DOUCE NUIT SANGLANTE NUIT : LES JOUETS DE LA MORT (1991)

Dans cet ultime volet de la saga qui ensanglante les fêtes de Noël, une armada de joujoux assassins se déchaîne…

SILENT NIGHT DEADLY NIGHT 5 : THE TOY MAKER

 

1991 – USA

 

Réalisé par Martin Kitrosser

 

Avec William Thorne, Jane Higginson, Van Quattro, Tracy Faim, Neith Hunter, Conan Yuzna, Mickey Rooney, Brian Bremer, Gerry Black, Clint Howard

 

THEMA JOUETS I SAGA DOUCE NUIT SANGLANTE NUIT

Cinquième opus d’une saga horrifique multiforme ayant changé de cap à mi-parcours, Douce nuit sanglante nuit : les jouets de la mort raconte comme son prédécesseur une histoire autonome n’ayant rien à voir avec les codes du slasher mis en place dans les premiers épisodes. Brian Yuzna est toujours aux manettes, assurant pour la seconde fois consécutive le rôle de producteur et de co-scénariste, mais il cède sa place de réalisateur à Martin Kitrosser. Ce dernier effectue ici son baptême de metteur en scène après avoir été scénariste pour trois opus de la franchise Vendredi 13. Kitrosser deviendra par la suite le « script supervisor » attitré de Quentin Tarantino et Brett Ratner. La présence la plus inattendue, au générique de Douce nuit sanglante nuit 5, est celle de Mickey Rooney dans le rôle d’un vieux fabriquant de jouets porté sur la bouteille. En 1984, le vénérable comédien avait pourtant fait savoir publiquement – et à grand bruit – que le premier Douce nuit sanglante nuit était un film honteux et détestable qui souillait le caractère sacré de Noël. Selon lui, les « ordures » à l’origine de cette ignominie devaient être « chassés de la ville », rien que ça ! Il faut croire qu’il a entretemps changé d’avis – ou que ses besoins financiers l’ont incité à revoir ses positions morales à la baisse -, car le voilà à l’œuvre dans le cinquième épisode de la saga. Qui l’eut cru ?

Un soir, à l’approche des fêtes de Noël, le jeune Derek Quinn (William Thorne) entend sonner à sa porte et trouve sur le porche de sa maison un cadeau qui lui est adressé. Son père le réprimande pour s’être levé si tard et pour avoir ouvert à un inconnu. Curieux, ce dernier ouvre le cadeau et découvre une sphère rouge en forme de Père Noël qui l’attaque et le tue. Deux semaines après le drame, Sarah (Jane Higginson), la mère de Derek, essaie en vain de faire retrouver la parole au garçon qui, traumatisé, est devenu muet. Pour le distraire, elle l’emmène dans la boutique de jouets du vieux Joe Petto (les amateurs de Pinocchio apprécieront), en vain… À partir de là, les événements bizarres s’enchaînent. Il y a d’abord Pino (Brian Bremer), le fils de Petto, dont le comportement est franchement curieux. Il y a ensuite Noah (Tracy Fraim), cet homme mystérieux qui suit Sarah et Derek partout. Et puis, clou du spectacle, des jouets meurtriers débarquent régulièrement dans la maison de nos héros, avec pour cible manifeste ce pauvre Derek qui ne sait plus où donner de la tête.

Cadeaux empoisonnés

Les joujoux sanglants sont bien sûr l’attraction principale du film : le Père Noël sphérique aux dents acérées, la chenille en plastique aux mandibules tranchantes, un serpent en caoutchouc virulent, une main baladeuse assassine, une petite voiture équipée de scies circulaires, un tank et des petits soldats armés de munitions réelles… La plupart d’entre eux se déchaînent à l’occasion d’une scène de massacre dans une chambre à coucher qui n’est pas sans nous rappeler les délires de la saga Puppet Master. Fait surprenant : Neith Hunter et Conan Yuzna (le fils de Brian) reviennent faire de petites apparitions en reprenant le rôle qu’ils jouaient dans le film précédent, autrement dit la journaliste Kim et Lonnie, le fils de son ex-petit ami. Même Clint Howard revient brièvement jouer le vagabond Ricky (qui trépassait pourtant à la fin du quatrième Douce nuit sanglante nuit). Malgré de furtives allusions aux événements survenus l’année précédente (« Si je te disais ce par quoi je suis passée, tu n’y croirais pas », dit Kim à Sarah), la présence de ces personnages sert moins à créer une quelconque continuité narrative avec le quatrième épisode qu’à adresser des clins d’œil aux spectateurs. Brian Yuzna s’amuse d’ailleurs à distiller quelques références ici et là, la plus invraisemblable étant cette gamine (jouée par sa propre fille) qui demande au père Noël de lui apporter la cassette vidéo de Re-Animator 2 ! Avec ses jouets assassins, ses retournements de situation et son coup de théâtre final invraisemblable (il faut le voir pour le croire !), Douce nuit sanglante nuit 5 achève sur une note joyeusement exubérante cette saga inégale.

 

© Gilles Penso


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