TERREUR.COM (2002)

Après la cassette vidéo infernale de Ring, place au site internet qui tue ! Une idée un peu absurde qui ne donne rien de très convaincant…

FEARDOTCOM

 

2002 – USA

 

Réalisé par William Malone

 

Avec Stephen Dorff, Natascha McElhone, Stephen Rea, Udo Kier, Amelia Curtis, Jeffrey Combs, Nigel Terry

 

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX

Le succès de Ring ne pouvait laisser Hollywood indifférent, et après les suites et remakes officiels, les imitations ont inévitablement commencé à montrer le bout de leur nez. Terreur.com est sans doute l’un des moins subtils rejetons du film de Hideo Nakata. Le principe est d’une simplicité confondante : reprenons la même histoire, substituons à la cassette vidéo un site Internet et remplaçons la journaliste et son ex-petit ami par une employée du service de l’hygiène et un policier. Point à la ligne. À la décharge de William Malone, le scénario qu’on lui propose comporte beaucoup de maladresse qu’il compte affiner au cours de sessions de réécriture que la production lui promet. « On m’a soumis le scénario, que je n’aimais pas particulièrement, mais j’ai pensé que l’idée en valait la peine », raconte-t-il. « J’ai pensé qu’il était possible d’en faire un film cool et bizarre » (1). Mais le temps de préparation est sensiblement écourté, notamment à cause d’une grève à Hollywood qui menace d’éclater à tout moment et de mettre en péril l’entreprise. « Je me suis donc demandé s’il fallait que je quitte le film, faute de pouvoir le préparer correctement, ou s’il fallait continuer coûte que coûte pour ne pas laisser l’équipe en plan », poursuit Malone (2). C’est la deuxième option qu’il choisit, pour le meilleur… et surtout pour le pire.

Tout commence lorsque Mike Reilly (Stephen Dorff), inspecteur de la police de New York, est appelé sur les lieux d’une mort mystérieuse dans le métro. La victime, Polidori, présente des saignements des yeux et d’autres orifices et, d’après l’expression figée de son visage, semble avoir vu quelque chose d’horrible avant d’être percuté par un train. Terry Huston (Natascha McElhone), chercheuse au ministère de la santé, est également intriguée par cette découverte, en particulier lorsque plusieurs autres victimes se présentent avec des symptômes identiques. L’hypothèse d’un virus ayant été éliminée, Mike et Terry décident de faire équipe pour en savoir plus. À partir de là, la mayonnaise ne prend plus du tout. Car le scénario s’emmêle alors les pinceaux en essayant maladroitement de mélanger deux idées. D’un côté, nous avons cette jeune femme victime d’un tueur fou qui a le pouvoir de propager la mort à travers le site « terreur.com » pour se venger de manière posthume. De l’autre, le film s’intéresse aux agissements actuels du même tueur, en réalité un docteur adepte de la torture et du scalpel, connecté lui aussi au site en question…

Le site maudit

Comme il le fit dans La Maison de l’horreur, Malone s’amuse à truffer son montage de mini-clips accélérés d’images effrayantes et bizarres, mais le résultat escompté n’est pas atteint : Terreur.com ne fait pas peur, à l’exception peut-être de cette séquence éprouvante dans laquelle une victime est attaquée chez elle par une horde d’énormes cafards. Car ceux qui ont le malheur de se connecter au site maudit voient leurs phobies prendre corps et sont hantés par le fantôme d’une petite fille jouant avec un ballon blanc, que le film emprunte sans vergogne à Opération peur de Mario Bava. Bref, ici le recyclage est roi et la surprise n’a pas droit de cité. Ainsi, lorsque l’héroïne retrouve le cadavre de la jeune fille sous les eaux pour briser la malédiction, ou lorsqu’elle comprend que ceux qui se sont connectés au site n’ont plus que 48 heures à vivre parce que la fille en question a été torturée pendant deux jours, le pillage de Ring est tellement explicite qu’il en devient grossier. Restent une mise en scène très soignée et une interprétation plutôt convaincante de Natasha McElhone et Stephen Dorff. Mais c’est un peu maigre pour sauver le film. Terreur.com n’ayant pas eu le succès escompté William Malone aura beaucoup de mal à remettre sur pied un long-métrage par la suite. Il dirigera Parasomnia en 2008 puis mettra fin à sa carrière de réalisateur.

 

(1) et (2) Extraits d’une interview publiée dans « JoBlo » en 2009

 

© Gilles Penso


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