DOUCE NUIT SANGLANTE NUIT : COMA DÉPASSÉ (1989)

Plongé dans le coma, le tueur du film précédent entre en contact avec une jeune médium aveugle qui l’aperçoit dans ses cauchemars…

SILENT NIGHT DEADLY NIGHT 3 : BETTER WATCH OUT!

 

1989 – USA

 

Réalisé par Monte Hellman

 

Avec Bill Moseley, Richard Beymer, Samantha Scully, Eric Da Re, Laura Harring, Robert Culp, Elizabeth Hoffman, Richard C. Adams, Melissa Hellman

 

THEMA TUEURS I SAGA DOUCE NUIT SANGLANTE NUIT

Ancien poulain de Roger Corman, Monte Hellman a notamment réalisé pour son compte La Bête de la caverne hantée et L’Halluciné (un film patchwork co-dirigé officieusement par Corman, Jack Hill, Francis Ford Coppola et Jack Nicholson !). Après deux décennies de séries B habilement ficelées, le producteur Arthur Gorson propose à Hellman de diriger la deuxième suite de Douce nuit sanglante nuit. Peu convaincu par le scénario co-écrit par Gorson et S.J. Smith, le cinéaste propose de le réécrire avec l’aide de Rex Werner, de Steven Gaydos et de sa propre fille Melissa Hellman. Le premier script rejeté ne sera pas totalement abandonné, puisqu’il servira de base au film suivant, Douce nuit sanglante nuit : l’initiation. Ces nombreuses réécritures entraînent une mise en production précipitée. Le scénario final de Douce nuit sanglante nuit 3 est donc rédigé en mars 1989, le tournage s’achève un mois plus tard, le montage est effectué en mai et le film projeté pour la première fois au mois de juillet. Hellman a l’habitude de ce rythme effréné, mais le résultat final en pâtit forcément. Car autant le dire tout de suite : ce Douce nuit sanglante nuit 3 (dont le sous-titre original, Better Watch Out, fait référence aux premières paroles du standard de Noël « Santa Claus is coming to town ») est terriblement bâclé. À ses côtés, le deuxième volet, pourtant pas un modèle d’excellence, passerait presque pour un chef d’œuvre, c’est dire !

La scène d’ouverture est déjà parfaitement improbable. La jeune Laura Anderson (Samantha Scully) se réveille dans une pièce immaculée, vient au chevet d’un homme dans le coma qui se réveille soudain, un scalpel à la main, et la pourchasse dans les couloirs. Paniquée, elle rencontre soudain le Père Noël, monte sur ses genoux et lui énonce la liste des cadeaux qu’elle voudrait (une poupée Barbie, une bicyclette, des chaussons de danse, une montre Mickey) mais s’interrompt lorsque le bon gros Santa brandit un couteau acéré dans sa direction. Elle hurle et se réveille en sursaut. C’était un cauchemar, bien sûr. Laura a des pouvoirs de medium, et le docteur Newbury (Richard Beymer, le Tony de West Side Story) souhaite les utiliser pour entrer en contact avec un homme dans le coma. Ce dernier n’est pas n’importe qui. Il s’agit de Ricky Caldwell, l’assassin qui sévissait dans Douce nuit sanglante nuit 2. La police l’avait abattu d’une myriade de coups de feu, mais il est toujours en vie, maintenu dans un sommeil artificiel grâce à un appareillage médical. Beymer en fait des tonnes dans le rôle de ce médecin obsédé par ses recherches (sourcils froncés, regards écarquillés, mâchoire crispée, voix sentencieuse). Au chevet de son patient comateux comme un docteur Frankenstein observerait sa créature, il dit pour lui-même : « Je veux pénétrer son subconscient, voir ce qu’il voit. » Au moment où Laura prend congé du docteur pour passer la soirée de Noël chez sa grand-mère, Rick sort du coma, tue deux ou trois personnes sur son chemin puis décide de la retrouver…

Les yeux de Laura

Les liens scénaristiques qui unissent ce film au précédent sont tellement ténus qu’on a du mal à les considérer comme faisant partie de la même franchise. Rick n’est d’ailleurs plus interprété par Eric Freeman (dont la prestation « over the top » en avait marqué plus d’un) mais par Bill Moseley, révélé dans Massacre à la tronçonneuse 2 et futur spécialiste du cinéma d’horreur (l’un des sommets de sa carrière future étant le diptyque La Maison des 1000 morts / The Devil’s Rejects). Ici, autant dire que Moseley n’a pas grand-chose à faire, à part déambuler comme un zombie avec un casque translucide sur la tête qui lui donne les allures d’un mutant échappé d’un film de Ed Wood. Entravé par des dialogues idiots (avec des pointes de vulgarité totalement hors-propos), des acteurs peu convaincants, d’interminables passages à vide (les discussions insipides entre le médecin et le policier), une désespérante absence de suspense, des meurtres banals et une intrigue dénuée de péripéties dignes de ce nom, Douce nuit sanglante nuit 3 est un ratage complet. Son visionnage est en soi une épreuve de force. Sorti directement en vidéo, il donnera pourtant suite à deux autres épisodes qui, pour leur part, ne chercheront pas à se raccorder aux films précédents.

 

© Gilles Penso


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