LOKI (2021-2023)

Le demi-frère de Thor a droit à sa propre série TV et s’embarque dans une odyssée vertigineuse à travers les univers parallèles…

LOKI

 

2021/2023 – USA

 

Créée par Michael Waldron

 

Avec Tom Hiddleston, Sophia Di Martino, Owen Wilson, Gubu Mbatha-Raw, Wunmi Mosaku, Eugene Cordero, Tara Strong, Sasha Lane, Jack Veal, DeObia Oparel

 

THEMA SUPER-HÉROS I VOYAGES DANS LE TEMPS I MONDES VIRTUELS ET MONDES PARALLÈLES I SAGA MARVEL CINEMATIC UNIVERSE

Les séries Marvel se suivent mais ne se ressemblent pas. Après les mondes virtuels télévisuels créés par la sorcière rouge dans WandaVision et les luttes anti-terroristes musclées de Falcon et le Soldat de l’hiver, place aux facéties surnaturelles du frère turbulent de Thor. L’idée reste toujours de donner la vedette aux « seconds rôles » de l’univers Marvel en leur offrant à chaque fois un récit taillé sur mesure. Alors qu’il vient de voler le Tesseract pendant les événements décrits dans Avengers Endgame, Loki s’échappe en tout début de série mais tombe immédiatement sous la coupe du TVA : Time Variance Authority en anglais, Tribunal des Variations Anachroniques en français, donc rien à voir bien sûr avec notre taxe sur la valeur ajoutée. Il s’agit d’une organisation qui existe hors des limites de l’espace-temps et surveille de près les perturbations de la ligne temporelle. Le prologue de la série nous transporte ainsi dans une bureaucratie absurde et rétro-futuriste digne de Terry Gilliam. Un dessin animé didactique (mélange de celui de Jurassic Park et des croquis de Doc Brown dans Retour vers le futur 2) mettant en vedette une montre parlante nous permet de comprendre à quoi nous avons affaire. Dès qu’un individu s’éloigne de sa ligne de temps, il se mue en variant et bouleverse le continuum spatio-temporel. Les agents du TVA interviennent alors.

Le dieu de la malice qui vient d’être appréhendé est donc un variant que le Tribunal des Variations Anachroniques a décidé d’effacer de l’existence. Mais un autre variant est en train de voyager dans le temps en semant la mort et la désolation. Notre Loki alternatif se voit donc offrir une seconde chance, à condition qu’il pourchasse et capture ce criminel insaisissable. Il semble être le choix idéal pour cette mission, dans la mesure où le variant hors-la-loi se révèle être une autre version de lui-même ! Voilà qui s’annonce prometteur et pour le moins original. Encore faut-il adhérer à ce concept scénaristique farfelu et aux innombrables règles qui le régissent, édictées méthodiquement tout au long de la série à l’attention de Loki (et par rebond aux téléspectateurs bien sûr). Généralement, ce type d’exposition à rallonge n’est pas bon signe, signe que les scénaristes sont contraints de détailler par le menu leurs mécanismes narratifs de peur qu’ils ne soient pas assez limpides. La série s’efforce certes de nous distraire, de nous amuser, de nous surprendre, de nous émouvoir même parfois, mais comment se laisser captiver par ce récit sans queue ni tête qui ne cesse de se remettre en question pour l’amour du coup de théâtre et du retournement de situation ?

Avec ou sans TVA ?

Il y avait pourtant une intrigue passionnante à bâtir autour du destin, du choix et du libre-arbitre, mais ces thèmes ne sont que survolés au hasard d’une poignée de répliques distraitement échangées par les personnages. Les choses s’améliorent avec la seconde saison, en grande partie grâce à l’arrivée des réalisateurs Aaron Moorhead et Justin Benson qui, malgré la grosse machinerie Disney/Marvel, parviennent à imposer leur style personnel en jouant avec les paradoxes temporels déjà au cœur de plusieurs de leurs propres films (Resolution, The Endless, Synchronic). Sous leur impulsion, le suspense, l’action et l’humour s’équilibrent mieux, sans pour autant sauver totalement les meubles, malgré la présence toujours très réjouissante de Ke Huy Quan et malgré le concours de cabotinage amusant dans lequel ne cessent de lancer Tom Hiddleston et Owen Wilson. Le problème majeur de Loki est le manque de tangibilité de ses enjeux dramatiques. L’existence même du monde tel que nous le connaissons est menacée, mais puisque tout semble pouvoir se faire et se défaire, à quoi bon s’inquiéter ? La série s’entache aussi de quelques choix douteux, comme ce placement de produit insistant qui donne parfois le sentiment que les épisodes sont des spots de pub géants pour McDonald’s !

 

© Gilles Penso


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