réjouissant.

 

© Gilles Penso


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