TRANSMORPHERS (2007)

Relisez-bien le titre : il ne s’agit pas de Transformers mais d’une imitation low-cost mise en chantier par les joyeux dingues de la compagnie The Asylum…

TRANSMORPHERS

 

2007 – USA

 

Réalisé par Leigh Scott

 

Avec Matthew Wolf, Amy Weber, Shaley Scott, Eliza Swenson, Griff Furst, Michael Tower, Sarah Hall, Erin Evans, Noel Thurman, Troy Thomas, Dennis Kinard

 

THEMA ROBOTS I EXTRA-TERRESTRES

Transmorphers est un film qui prouve à quel point la société de production The Asylum n’a peur de rien : ni de se lancer dans une grande épopée de science-fiction avec un budget d’à peine 300 000 dollars, ni de risquer une action en justice pour plagiat. Car même si l’on n’est pas dyslexique, comment ne pas se laisser abuser par ce poster et par ce titre qui, à une inversion de lettres près, est identique à celui de Transformers ? La démarche est ici la même que celle de Roger Corman lorsqu’il initia Carnosaur à toute allure pour pouvoir sortir sa petite série B avant même que Jurassic Park soit distribué en salles. Dans un esprit voisin, Transmorphers alimente les bacs vidéo deux jours avant la sortie officielle de Transformers. Pour y parvenir, le scénariste/réalisateur Leigh Scott (Le Seigneur du monde perdu, Frankenstein Reborn) bricole en vitesse cette fable futuriste sans avoir la moindre idée de l’intrigue du blockbuster de Michael Bay qu’il est censé imiter. L’histoire de Transmorphers commence en 2009, lorsque des robots extra-terrestres géants attaquent notre planète, détruisent toutes les grandes cités et obligent les survivants à se réfugier sous terre. Alors qu’à la surface règnent une nuit et une tempête permanentes, l’humanité s’est déployée dans des bunkers pendant plusieurs générations. Plus de 300 ans après l’attaque, un petit groupe de rebelles humains projette de reprendre le monde aux envahisseurs mécaniques…

Conscient de ses limitations budgétaires, Leigh Scott concocte un film très bavard. La grande majorité des séquences est donc constituée de dialogues dans un décor de bunker futuriste emprunté à la série Firefly. On débat, on obéit aux ordres, on boit un coup, on se dispute, on se prépare au combat, on se re-dispute, on se réconcilie, on s’entraîne… La patience du spectateur est donc soumise à rude épreuve. Lorsque le petit commando sort enfin de son repaire pour aller « casser du robot », il devient évident que la source d’inspiration principale de Transmorphers est le cinéma de James Cameron, bien plus que celui de Michael Bay. On pense beaucoup à Terminator (les rebelles qui luttent contre l’oppresseur robotique dans des ruines futuristes) et à Aliens (le commando de durs à cuire armé jusqu’aux dents qui veut en découdre avec l’ennemi extra-terrestre). Un coup de théâtre à mi-parcours laisse affleurer une autre source d’inspiration : Blade Runner. Sur le papier, tout ceci peut sembler prometteur. À l’écran, c’est une autre histoire…

Rien ne se perd, tout se transmorphe

On ne peut certes pas reprocher aux séquences d’effets spéciaux leur manque d’ambition, mais le résultat est tellement maladroit qu’il en devient embarrassant. Les images de synthèse qui donnent corps aux Z-Bots (les androïdes bipèdes agressifs), aux Heavy Mechs (les robots géants qui se transforment en tanks ou en canons) et aux ARV (les engins volants) sont toutes plus laides les unes que les autres, tout comme les horribles incrustations des comédiens dans des décors numériques (le clou du spectacle en ce domaine étant la poursuite en scooters volants, un grand moment d’humour involontaire). Il y a certes un joli panorama large du monde souterrain futuriste, à mi-chemin entre Metropolis, Blade Runner et Matrix, mais le montage le réutilise tant de fois qu’il finit par lasser. Pour le reste, l’ennui s’installe rapidement. Même les scènes de bagarres entre humains sont ratées, malgré les mouvements de caméra accidentés, le montage nerveux et l’effet ralenti qui essaient de camoufler la chorégraphie très approximative des comédiens. Transmorphers est donc un film pataud et mal-fichu qu’on aurait aimé pourtant aimer, ne serait-ce que pour le culot de son titre. Les distributeurs français, plus prudents, ont préféré le rebaptiser Robot War pour sa sortie en DVD.

 

© Gilles Penso


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