MOON KNIGHT (2022)

Oscar Isaac incarne les deux facettes d’un super-héros atypique dont les origines trouvent leurs racines dans la mythologie égyptienne…

MOON KNIGHT

 

2022 – USA

 

Créée par Jeremy Slater

 

Avec Oscar Isaac, May Calamawy, Karim El Hakim, F. Murray Abraham, Ethan Hawke, Ann Akinjirin, David Ganly, Khalid Abdalla, Gaspard Ulliel

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA MARVEL CINEMATIC UNIVERSE

C’est en 1975 que les lecteurs des comic books Marvel découvrent Moon Knight (« Le Chevalier de la Lune » dans les premières traductions françaises), sous la plume de Doug Moench et le crayon de Don Perlin. D’abord personnage secondaire d’une aventure de « Werewolf by Night », ce super-mercenaire sous haute influence de Batman est suffisamment populaire pour avoir droit à sa propre série en 1980, à l’occasion de laquelle ses origines (jugées un peu trop « triviales ») sont entièrement réécrites. Son passage à l’écran est envisagé dans la seconde saison de Blade, en tant que guest-star partageant momentanément l’affiche avec le chasseur de vampires incarné par Sticky Fingaz. Mais la série est annulée en septembre 2006. Le « Chevalier de la Lune » va donc devoir attendre la création du Marvel Studio et le lancement des mini-séries destinées à la plateforme Disney + pour enfin faire ses premiers pas à la télévision. C’est Jeremy Slater, créateur des séries L’Exorciste et Umbrella Academy, qui est chargé de développer Moon Knight, la réalisation étant confiée à Mohamed Diab (Les Femmes du bus 678, Clash, Amira) et aux duettistes Justin Benson et Aaron Moorhead (déjà à l’œuvre sur Loki). Quant au rôle principal, il est confié à Oscar Isaac, déjà familier avec l’univers Marvel puisqu’il joue le super-vilain de X-Men Apocalypse et prête sa voix à Miguel O’Hara dans Spider-Man New Generation et ses suites.

Isaac incarne Steven Grant, modeste employé d’une boutique de souvenirs au British Museum de Londres. Passionné par l’Égypte ancienne, cet homme réservé et maladroit est souvent victime de trous de mémoire qui le plongent dans des situations embarrassantes. Il n’est pas rare qu’il se réveille dans des endroits totalement inconnus sans savoir ce qu’il a fait au cours des dernières heures. Serait-il victime de crises de somnambulisme ? À moins que la schizophrénie ne le guette, ce que laisse imaginer cette voix mystérieuse qui résonne parfois dans sa tête. En réalité, Steven souffre d’un trouble dissociatif de l’identité. Sa seconde personnalité est Marc Spector, un mercenaire américain embarqué dans une mission compliquée qui implique les dieux égyptiens. Partageant malgré eux le même corps, Steven et Marc vont devoir collaborer pour affronter l’inquiétant Arthur Harrow (Ethan Hawke), épauler l’intrépide Layla El-Faouly (May Calamawy) et maîtriser les super-pouvoirs dont les dote Khonshu, le dieu de la Lune…

Le Chevalier de la Lune

Habitué aux grands écarts artistiques, aux métamorphoses et aux registres extrêmement variés, Oscar Isaac semblait taillé sur mesure pour incarner un homme aux personnalités multiples. L’acteur accentue la différence en dotant Steven d’un accent anglais volontairement excessif et d’une affectation qui contraste avec la rigidité et la détermination de Marc. La mise en scène joue habilement avec les reflets (dans les miroirs, dans l’eau, dans les surfaces brillantes) pour permettre aux deux personnages de dialoguer entre eux. Les séquences d’archéologie au fin fond de sites égyptiens souterrains évoquent bien sûr Les Aventuriers de l’arche perdue et, par rebond, La Momie de Stephen Sommers. May Calamawy n’est d’ailleurs pas sans nous rappeler Rachel Weisz avec qui elle présente une certaine ressemblance. La série déborde donc d’idées originales, de rebondissements surprenants, de créatures mythologiques (parmi lesquelles un chacal monstrueux, mélange du chien de la terreur de S.O.S. fantômes et de la créature hybride de Lectures diaboliques) et de personnages colorés (l’antagoniste illuminé campé par Ethan Hawke, le trafiquant véreux que joue Gaspar Ulliel). Revers de la médaille, ce foisonnement a tendance à éparpiller les enjeux de la série dont l’intrigue part un peu dans tous les sens. Une narration plus resserrée aurait sans doute offert à Moon Knight la possibilité de dépasser son simple statut de série sympathique et divertissante pour lui permettre de marquer plus durablement les esprits.

 

© Gilles Penso


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