LA BÊTE DU GÉVAUDAN (2003)

Dans ce téléfilm français soigné, Sagamore Stévenin enquête sur le célèbre monstre qui ravagea la campagne française du 18ème siècle…

LA BÊTE DU GÉVAUDAN

 

2003 – FRANCE

 

Réalisé par Patrick Volson

 

Avec Sagamore Stévenin, Léa Bosco, Jean-François Stévenin, Guillaume Galienne, Vincent Winterhalter, Maryline Even

 

THEMA MAMMIFÈRES

Deux ans après Le Pacte des loups, la télévision française profitait d’un soudain regain d’intérêt pour la légende de la bête du Gévaudan et nous proposait une version beaucoup plus sage et réaliste des fameux événements sanglants qui frappèrent la campagne de la Lozère en plein 18ème siècle. Le scénario de Brigitte Peskine s’efforce ainsi de tirer parti de tous les témoignages dignes de foi recueillis à l’époque afin d’en extraire un thriller en costume à mi-chemin entre l’enquête policière et le conte d’épouvante. Nous sommes en 1767, sous le règne de Louis XV, et la population paysanne d’un petit village du Gévaudan tremble face aux sanglants forfaits d’un monstre qui massacre régulièrement femmes et enfants en pleine forêt. De passage dans la région pour s’équiper en produits pharmaceutiques, le médecin Pierre Rampal décide de prolonger quelque peu son séjour lorsqu’il a l’occasion de voir le corps de la dernière victime en date, un jeune garçon prénommé Jacquou. L’affaire le trouble, car la nature des morts est difficilement attribuable à une bête sauvage commune.

Tandis que les plus pragmatiques sont persuadés que les assassinats en série sont l’œuvre d’un simple loup, et que les villageois, contaminés par la bigoterie du curé et de sa mère, voient là l’œuvre d’un démon venu leur faire expier tous leurs péchés, Pierre Rampal se perd en conjectures. Les gazettes populaires s’en donnent évidemment à cœur joie, et le roi commence à s’agacer. Il dépêche alors un louvetier pour occire une bonne fois pour toutes cette bête, quelle qu’elle soit. Le scénario de ce téléfilm produit par « Le Sabre » et diffusé sur France 3 possède donc un fort potentiel dans le triple domaine du suspense, de l’horreur et de la satire sociale. Au-delà du climat fantastique et mystérieux qu’il génère, il propose en effet un intéressant traitement des dérives de la superstition et des manipulations de l’opinion publique à des fins politiques. Mais il souffre hélas d’une mise en scène d’une terrible platitude, typique de la majeure partie des produits destinés à la télévision française.

Le fin mot de l’histoire…

Les idées visuelles brillent ainsi par leur absence, et la direction d’acteurs laisse sérieusement à désirer, malgré un casting plutôt judicieux. Les comédiens surjouent théâtralement ou sont en totale roue libre, selon les séquences, amenuisant l’impact de leur intervention. Sagamore Stévenin lui-même, s’il ne manque ni de charme ni de charisme, se contente de réciter son texte sans conviction, et l’amourette de son personnage avec la belle Françounette ne recule devant aucun cliché. Le fin mot de l’histoire ne manque pas de sel, et s’il évacue à priori l’explication surnaturelle, il n’en est pas moins horrifique. Hélas, le scénario achemine cette révélation de manière très artificielle, et une fois de plus il manque à la réalisation le panache nécessaire pour soutenir le climax qui en découle. L’affrontement final, conçu comme un summum de tension, sombre ainsi dans le comique involontaire le plus regrettable, annihilant du même coup ses passionnantes répercussions socio-politiques au sein du récit. Tant et si bien que le film ne parvient décemment à s’achever sur cette fausse note, se prolongeant sur un épilogue inutile et loin d’être cohérent.

 

© Gilles Penso


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