ANTS – L’ATTAQUE DES FOURMIS TUEUSES (1977)

Un téléfilm très moyennement palpitant dans lequel des insectes mutent à cause de la pollution et se mettent à attaquer la population…

ANTS ! / IT HAPPENED AT LAKEWOOD MANOR

 

1977 – USA

 

Réalisé par Robert Scheerer

 

Avec Robert Foxworth, Lynda Day George, Gerard Gordon, Bernie Casey, Suzanne Somers, Myrna Loy, Barry Van Dyke, Karen Lamm, Anita Gillette, Steve Franken

 

THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS

À la fin des années 1970, les petits écrans américains se prennent de passion pour les petites créatures hostiles. Après avoir signé Quand les abeilles attaqueront en 1976, le scénariste Guerdon Trueblood enchaîne rapidement avec Ants ! – initialement titré It Happened at Lakewood Manor – pour le réseau ABC. Trueblood poursuivra d’ailleurs dans cette veine avec Tarantulas: cargo de la mort (1977). La réalisation est confiée à Robert Scheerer, vétéran de la télévision américaine. Le tournage, mené à un rythme soutenu pour coller aux contraintes télévisées, mobilise un casting solide : Robert Foxworth, Lynda Day George et Bernie Casey en sont les têtes d’affiche. Une autre actrice, pourtant secondaire au moment du tournage, va rapidement voler la vedette à tout le monde : Suzanne Somers. Terrifiée par les insectes, Somers doit surmonter sa phobie pour tourner des scènes entières recouverte de fourmis vivantes. Ce défi finira par devenir l’image iconique du film : lorsque Ants ! sort en vidéo, la jaquette met en avant une photo de l’actrice cernée d’insectes. Entre-temps, Vivre à trois, sitcom dans laquelle elle incarne Chrissy Snow, devient un succès fulgurant, et propulse Somers sur le devant de la scène. Lors de l’exploitation du film en vidéo, toute la communication est rajustée pour la mettre en tête d’affiche. En France, le film est d’abord diffusé sous le titre Les Fourmis, avant de ressortir en VHS dans les années 80 sous un nom plus percutant : Ants – L’attaque des fourmis tueuses.

Autour du paisible Lakewood Manor, une pension de famille en bord de mer, les fondations d’un projet immobilier vont bientôt réveiller un cauchemar. Tandis que Tony (Gerald Gordon) et Gloria (Suzanne Somers) tentent de convaincre la propriétaire de vendre pour y bâtir un complexe luxueux, un chantier voisin met au jour une colonie de fourmis, rendues anormalement agressives par une accumulation d’insecticides enfouis dans le sol. Rapidement, les incidents se multiplient : deux ouvriers sont retrouvés gravement intoxiqués après avoir été ensevelis sous un monticule de terre. Le contremaître Mike Carr (Robert Foxworth) et son collègue Vince (Bernie Casey) découvrent avec stupeur qu’ils présentent un taux de toxines inhabituellement élevé. Alors que l’un d’eux succombe, d’autres victimes suivent : un enfant échappe de peu à une attaque, un cuisinier est retrouvé mort dans sa cuisine, envahie par des fourmis surgies des canalisations. Alerté par cette série d’événements tragiques, Mike tente de convaincre les responsables de la menace grandissante. Mais son avertissement reste lettre morte, jusqu’à ce qu’il décide de détruire la fourmilière avec un bulldozer. L’effet est immédiat… et catastrophique : les millions d’insectes dérangés se ruent vers l’hôtel, piégeant ses occupants à l’intérieur.

À pas de fourmis

Produit typique de la vague des téléfilms catastrophes des années 70, Ants aligne tous les poncifs du genre sans jamais vraiment réussir à les transcender. Réalisé avec application mais sans inspiration, le film déroule cette invasion de fourmis tueuses avec une platitude désarmante, où ni l’urgence ni l’effroi ne parviennent à s’installer durablement. Les insectes, pourtant censés être au cœur de la menace, sont filmés sans panache, et sont remplacés dans les plans larges par une multitude de points noirs inertes qui n’entretiennent pas vraiment l’illusion. Le rythme, d’une lenteur presque soporifique, n’aide pas à faire monter la tension. Les protagonistes, réduits à des archétypes interchangeables, réagissent de manière si prévisible qu’on peine à s’inquiéter pour eux. Parmi les scènes réussies, on notera les pales d’un hélicoptère qui projettent dans des nuages de poussière une multitude de fourmis sur une foule affolée, ou encore le climax au cours duquel les héros sont assis, immobiles, respirant dans un tuyau et recouverts d’insectes en attendant les secours. Mais ces petites fulgurances ponctuelles ne suffisent pas à donner du mordant à cette série B trop sage, bien loin de la folie jubilatoire de L’Empire des fourmis géantes de Bert I. Gordon, sorti la même année.

 

© Gilles Penso

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