FINCH (2021)

Tom Hanks est l’un des derniers survivants de l’apocalypse, sillonnant une terre désertée avec un chien et un robot de son invention…

FINCH

 

2021 – USA

 

Réalisé par Miguel Sapochnik

 

Avec Tom Hanks, Caleb Landry Jones

 

THEMA FUTUR I ROBOTS

C’est d’abord sous le titre énigmatique de Bios que ce projet a commencé à faire le tour des studios. Les deux auteurs du scénario sont Craig Luck et Ivor Powell. Le premier est surtout connu pour ses travaux de technicien de l’image sur des films tels qu’Annihilation, Solo ou Doctor Strange, le second pour avoir participé à la production des premiers longs-métrages de Ridley Scott (Les Duellistes, Alien, Blade Runner). Ce script attire beaucoup de monde et c’est finalement Amblin Entertainment, la compagnie de Steven Spielberg, qui en acquiert les droits, Robert Zemeckis assurant le rôle de producteur exécutif. La double présence de Spielberg et Zemeckis en coulisses n’est sans doute pas étrangère à celle de leur acteur fétiche Tom Hanks en tête d’affiche, au sein d’un récit futuriste dont la mise en scène est finalement confiée à Miguel Sapochnik (Repo Men). Tourné au Nouveau-Mexique en 2019, le film est rebaptisé Finch et s’apprête à sortir en salles en octobre 2020. Mais la pandémie du Covid-19 survient sans crier gare, entrant bizarrement en correspondance avec le propos alarmiste du long-métrage (où il est question justement de catastrophe planétaire, de maladie et de confinement). Le distributeur Universal Pictures doit donc renoncer à une exploitation au cinéma. Finch sera finalement diffusé sur la plateforme Apple TV en novembre 2021.

Quinze ans après la gigantesque éruption solaire qui a détruit la couche d’ozone, la Terre n’est plus qu’un désert brûlant et hostile régulièrement ravagé par des phénomènes météorologiques violents. Finch Weinberg, ingénieur en robotique, est l’un des rares survivants du cataclysme. Isolé avec son chien Goodyear et son petit robot roulant Dewey dans un laboratoire de Saint-Louis qui appartenait à la société qui l’employait, il sillonne les alentours à bord de son camping-car spécialement customisé pour récupérer les quelques vivres encore disponibles dans le vaste dépotoir qu’est devenue la cité, engoncé dans une combinaison qui le protège des UV et des radiations. Le reste du temps, il s’affaire à son grand projet : la construction d’un robot humanoïde intelligent qui pourrait lui tenir compagnie et s’occuper de son chien en cas de malheur. Lorsqu’une monstrueuse tempête menace de dévaster leur repère, les membres de cette étrange « famille » humaine, canine et robotique, décident de prendre la route sans plus tarder…

Les rescapés de la fin du monde

Après des prémisses évoquant bon nombre de films post-apocalyptiques ayant déjà détaillé par le passé la difficile survie des rescapés de la fin du monde, Finch prend la tournure d’un road movie mélancolique au cours duquel la machine conçue par notre héros développe son apprentissage de la vie… tout en manifestant l’éveil d’une sorte de conscience. Craig Luck et Ivor Powell ont manifestement écrit leur script sous influence. L’incontournable Isaac Asimov est convoqué dès l’édiction des règles régissant le futur comportement de l’androïde. Silent Running, le space opera écologique de Douglas Trumbull, nous vient aussi à l’esprit, les deux films ayant en commun un homme solitaire se liant d’affection pour des robots humanisés. Rien n’empêche par ailleurs de voir chez Finch une relecture moderne de Gepetto. Ironiquement, Tom Hanks incarnera le fameux marionnettiste dans le Pinocchio que réalisera Robert Zemeckis l’année suivante. La prestation de Hanks est de toute évidence l’un des points forts de Finch, tout comme celle de Caleb Landry Jones qui prête sa voix et sa performance physique au robot vedette. Les effets visuels se révèlent d’ailleurs remarquables de réalisme. Le film a donc tout pour plaire, assumant la simplicité de son propos et une émotion à fleur de peau. Mais ce parti pris fixe aussi ses propres limites, dans la mesure où le scénario s’avère linéaire et prévisible. Sans doute manque-t-il à cette histoire un final digne de ce nom remettant en perspective la misanthropie du protagoniste. Un dernier acte abondant dans ce sens fut d’ailleurs tourné par Miguel Sapochnik puis finalement abandonné au profit d’une résolution plus minimaliste.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article