WILLY’S WONDERLAND (2021)

Chargé de passer la nuit dans un parc désaffecté, un homme découvre que le lieu abrite des marionnettes animatroniques vivantes…

WILLY’S WONDERLAND

 

2021 – USA

 

Réalisé par Kevin Lewis

 

Avec Nicolas Cage, Emily Tosta, Beth Grant, Ric Reitz, Chris Warner, Kai Kadlec, Caylee Cowan, Jonatha Mercedes, Terayle Hill

 

THEMA OBJETS VIVANTS

C’est le scénariste G.O. Parsons qui est à l’origine de Willy’s Wonderland, adaptation au format long d’un court-métrage qu’il réalisa en 2016. Le concept, totalement délirant, présente beaucoup de points communs avec celui du jeu vidéo « Five Nights at Freddy’s », mais aussi dans une moindre mesure avec la trilogie La Nuit au musée. Pour autant, Willy’s Wonderland ne ressemble à rien de connu, mélangeant les genres sans vergogne, oscillant sans cesse entre l’horreur et la comédie et assumant totalement le caractère aberrant de son postulat. Séduit par le scénario – et par l’idée de jouer un personnage taciturne ne prononçant pas une seule ligne de dialogue – Nicolas Cage se lance dans l’aventure en tant qu’acteur principal et producteur, ce qui permet au projet de décoller sous la direction du réalisateur Kevin Lewis. L’équipe s’installe dans un bowling désaffecté près d’Atlanta, en Georgie, et le transforme en décor sinistre qui servira de théâtre aux principales péripéties du film. Le réalisateur s’amuse à comparer Willy’s Wonderland à une sorte de croisement entre Pale Rider de Clint Eastwood et Les Clowns tueurs venus d’ailleurs des frères Chiodo. Pourquoi pas ? Une chose est sûre : nous nageons ici en pleine absurdie…

Dans une ambiance très « road movie », une Camaro lancé à vive allure sous le soleil accablant du désert du Nevada fait soudain une embardée. Ses pneus ont éclaté au contact de pointes hérissées sur le sol. Au volant du véhicule, un Nicolas Cage monolithique et silencieux prend son mal en patience sans sourciller… jusqu’à ce qu’une dépanneuse le ramène dans la petite ville la plus proche. Le garagiste exigeant d’être réglé en espèces, notre protagoniste accepte un petit boulot qui lui permettra de collecter quelques billets : il s’agit de passer la nuit dans un petit parc pour enfants désaffecté, « Willy’s Wonderland », et de le nettoyer. Le montage parallèle nous présente un groupe d’adolescents sympathique mais stupides qui se sont fixé pour mission d’incendier ce fameux parc abandonné et pénètrent dans les lieux par effraction. Les deux intrigues convergent lorsque notre héros muet découvre que les marionnettes animatroniques qui décorent le parc sont douées d’une vie propre et se mettent à l’attaquer. Un monstrueux jeu de massacre s’enclenche dès lors…

Nicolas Cage se déchaîne

Même si le scénariste et le réalisateur de Willy’s Wonderland nient fermement tout lien avec l’intrigue de « Five Nights at Freddy’s », on ne peut s’empêcher d’être surpris par les similitudes des deux intrigues, d’autant que le film adopte assez rapidement la structure narrative d’un jeu vidéo consistant à affronter l’une après l’autre les sept créatures animatroniques qui hantent les lieux jusqu’au « boss » final, autrement dit le redoutable « Wally la belette ». Carburant aux boissons énergisantes selon un rituel minuté, Nicolas Cage lutte donc tour à tour avec Ozzie l’autruche, Gus le gorille, Knighty le chevalier, Sara la ballerine, Arty l’alligator, Cammy le caméléon et Toto la tortue. Chaque combat se termine dans un bain de sang et une explosion d’étincelles. Conçues par Kenneth J. Hall (Ghoulies, Carnosaur, Puppet Master 4 et 5) et mécanisées par Anthony Doublin (Re-Animator, From Beyond, Team America), les huit créatures sont les attractions principales du film, à égalité avec Nicolas Cage qui, comme toujours, sait doter d’un grain de folie la moindre de ses secondes de présence à l’écran. Une « backstory » démentielle explique l’origine du mal, empruntant une voie qui n’est pas sans évoquer celle de Jeu d’enfant : les monstres mécaniques sont d’anciens psychopathes tueurs d’enfants dont l’âme a intégré ces corps artificiels à l’issue d’un rituel satanique. Monté sur un rythme effréné, très généreux en séquences gore, scandé par l’entêtante chanson « It’s your Birthday » qui fait écho à la « Willy Wonka’s Song » de Charlie et la chocolaterie, clignant de l’œil vers des œuvres aussi dissemblables que Evil Dead 2, Demonic Toys ou King Kong, Willy’s Wonderland rattrape allègrement la maigreur de son scénario par son absence de complexes et sa volonté insolente de n’entrer dans aucune case. On pourra au choix rester indifférent ou se laisser contaminer par le délire.

 

© Gilles Penso

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