L’EXORCISTE – DÉVOTION (2023)

Cinquante ans après le classique de William Friedkin, le réalisateur d’Halloween version 2018 en signe une suite tardive…

THE EXORCIST : BELIEVER

 

2023 – USA

 

Réalisé par David Gordon Green

 

Avec Leslie Odom Jr, Ann Dowd, Jennifer Nettles, Norbert Leo Butz, Lidya Jewett, Olivia O’Neill, Ellen Burstyn, Okwui Okpokwasili, Raphael Sbarge

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I ENFANTS I SAGA L’EXORCISTE

David Gordon Green ne serait-il plus bon qu’à s’emparer des créations des autres pour en tirer des suites/remakes à sa sauce ? Après avoir pris la relève de John Carpenter pour revisiter la saga Halloween, le voilà maintenant sur les traces de William Friedkin. Le projet de L’Exorciste – Dévotion ressemble d’abord à une opération marketing qui consiste à profiter du cinquantième anniversaire de la sortie du premier Exorciste pour en proposer une suite directe, située plusieurs décennies après les événements racontés en 1973, tout en ignorant ouvertement Exorciste II : l’hérétique, L’Exorciste : la suite, L’Exorciste : au commencement et la série L’Exorciste créée par Jeremy Slater. La démarche est donc très proche de celle de l’Halloween de 2018 qui, lui aussi, jouait la double carte de la date anniversaire et de l’effacement des épisodes intermédiaires. Autre point commun : initier une nouvelle trilogie dont L’Exorciste : Dévotion serait le premier volet. Flairant là l’opération juteuse, le studio Universal s’associe à la compagnie Peacock pour faire l’acquisition des droits de distribution de la franchise. Coût de l’opération ? 400 millions de dollars. Reste-t-il une quelconque intention artistique derrière ces tractations financières et commerciales ? C’est ce que les spectateurs sont naturellement en droit d’espérer.

Le prologue de L’Exorciste – Dévotion se situe à Haïti. Le photographe Victor Fielding (Leslie Odom Jr.) et sa femme enceinte Sorenne (Tracey Graves), bénie par des praticiens vaudou, sont en lune de miel. L’atmosphère est festive mais un peu étrange, signe avant-coureur d’une catastrophe imminente. Celle-ci survient lorsqu’un violent tremblement de terre s’abat sur le pays. Gravement blessée, Sorenne gît sous les décombres. Paniqué, Victor se retrouve face à un dilemme. Les secours lui annoncent en effet qu’il doit choisir entre sauver sa femme ou son enfant à naître. Le destin semble choisir pour lui. Victor en perd la foi et élève désormais seul sa fille Angela (Lidya Jewett) en Géorgie. Tous deux vivent depuis treize ans selon une routine tranquille et paisible qui s’apprête bientôt à voler en éclats…

Double possession

L’Exorciste – Dévotion ne se raccorde avec le premier Exorciste qu’à mi-parcours, marquant cette connexion par une réinterprétation musicale du fameux « Tubular Bells » de Mike Oldfield. Mais le raccord est ténu, très artificiel, et pourrait honnêtement être supprimé sans beaucoup altérer le cours de l’intrigue. Seulement voilà : le film ne pourrait alors pas s’appuyer sur la franchise née en 1973 et passerait totalement inaperçu. En effet, cette histoire de possession diabolique n’a rien de particulièrement palpitant et se contente bien souvent d’aligner les lieux communs du genre, malgré quelques tentatives pour varier les plaisirs (la possession se dédouble, les rites païens se mêlent aux pratiques catholiques). Par ailleurs, David Gordon Green gère ses cadrages d’une manière curieuse, comme s’il ne savait jamais exactement quoi placer devant sa caméra. Ses plans sont indécis, hésitants, incapables de se focaliser sur les visages et les regards, leur caractère faussement dynamique s’efforçant manifestement de masquer un problème plus vaste : une totale absence de point de vue. Restent des acteurs très investis dans leurs rôles (adultes comme enfants) et quelques scènes d’inconfort qui jouent habilement avec le sentiment d’un malaise omniprésent mais indicible. C’est peu, mais il faudra s’en contenter. Autant dire que nous attendrons les deux épisodes suivants avec beaucoup de patience.

 

© Gilles Penso


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