EVIL BONG (2006)

Quatre étudiants qui partagent un appartement désordonné font l’acquisition d’un bang supposément possédé par un démon…

EVIL BONG

 

2006 – USA

 

Réalisé par Charles Band

 

Avec David Weidoff, John Patrick Jordan, Mitch Eakins, Brian Lloyd, Robin Sydney, Kristyn Green, Tommy Chong, Michelle Mais, Jacob Witkin, Kristen Caldwell

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA CHARLES BAND

En 2006, Charles Band est en pleine effervescence. Producteur infatigable et patron de la mythique compagnie Full Moon, il enchaîne alors les projets avec une cadence frénétique. En quelques mois, il réalise et produit Decadent Evil, Doll Graveyard, The Gingerdead Man et Petrified. C’est dans cette dynamique d’hyperactivité créative que germe l’idée d’Evil Bong. « Je dînais avec mes deux fils cadets, Harlan et Zalman, et nous envisagerions l’idée d’un film sur la weed », raconte-t-il. « Je me suis dit : « Faisons un film loufoque dans lequel des jeunes héros défoncés trouvent un bang et se retrouvent propulsés à l’intérieur. Ce sera le prétexte pour faire des bêtises et montrer des filles à moitié nues“. » (1) Le tournage est expédié en sept jours chrono, dans un esprit aussi artisanal que déluré. Pour donner corps au projet, Band s’entoure de visages familiers. Derrière la caméra, Mac Ahlberg, légende discrète du cinéma de genre — on lui doit la photographie de Re-Animator et From Beyond — signe ici son dernier film avant de se retirer. Ahlberg, décédé en 2012 à 81 ans, laisse derrière lui un héritage visuel qui a marqué plusieurs générations de cinéphiles. Devant la caméra, Band décroche la participation de Tommy Chong, moitié du mythique duo Cheech & Chong, dont les films comme Up in Smoke ou Cheech and Chong’s Next Movie ont façonné toute une culture « stoner ».

L’intrigue d’Evil Bong nous est contée à travers les yeux d’Alistair McDowell, étudiant studieux et un brin naïf qui emménage en colocation avec trois étudiants paresseux et foutraques : Larnell, Bachman et Brett, adeptes de jeux vidéo, de fêtes bruyantes et de fumette en série. Un jour, Larnell tombe sur une étrange annonce : un bang à vendre, dont l’ancien propriétaire prétend qu’il est possédé. Intrigué, il n’hésite pas une seconde et passe la commande. L’objet maudit est livré, et le trio s’empresse de l’essayer, sous le regard dubitatif d’Alistair qui, en garçon sage, préfère s’abstenir. À peine la fumée s’élève que le bang s’anime et les aspire l’un après l’autre dans un monde parallèle, une simulation psychédélique prenant la forme d’un bar de strip-teaseuses. Là, des danseuses affriolantes leur offrent un dernier frisson avant de les massacrer, laissant derrière elles leurs cadavres inanimés dans le monde réel. Alors que les victimes s’enchaînent, piégées par l’attraction mortelle de ce bang démoniaque, Alistair décide de percer le secret de cette étrange relique pour mettre un terme à son influence maléfique…

Le monde est stone

Dès ses premières minutes, le film de Charles Band assume sa nature : une comédie potache confinée dans un unique décor de chambre en désordre. La mise en scène fonctionnelle s’assortit de petits jingles musicaux qui lui donnent des allures de sitcom pour ados. Le vrai coup de folie intervient lorsque le bang maléfique entre en scène. Projetés dans le « Bong World », les protagonistes croisent des strip-teaseuses arborant des soutien-gorge aux bonnets carnassiers : crânes, gueules de requins ou lèvres géantes prêtes à mordre. Le tout sur fond de répliques parfaitement absurdes, comme ce cri du cœur : « Nous sommes en Amérique, terre de la liberté d’être défoncé quand on le veut ! » En bonus pour les amateurs de l’univers Full Moon, la virée dans ce club surnaturel prend les allures d’une sorte de « multiverse » peuplé de plusieurs échappés des productions maison, comme la poupée guerrière Ooga Booga de Doll Graveyard (une version délurée adepte du joint et de la masturbation !), le Gingerdead Man, le Jack Deth de la saga Future Cop (Tim Thomerson, fidèle au poste), le chasseur de vampires de Decadent Evil (Phil Fondacaro) ou encore Bill Moseley reprenant son personnage Synthoid 2030. Totalement décomplexé, réalisé en roue libre par un Charles Band qui semble s’amuser comme un fou, Evil Bong sera le point de départ d’une saga aussi prolifique qu’improbable.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso

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