GINGERDEAD MAN 2 (2008)

Le bonhomme en pain d’épice psychopathe revient à la vie dans cette suite parodique qui permet à Charles Band de se moquer de lui-même…

GINGERDEAD MAN 2 : PASSION OF THE CRUST

 

2008 – USA

 

Réalisé par William Butler

 

Avec Kevan Moezzi, Kelsey Sanders, Joseph Porter, Frank Nicotero, Jon Southwell, Jacob Witkin, Michelle Bauer, Bruce Dent, Emily Button, Parker Young

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA CHARLES BAND I GINGERDEAD MAN

Scénariste du premier Gingerdead Man, William Butler se voit offrir par Charles Band l’opportunité de réaliser le second opus. Même s’il s’est éloigné entretemps des productions Full Moon pour développer avec un certain succès ses propres projets (les films d’horreur Madhouse et La Prison hantée, les scénarios des opus 4 et 5 de la franchise Le Retour des morts-vivants), Butler accepte sans hésiter. « Certains considéraient que ce retour chez Full Moon était une sorte de régression, mais pas moi », explique-t-il. « Si Charlie Band – qui m’a mis un toit sur la tête, m’a aidé à obtenir ma carte d’adhésion au syndicat des acteurs professionnels et m’a traité comme un roi pendant dix ans — me demande un projet, je le fais ! Je lui ai donc dit que j’étais partant, mais seulement s’il me laissait faire ce que je voulais, évidemment dans les limites du budget. Alors il m’a demandé ce que j’avais en tête, et j’ai dit que je voulais crucifier le Gingerdead Man. Sa réponse a été : “c’est du génie ! Fais-le !” » (1) Le prologue du film prend la forme d’un conte de fées déviant : un livre enchanté s’ouvre et la voix-off narre avec emphase les événements du premier film — l’histoire déjà absurde d’un tueur en série réincarné en bonhomme en pain d’épices. Une fois ce préambule expédié avec humour, le véritable spectacle peut commencer sur fond de « Run, Run, Run » d’Aimee-Lynn Chadwick, hymne rock qui accompagne une série d’affiches de faux nanars.

L’intrigue s’installe dans les studios Cheatum, autrefois fief du légendaire Rupert Cheatum, roi autoproclamé de la série B, aujourd’hui repris par son fils Kelvin, incarné par Kevan Moezzi. Ce dernier s’acharne à achever le tournage de Tiny Terrors 9 : Purgatory of the Petite, un film d’horreur fauché dans lequel une espèce de prêtre sataniste invoque cinq petits monstres, parmi lesquels un robot, un bébé monstre et une sorte de pénis monstrueux ! Au milieu des marionnettes défaillantes, des acteurs désabusés et des décors brinquebalants, nous voilà donc en pleine satire méta hilarante, dans laquelle Charles Band tourne littéralement sa propre carrière en dérision. Une bagarre éclate d’ailleurs sur le plateau à cause des conditions chiches dans lesquelles est réalisé ce film sur lequel quasiment personne n’est payé, tandis que le jeune producteur espère continuer à faire fructifier ses franchises et gagner de l’argent avec des jouets dérivés de ses films. C’est dans ce chaos que débarquent Tommy (Joseph Porter), un fan de cinéma en phase terminale, et son aide-soignante Heather (Kelsey Saunders), qui l’emmène visiter le studio. Or une assistante gironde (Michelle Bauer) vient apporter des biscuits pour toute l’équipe, y compris le Gingerdead Man qui, allez savoir pourquoi, a atterri dans sa boîte. Désireux d’intégrer un corps humain, le cookie diabolique se lance bientôt dans un rituel sanglant…

La dernière tentation du biscuit

« Gingerdead Man 2 aurait dû commencer par un avertissement du genre : “L’histoire que vous allez voir est inspirée de faits réels, seuls les noms ont été changés pour protéger les innocents” », raconte le créateur d’effets spéciaux Michael Deak. « Mis à part les marionnettes qui s’animent et les meurtres, c’est plus proche de la réalité que de la fiction. Certaines répliques viennent directement de notre expérience. » (2) Cette orientation autoparodique permet de varier les plaisirs sur un concept qui, dès le premier opus, semblait avoir déjà atteint ses propres limites. Le film bénéficie d’une mise en forme étonnamment soignée, et surtout du retour de Richard Band à la musique. Sa partition orchestrale et virevoltante confère une ampleur inattendue aux événements les plus absurdes. Autre retour bienvenu, celui de John Carl Buechler aux effets spéciaux – et devant la caméra cette fois, puisqu’il incarne le réalisateur dépassé de Tiny Terrors 9. Autour de lui, on retrouve plusieurs visages familiers du métier (Greg Nicotero, John Vulich, Michael Deak), venus jouer leur propre rôle. Même le réalisateur David DeCoteau passe une tête, introduit par un fan en ces termes : « Ses films sont connus pour leurs sensations fortes, leur concept d’horreur gothique originaux et leur homoérotisme subtil ! » Le « vrai » petit monstre se mêle aux « faux » – les marionnettes invraisemblables – dans un jeu de mise en abyme osé, tant le biscuit maléfique ressemble à ce qu’il est : un bout de caoutchouc sommairement animé par des techniciens hors champ. Les meurtres eux, versent dans le gore cartoonesque : œil pendouillant, fer à friser dans les fesses… jusqu’au moment où le cookie prend les commandes d’un robot pour attaquer ses victimes à coups de rayons laser ! Bref, c’est du grand n’importe quoi parfaitement assumé. Le climax achève de faire basculer le film dans le délire pur en parodiant La Passion du Christ de Mel Gibson, crucifixion et couronne d’épine à l’appui !

 

(1) et (2) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso

À découvrir dans le même genre…

 

Partagez cet article