DOCTEUR FRANKEN (1980)

Robert Vaughn incarne une variante moderne du docteur Frankenstein dans ce téléfilm très sérieux conçu comme le pilote d’une série TV…

DOCTOR FRANKEN

 

1980 – USA

 

Réalisé par Marvin J. Chomsky et Jeff Lieberman

 

Avec Robert Vaughn, Robert Perault, David Selby, Teri Garr, Josef Sommer, Cynthia Harris, Addison Powell, Takayo Doran

 

THEMA FRANKENSTEIN I MÉDECINE EN FOLIE

Annoncé d’abord sous le titre de The Franken Project, ce téléfilm de 100 minutes a finalement été diffusé sur NBC avec une autre appellation : Doctor Franken. Derrière la caméra, nous retrouvons deux noms familiers que nous n’avions pas l’habitude de voir ensemble jusqu’à présent, Jeff Lieberman (Le Rayon bleu, La Nuit des vers géants) et le vétéran des séries TV Marvin Chomsky (réalisateur entre autres d’épisodes des Mystères de l’ouest, de Mission impossible et de Star Trek). En s’appuyant sur un scénario co-écrit par Lieberman et Lee Thomas, Docteur Franken se veut une variation moderne et sérieuse du thème de Frankenstein. Le rôle d’Arno Franken, nouveau descendant du vénérable Victor, est tenu par Robert Vaughn, dont la présence en tête de générique assure à cette production télévisée un certain prestige. Car Vaughn est un acteur connu de tous et très versatile, capable d’apparaître dans des classiques (Les Sept mercenaires, Bullit, La Tour infernale), des séries populaires (Poigne de fer et séduction, Des agents très spéciaux) ou des séries B à tout petit budget (L’Invasion des soucoupes volantes, Les Mercenaires de l’espace). Vaughn peut tout jouer avec le même charisme, alors pourquoi pas un Frankenstein des années 80 ?

Brillant chirurgien d’un grand hôpital de New York, Arno Franken se livre secrètement à des expérimentations pas très catholiques. Pour maintenir en vie un homme dans le coma (Robert Perault), il lui greffe régulièrement de nouveaux organes prélevés dans les stocks de l’hôpital. Le malade ayant été victime d’un accident et personne ne connaissant son identité, Franken est libre de ses mouvements. Il finit même par transporter le corps dans une ambulance jusque dans le sous-sol de sa propre maison pour y poursuivre plus tranquillement ses expériences. Les choses se compliquent lorsque l’un des collègues de Franken, le peu recommandable docteur Foster (David Selby) se penche un peu trop sur ses travaux et finit par trépasser en se confrontant à la créature qui revient à la vie avant de partir errer dans les rues de New York…

Frankenstein à New York

L’une des idées intéressantes de Docteur Franken repose sur le principe selon lequel l’homme composite créé par le savant hérite des traits de caractère et des émotions de toutes les personnes dont il a emprunté des parties du corps. Le scénario avance ainsi la théorie étonnante que les souvenirs et les sentiments survivent au trépas et peuvent se loger dans n’importe quel organe. Par ailleurs, cet énième émule de Frankenstein ne cherche pas à créer la vie – une fois n’est pas coutume – mais à développer de nouvelles techniques de transplantation. Le gros point fort du téléfilm est la qualité de son interprétation (Vaughn et Selby excellent en antagonistes, Perault est une créature très convaincante et Teri Garr assure dans le rôle de l’ancienne petite-amie du malade). Tout le monde se prend très au sérieux, mais c’est peut-être paradoxalement le défaut de ce téléfilm, qui aborde au premier degré un concept scientifique parfaitement invraisemblable digne de séries B des années 50 et conserve une tonalité uniformément maussade et sinistre. Docteur Franken ne deviendra donc pas la série TV initialement prévue et restera un pilote sans suite. Du reste, on imagine mal comment un tel postulat aurait pu se décliner de manière viable sur plusieurs épisodes.

 

© Gilles Penso


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