L’ÉNIGME DU SPHINX (2008)

Un couple d’aventuriers improbables se met en quête de pierres magiques et fait face à un redoutable monstre volant…

RIDDLES OF THE SPHINX

 

2008 – USA

 

Réalisé par George Mendeluk

 

Avec Dina Meyer, Lochlyn Munro, Mackenzie Gray, Donnelly Rhodes, Caity Babcock, Donovan Cerminara, Emily Tenant

 

THEMA MYTHOLOGIE

Des « creature features » de piètre qualité, il en existe des tonnes, et c’est souvent avec un plaisir coupable que l’on découvre ces productions fauchées aux scénarios anémiques et aux monstres féroces auxquels de médiocres images de synthèse s’efforcent de donner vie. Mais dans le domaine du grotesque, L’Énigme du Sphinx place la barre assez haut. Il est d’ailleurs difficile d’imaginer que les auteurs se soient totalement pris au sérieux en imaginant cette improbable « épopée » mythologique. Qu’on en juge : un timide professeur d’histoire qui adopte la panoplie complète d’Indiana Jones (Lochlyn Scary Movie Munro, parfaitement insipide) et une belle employée du gouvernement qui se prend pour Lara Croft (Dina Starship Troopers Meyer, qu’on regrette de voir tomber si bas) parcourent les quatre coins du monde à bord d’un jet, flanqués de leur supérieur taciturne et d’une adolescente qui sait tout grâce à sa console portable. Leur mission : rapporter un certain nombre de pierres magiques avant qu’une redoutable épidémie ne s’abatte sur l’humanité.

Quant au Sphinx du titre, il s’agit d’une espèce de démon au corps de lion et aux ailes de rapace qui pousse de vilains grognements, traverse les cieux, étripe les humains qui passent à portée à coups de griffes, puis se transforme régulièrement en catcheur grimaçant. La logique de sa présence dans l’intrigue, tout comme l’intérêt scénaristique de ses exactions, nous échappent quelque peu. Pas moins de trois scénaristes unirent pourtant leurs efforts pour concocter cette « chose » : Brook Durham et Kevin Leeson (à qui nous devons le peu glorieux Odysseus : Voyage au cœur des ténèbres) et le nouveau venu Jacob Eskander, le trio s’emmêlant les pinceaux en mixant à la va vite les mythes grecs et égyptiens en un curieux imbroglio. Et c’est d’ailleurs Ian Cumming (le même Odysseus, ainsi que Mammouth et quelques épisodes d’Alias et Lost) qui est chargé ici de concevoir la créature vedette.

Un mythe tout mité

Plutôt réussie au regard du budget du film (deux millions de dollars), la bébête n’a hélas pas grand-chose à voir avec son modèle antique, qui poussait les hommes dans leurs retranchements en les soumettant à des « devinettes » souvent insolubles. Ici, le Sphinx se contente de tout détruire sur son passage et ne constitue finalement qu’une menace physique (avec au passage quelques écarts gore furtifs mais surprenants), les énigmes étant maladroitement disséminées sous forme de pièges que nos héros doivent franchir au péril de leur vie. Les dialogues se surchargent de références historiques et symboliques assénées sous forme d’interminables monologues, comme si les protagonistes se croyaient dans une variante du Da Vinci Code. Pour pimenter quelque peu les choses, un traître se glisse sournoisement dans le récit. Mais étant donné que son identité se devine en quelques minutes, c’est un doux euphémisme d’affirmer que le piment manque de piquant. Un climax d’une grande absurdité parachève le massacre. Finalement, L’Énigme du Sphinx réside dans les raisons qui ont poussé les producteurs à investir dans un tel projet…

 

© Gilles Penso


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