AKUMULATOR 1 (1994)

Dans ce film de science-fiction tchèque débridé, la télévision vide les humains de leur énergie vitale et les oblige à recharger leurs batteries…

AKUMULATOR 1

 

1994 – TCHÉCOSLOVAQUIE

 

Réalisé par Jan Sveràk

 

Avec Petr Forman, Edita Brychta, Zdenek Sverak, Bolek Polivka, Marian Labuda, Tereza Pergnerova, Jiri Kodet, Marketa Frossolova, Ladislav Smoljak

 

THEMA CINÉMA ET TÉLÉVISION

Présenté dans un grand nombre de festivals autour du monde au milieu des années 1990, Akumulator 1 était une surprise de taille, d’abord parce que le cinéma fantastique tchèque ne donnait plus signe de vie depuis longtemps, ensuite parce que son sujet fascinant y était traité sur un ton résolument original, et enfin parce qu’il multipliait les audaces visuelles. Akumulator 1 est le deuxième long-métrage de Jan Sveràk, après la comédie dramatique La Communale située à la fin de la seconde guerre mondiale. Le concept de ce film de science-fiction résolument atypique s’appuie sur une idée folle selon laquelle la télévision vide les gens de leur énergie et entraîne leur mort inéluctable s’ils ne rechargent pas leurs batteries ! Interprété par Petr Forman, le protagoniste de ce récit surprenant est Olda, un homme timide et introverti qui s’enferme chez lui après avoir été éconduit par la femme qu’il convoitait, Jitka (Tereza Pergnerova). Désormais totalement léthargique, il s’abrutit devant la télévision pendant une semaine et finit par perdre connaissance.

Lorsque notre héros se réveille à l’hôpital, c’est pour faire la connaissance d’un homme mystérieux, Fišarek (Zdeněk Svěrák), qui parvient miraculeusement à le guérir. Fišarek est familier avec la maladie qui frappe Olda. Tout le problème vient de la télévision. En effet, derrière l’écran cathodique existe un monde parallèle peuplé de copies des humains qui regardent les programmes. Ces doubles drainent la force vitale de leurs homologues habitant le monde réel afin de pouvoir rester en vie. Abasourdi par cette révélation, Olda doit désormais apprendre à puiser son énergie dans toutes les sources naturelles qui l’entourent : les arbres, les peintures, l’exercice physique et même la stimulation sexuelle. Petit à petit, Olda retrouve son énergie vitale et se met à flirter avec Anna (Edita Brychta), la fille d’un vieux patient mort après avoir été lui-même trop exposé à la télévision…

Pas très cathodique

Plaçant la recherche énergétique de l’organisme humain au cœur de son intrigue, le film collectionne les plans étonnants qui n’auraient pas dépareillé dans L’Aventure intérieure : un cœur qui bat en gros plan, une veine dans laquelle se plante l’aiguille d’une seringue, un nerf optique dans lequel circule le liquide lacrymal, une bouche soumise à la roulette d’un dentiste comme dans La Petite boutique des horreurs… Pour donner corps à toutes ces visions microscopiques, le film bénéficie d’effets spéciaux très performants, lesquels sont également déployés pour servir de support à des gags visuels (les sous-titres qui se déplacent avec les personnages), à une imagerie kitsch (l’avion qui flotte dans les nuages) ou à des séquences poétiques (le paysage alpin qui apparaît par couches successives comme dans un livre animé pour enfants). La scène où le héros lutte contre les postes de télévision à coup de télécommande est un des moments forts du film. Akumulator 1 est donc une fable fraîche et joviale dénonçant sans jamais se prendre au sérieux les effets néfastes d’une exposition prolongée à la télévision. Le message n’a rien perdu de sa force aujourd’hui.

 

© Gilles Penso


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