FIVE NIGHTS AT FREDDY’S (2023)

Un gardien de nuit est chargé de veiller sur une pizzera désaffectée dans laquelle se dressent d’inquiétantes figurines animatroniques…

FIVE NIGHTS AT FREDDY’S

 

2023 – USA

 

Réalisé par Emma Tammi

 

Avec John Hutcherson, Piper Rubio, Elizabeth Lail, Mary Stuart Masterson, Matthew Lillard, Kat Conner Sterling, David Lind, Christian Stokes, Joseph Poliquin

 

THEMA OBJETS VIVANTS

C’est le 8 août 2014 que sort la première mouture du jeu vidéo « Five Nights at Freddy’s » imaginé par Scott Cawthon, gros succès de « survival horror » qui donnera naissance à plusieurs suites. Dès l’année 2015, le cinéma s’intéresse à une adaptation du jeu par l’entremise du studio Warner Bros. C’est alors Gil Kenan (Monster House, Poltergeist version 2015) qui est envisagé à la mise en scène. Mais la production prend du retard, le projet n’avance pas et Kenan se retire. En 2017, la compagnie Blumhouse prend le relais et propose la réalisation à Chris Columbus (Harry Potter, Percy Jackson). Les préparatifs continuent à traîner, laissant le temps à un projet concurrent de sortir sur les écrans : Willy’s Wonderland. Ce film dingue réalisé par Kevin Lewis, avec Nicolas Cage en tête d’affiche, n’est pas une adaptation officielle de « Five Nights at Freddy’s » mais reprend une grande partie de son concept, oscillant entre l’horreur et la comédie et générant un petit culte autour de son grain de folie joyeusement absurde. De fait, lorsque Five Night at Freddy’s finit enfin par se concrétiser, sous la direction de la réalisatrice Emma Tammi, le film sent déjà un peu le réchauffé et le déjà vu.

Five Nights at Freddy’s s’intéresse à Mike Schmidt (John Hutcherson), agent de sécurité dans un centre commercial qui perd son emploi après avoir agressé un père négligent qu’il avait pris pour un kidnappeur. Son comportement violent est justifié par un traumatisme d’enfance qui nous sera révélé en cours d’intrigue. Son conseiller d’orientation professionnelle propose à Mike un emploi de gardien de nuit chez Freddy Fazbear’s Pizzeria, un centre de divertissement familial autrefois prospère mais aujourd’hui abandonné. D’abord réticent, Mike finit par accepter l’offre lorsque les services sociaux menacent de lui retirer la garde de sa jeune sœur Abby (Piper Rubio) et de la confier à leur sinistre tante Jane (Mary Stuart Masterson) qui souhaite toucher les mensualités liées à la garde de la fillette. Ce boulot de gardien de nuit chez Freddy’s ne semble pas particulièrement compliqué. Mais dans les coulisses se cachent plusieurs mascottes aux allures de grands animaux en peluche animatroniques qui ne demandent qu’à revenir à la vie…

Animatronics Attack

Totalement délirant, le concept du film est résumé à mi-parcours par Mike en ces termes : « Des enfants fantômes qui possèdent des robots géants ! » Nous sommes donc légitimement en droit d’espérer un film d’horreur excessif s’octroyant une pleine liberté de ton. Or Five Nights at Freddy’s a du mal à trouver sa tonalité. Malgré le caractère absurde des monstres, les mécanismes de peur sont ici traités au premier degré et s’avèrent pour la plupart totalement inefficaces. Comme en outre le film met la pédale douce sur le gore et ne fait pas spécialement rire, on se perd en conjectures sur le public visé. Car Emma Tammi se prend très au sérieux, s’attachant à décrire en détail les états d’âme, les traumas, les émotions et les sentiments de ses protagonistes. Certes, John Hutcherson (que nous avions découvert enfant dans Zathura puis adolescent dans Voyage au centre de la Terre) se révèle convaincant sous la défroque de ce loser insomniaque à la dérive, et la relation complexe qu’il entretient avec sa jeune sœur a quelque chose de touchant. Mais ce travail de caractérisation semble totalement inapproprié dans un tel film, d’autant que d’autres personnages (comme la femme-flic incarnée par Elizabeth Lail) n’ont aucune épaisseur et se comportent au mépris de toute logique. On ne sait donc pas vraiment sur quel pied danser et comment appréhender ce film bancal. Willy’s Wonderland avait au moins le mérite d’opter pour un parti pris, si invraisemblable soit-il. Five Night at Freddy’s finit donc par nous laisser indifférents, malgré le travail intéressant réalisé par les artistes de l’atelier Jim Henson sur les créatures animatroniques.

 

© Gilles Penso


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