MAX LA MENACE (1965-1970)

Deux ans avant son premier film, Mel Brooks lance la carrière du plus idiot des agents secrets à travers cette série délirante pastichant James Bond…

GET SMART

 

1965/1970 – USA

 

Créée par Mel Brooks et Buck Henry

 

Avec Don Adams, Barbara Feldon, Edward Platt, Robert Karvelas, Bernie Kopell, King Moody, Dick Gautier, David Ketchum, Victor French, Stacy Keach sr.

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

En 1965, Mel Brooks n’a pas encore réalisé de long-métrage mais fait déjà rire beaucoup de monde à travers ses spectacles délirants. Auteur pour la télévision depuis la fin des années 40 (Your Show of Shows, Caesar’s Hour), il ne peut décemment pas passer à côté de la « spymania » déclenchée par le succès des aventures de James Bond au cinéma. Avec Buck Henry, il répond donc à la demande de la compagnie de production Talent Associates et imagine le personnage de Max la menace, autrement dit le plus stupides de tous les espions. « J’en avais assez de voir toutes ces comédies gentillettes et raisonnables », explique-t-il. « Je voulais faire quelque chose de fou, d’irréel, une sorte de bande dessinée parlant d’autre chose que la famille. Personne n’avait encore jamais consacré de série télévisée à un idiot. J’ai décidé d’être le premier » (1). La chaîne ABC, à qui est proposé le show, n’est pas totalement convaincue par ce ton parodique permanent et propose d’y ajouter de la chaleur humaine, des animaux familiers, des bons sentiments et des parents ! Autant dire que Mel Brooks et Buck Henry n’ont pas la même vision des choses. C’est finalement le réseau NBC qui diffusera Max la menace.

Beaucoup plus proche de l’inspecteur Clouzeau que de James Bond, Maxwell Smart (Don Adams) est un espion qui répond au matricule d’agent 86 et travaille pour Control, une agence gouvernementale de contre-espionnage dont le QG se trouve à Washington. Épaulé par l’agent 99 (Barbara Feldon), il lutte contre Kaos, une redoutable organisation criminelle internationale. Le fait qu’il s’en tire toujours et qu’il mène généralement à bien ses missions est un miracle, étant donné son incompétence notoire et sa maladresse congénitale. Au fil des épisodes, la série déploie une infinité de gadgets pastichant bien sûr ceux de l’agent 007. Le plus fameux d’entre eux est le téléphone qui se trouve non seulement dans la chaussure de Max mais aussi un peu partout (plus de cinquante objets permettent ainsi de téléphoner, de la cravate au peigne en passant par l’horloge). Max recours aussi à un mur invisible à l’épreuve des balles installé dans son appartement, une caméra cachée dans un bol de soupe, une ceinture équipée d’un aimant, un bouton de veste qui tire des rayons laser, un « cône du silence » qui permet de parler sans être entendu ainsi qu’une voiture surchargée en équipement d’attaque et de défense (mitrailleuse, écran de fumée, suivi radar, siège éjectable). Il faut aussi citer la présence de Hymie le robot (incarné par Dick Gautier), un androïde qui aide nos héros dans leurs missions mais souffre de quelques dysfonctionnements. Il n’est pas impossible qu’il ait inspiré l’inspecteur Yoyovitch de l’éphémère série Holmes et Yoyo.

Gadgets à gogo

Plusieurs vedettes invitées pointent le bout de leur nez tout au long du show : des échappés de Mission impossible (Martin Landau, Barbara Bain), Star Trek (Leonard Nimoy) ou Batman (Vincent Price, Cesar Romero, Julie Newmar), mais aussi Ernest Borgnine (Les Douze salopards), Victor Buono (Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?), James Caan (Le Parrain), Sid Haig (bien avant La Maison des 1000 morts) ou Nancy Kovack (Jason et les Argonautes), pour n’en citer que quelques-uns. Il faut bien reconnaître que tous les gags de Max la menace ne font pas mouche et que la finesse n’est pas spécialement au rendez-vous. Pour autant, le show séduit grâce à sa liberté de ton, à son anti-héros campé à merveille par un Don Adams ayant trouvé là le rôle de sa vie et à ses détournements constants des codes de l’espionnage et de la science-fiction. Après la première saison, Mel Brooks laissera les rênes de Max la menace à Buck Henry pour se consacrer à son premier film, Les Producteurs. Si la série s’arrête en 1970 après cinq ans de bons et loyaux services, Don Adams revient interpréter Max dans le long-métrage cinéma Le Plus secret des agents secrets en 1980 puis dans les séries Le Retour de Max la menace en 1989 et Get Smart en 1995. Un remake sur grand écran sortira en 2008, avec Steve Carell dans le rôle-titre, preuve que cet improbable espion a décidément la vie longue.

 

(1) Extrait d’une interview parue dans « Time » en octobre 1965.

 

© Gilles Penso


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