LE DERNIER SURVIVANT (1985)

L’un des tout premiers films de science-fiction de l’histoire du cinéma néo-zélandais raconte les errances du rescapé de la fin du monde…

THE QUIET EARTH

 

1985 – NOUVELLE-ZÉLANDE

 

Réalisé par Geoff Murphy

 

Avec Bruno Lawrence, Alison Routledge, Peter Smith, Norman Fletcher, Anzac Wallace, Tom Hyde

 

THEMA FUTUR I CATASTROPHES

Si à partir du milieu des années 70 l’Australie a largement prouvé ses affinités avec le cinéma de science-fiction, sa voisine la Nouvelle-Zélande avait encore du chemin à parcourir pour faire son trou dans ce domaine. En ce sens, Le Dernier survivant de Geoff Murphy fait un peu figure de pionnier. Le scénario de cette fable post-apocalyptique adapte librement le roman du même nom écrit par Craig Harrison et publié en 1981. Mais ça et là, on sent poindre d’autres sources d’inspiration. La plus manifeste est Le Monde, la chair et le diable de Ranald MacDougall, un classique du genre avec Harry Belafonte, Inger Stevens et Mel Ferrer. De nombreuses correspondances existent entre ces deux films qui semblent presque se répondre l’un l’autre. On pense aussi au pilote de La Quatrième dimension, « Where is everybody ? », un épisode mythique écrit par Rod Serling et réalisé par Robert Stevens dans lequel le monde entier semble s’être volatilisé sans explication à l’exception d’un seul survivant. Il est également difficile de ne pas songer à « Je suis une légende » de Richard Matheson qui, lui aussi, raconte la vie quotidienne du dernier rescapé de la fin du monde. Mais cet entrelacs d’influences n’empêche nullement Le Dernier survivant de posséder une personnalité propre et un style bien à part.

Nous sommes en Nouvelle-Zélande, près de la ville d’Hamilton, et rien ne semble distinguer la matinée du 5 juillet des autres. Mais à 6h12, le soleil s’assombrit un instant et une lumière rouge entourée d’obscurité est brièvement perceptible. En se réveillant ce jour-là, Zac Hobson (Bruno Lawrence), un scientifique employé par la société Delenco, voit bien que quelque chose cloche. Lorsqu’il allume la radio, il ne reçoit aucune transmission. En prenant sa voiture, il découvre que la ville est totalement déserte. Lorsqu’il tombe nez à nez avec l’épave en flammes d’un avion de ligne qui s’est écrasé, c’est pour constater qu’il n’y a aucun corps et que les sièges sont vides. Il lui faut bientôt se rendre à l’évidence : toute vie humaine semble avoir disparu de la planète dont il est peut-être le seul survivant ! Cette catastrophe – « l’effet », comme il l’appelle – est probablement due à l’opération Flashlight, un programme scientifique top secret auquel il a participé. L’objectif consistait à créer un flux énergétique entourant la planète, pour permettre par exemple aux avions de voler sans carburant. « La structure de l’univers a non seulement changé, mais est aussi hautement instable » finit-il par constater. Errant dans les vestiges de la civilisation, Zac développe un sentiment croissant de culpabilité, jusqu’à ce qu’il rencontre un couple d’autres survivants, Joanne (Alison Routledge) et Api (Peter Smith).

Le président de la « Terre tranquille »

L’impact du film repose beaucoup sur l’interprétation de Bruno Lawrence. Lorsqu’il découvre un monde sans humains, ses réactions sont d’abord étranges. Son visage semble en effet traduire l’embarras, plus que la surprise ou l’épouvante. Ces indices avant-coureurs laissent comprendre qu’il est directement lié à l’anéantissement de la race humaine, ce que confirmera la suite du scénario. Le voir errer en nuisette dans un stade de football vide permet de mesurer le degré de sa folie et le désespoir de sa situation. De fait, il passe par plusieurs états au cours de sa « condamnation à survivre » : les envies de suicide, la lucidité méthodique, l’euphorie, l’angoisse, la mégalomanie… En émule du Robert Neville de « Je suis une légende » devenu le dernier représentant d’une espèce désormais légendaire, Zac s’autoproclame même « président de la Terre tranquille » (la « Quiet Earth » du titre original) avant de découvrir qu’il n’est pas seul et que la dynamique du Monde, la chair et le diable (mais aussi du « Huis-clos » de Jean-Paul Sartre) ne se mette en place. Fascinant, Le Dernier survivant s’achève sur une image de science-fiction pure digne de la couverture d’un roman pulp des années 50. Au détour du générique, on note le nom du premier assistant réalisateur du film :  Lee Tamahori, futur réalisateur de L’Âme des guerriers, À couteaux tirés et Meurs un autre jour.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article