Des vampires et des goules surgissent dans ce film à sketches qui donne la vedette à Vincent Price, John Carradine et Donald Pleasence…
THE MONSTER CLUB
1981 – GB
Réalisé par Roy Ward Baker
Avec Vincent Price, John Carradine, Donald Pleasence, Anthony Steel, Barbara Kellerman, Simon Ward, Britt Ekland, Stuart Whitman, Richard Johnson
THEMA VAMPIRES
Le Club des monstres est l’occasion pour le producteur Milton Subotsky d’adapter un roman de R. Chetwynd-Hayes, dont il porta plusieurs nouvelles à l’écran à l’occasion de Frissons d’outre-tombe. C’est aussi un moyen pour lui de renouer un peu tardivement avec l’un des genres narratifs favoris de la firme Amicus dont il fut le cofondateur avec Max J. Rosenberg : le film à sketches. Son envie initiale est de réunir six des plus grandes stars masculines de l’horreur dans le même film : Vincent Price, Donald Pleasence, John Carradine, Peter Cushing, Christopher Lee et Klaus Kinski. Finalement, seuls les trois premiers répondent à l’appel, les autres passant leur tour pour des raisons diverses. L’introduction, la conclusion et les transitions de ce film anthologique sont assurées par Price et Carradine. Incarnant respectivement le vieux vampire Erasmus et l’écrivain spécialisé dans l’épouvante Chetwynd Hayes (donc le véritable auteur ayant inspiré le scénario), ils bavardent tous deux autour d’une table en forme de cercueil dans le « Club des Monstres ». Ce lieu, qu’on eut souhaité plus visuellement inventif, est une espèce de night-club où se dandinent des figurants masqués et où des groupes de pop/rock chevelus vocifèrent d’insupportables chansons que le réalisateur Roy Ward Baker nous inflige hélas en intégralité.
Le premier des trois récits du Club des monstres est une fable triste et morale qui s’intéresse à une cupide jeune femme (Barbara Kellerman), poussée par son fiancé (Simon Ward) à s’approprier la riche collection d’un Shadmock, un être singulier qui carbonise tout ce qui le contrarie. La seconde histoire aborde le vampirisme avec humour, puisqu’elle s’intéresse à un chasseur de suceurs de sang qui a pour métier d’enfoncer dans le cœur de ses victimes le pieu fatidique. Mais seul le dénouement de ce sketch, aidé par la prestation de Donald Pleasence, vaut vraiment le coup d’œil. Dans le troisième et dernier segment, un cinéaste, effectuant les repérages de son prochain film, tombe sur un village hanté par des goules. Ce récit est sans doute le plus réussi des trois, servi par le jeu très convaincant de Stuart Whitman. On regrette en revanche l’affreuse musique synthétique composée par Alan Hawkshaw, qui dénote par rapport aux partitions très belles – bien qu’un peu envahissantes – des deux premiers sketches signées Douglas Gamley et John Georgiadis.
Strip-tease intégral
Le Club des monstres nous laisse donc une impression mitigée pas vraiment à la hauteur du talent de Roy Ward Baker, qui nous offrit par le passé des films de la trempe de The Vampire Lovers, Les Monstres de l’espace ou Docteur Jekyll et Sister Hyde. L’image de Vincent Price et John Carradine qui, au cours du final, se trémoussent sur la piste de danse, pourra au choix faire sourire ou susciter une gêne irrépressible. Nous sommes de toute évidence à la fin d’un certain âge d’or du cinéma fantastique britannique que plus personne – ni les acteurs, ni le réalisateur, ni le producteur, ni les scénaristes – ne sait trop comment gérer. D’où le sentiment d’un film un peu dépassé par son époque, dont la meilleure idée visuelle est peut-être celle du strip-tease intégral d’une danseuse qui termine son show sous forme de squelette, le tout en ombres chinoises animées. Une image finale certes anecdotique mais d’une jolie poésie macabre. Succès très modéré en salles, Le Club des monstres aura plus de chance lors de sa distribution en vidéo. Depuis, certains produits dérivés créés à l’époque en série limitée (l’adaptation graphique, la bande originale, l’édition de poche du roman) s’arrachent à prix d’or chez les collectionneurs.
© Gilles Penso
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