GAMERA L’HÉROÏQUE (2006)

Après la prodigieuse trilogie de Shusuke Kaneko, le mythe de la célèbre tortue géante se réinvente une nouvelle fois pour un public plus jeune…

CHIISAKI YUSHA-TACHI : GAMERA

 

2006 – JAPON

 

Réalisé par Ryuta Tasaki

 

Avec Kaho, kanji Tusda, Susumu Terajima, Kaoru Ukunuki, Shingo Ishikawa, Shogo Narita, Kenjiro Ishimaru, Tomorowo Taguchi

 

THEMA REPTILES ET VOLATILES I SAGA GAMERA

Démarcation maladroite de Godzilla dans les années 60, la tortue géante Gamera, conçue par le studio nippon Daei, avait connu une résurrection flamboyante par l’entremise d’une prodigieuse trilogie réalisée par Shunsuke Kameko. Le troisième épisode de cette nouvelle saga, Gamera, la revanche d’Iris, s’achevait sur un climax spectaculaire et très ouvert, puisque le téméraire reptile antédiluvien, amputé et furieux, s’apprêtait à affronter une horde de monstres volants, les Gyaos. Or ce quatrième opus nous prend par surprise. Ni tout à fait une séquelle, ni vraiment une préquelle, il revient aux sources du mythe pour mieux le réinventer à nouveau, sous un jour très surprenant. Gamera l’héroïque commence certes par un combat au sommet entre Gamera et les Gyaos, mais les éléments mis en place à la fin de La Revanche d’Iris ne sont pas respectés à la lettre. Car le décor a changé, la tortue n’est plus mutilée, et le ton a visiblement changé.

Surchargée par le nombre de ses adversaires, Gamera se sacrifie, provoquant une explosion qui réduit en cendres tous les agressifs reptiles volants. Mais au moment de mourir, elle dépose un œuf qui sera recueilli bien des années plus tard par un petit garçon. A l’intérieur se trouve une petite tortue que l’enfant baptise Toto. Une forte amitié se noue entre eux, si ce n’est que Toto n’est pas une tortue comme les autres. Elle grandit à vitesse accélérée, s’avère capable de flotter dans les airs, et jouit visiblement d’une intelligence aiguë. Le jour où le Japon est attaqué par un monstrueux dragon aux proportions alarmantes, Zedus, Toto révèle enfin sa vraie nature : il s’agit de Gamera (ou du moins de son digne héritier), et un combat titanesque s’engage bientôt… On le voit, Gamera l’héroïque s’efforce de retourner aux sources en donnant un nouveau départ au monstre « sauveur de l’univers » mais aussi en s’attachant à un public plus jeune que les trois films précédents. La violence est donc moins présente et si le sang vert de la tortue continue à couler lors des échauffourées, c’est de manière moins ostentatoire.

Le dragon des temps perdus

Nous sommes pourtant bien loin des enfantillages de Gamera première époque, et ce quatrième épisode s’avère souvent touchant, jouant avec finesse sur une corde sensible peu sollicitée jusqu’alors. Ainsi, l’une des séquences les plus marquantes du film est probablement ce gigantesque passage de relais entre tous les enfants traversant la ville dévastée à tour de rôle pour confier à Gamera l’objet susceptible de la sauver. Les amateurs d’effets spéciaux ne sont pas en reste pour autant. Non seulement Zedus, le reptile qu’affronte notre héroïque tortue, est l’un des monstres les plus impressionnants que le genre nous ait offert depuis ses origines (une espèce de mixage entre Le Monstre des temps perdus et le Godzilla des débuts, affublé d’une langue de caméléon aussi tranchante qu’un poignard), mais en outre les multiples destructions qui jonchent le récit n’ont rien à envier à celles – pourtant ébouriffantes – des opus précédents. Gamera n’en finit donc plus de ressusciter, pour le plus grand bonheur des amateurs de kaiju eiga que nous sommes.

 

© Gilles Penso


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