

Un jeune homme découvre une technologie extra-terrestre, se transforme en super-héros cuirassé et affronte une horde de mutants monstrueux…
THE GUYVER
1991 – USA / JAPON
Réalisé par Screaming Mad George et Steve Wang
Avec Jack Armstrong, Mark Hamill, Vivian Wu, David Gale, Michael Berryman, Jimmie Walker, Peter Spellos, Spice Williams Crosby, Jeffrey Combs, Linnea Quigley
THEMA MUTATIONS I SUPER-HÉROS
Créé par Yoshiki Takaya, le manga Guyver fait ses premiers pas en 1985 dans les pages du magazine Shonen Captain et atteint rapidement un statut d’œuvre culte, mêlant allègrement le gore et la science-fiction autour des thèmes de la biotechnologie, de la mutation et des artefacts extra-terrestres. En 1989, une adaptation sous forme de série animée est confiée au réalisateur Kôichi Ishiguro. En faisant l’acquisition des droits cinématographiques du manga, le studio New Line souhaite de son côté se lancer dans un long-métrage en prises de vues réelles. Pour en créer les innombrables effets spéciaux, deux noms s’imposent : Screaming Mad George (Le Cauchemar de Freddy, Society, Re-Animator 2) et Steve Wang (Predator, Monster Squad, Gremlins 2). Les deux hommes, qui n’ont pas leur pareil pour concevoir des créatures délirantes et des séquences de métamorphoses mémorables, acceptent le défi et proposent d’assurer eux-mêmes la réalisation du film, avec la bénédiction de Brian Yuzna promu producteur du projet. Malgré le budget très raisonnable de 3 millions de dollars à leur disposition, les deux réalisateurs entendent bien en mettre plein la vue aux spectateurs. La série animée étant encore diffusée à l’époque de la mise en chantier du long-métrage, le film se veut différent. « La version animée est beaucoup plus sérieuse et destinée aux adultes », confirme George. « Elle contient beaucoup de violence et de sang. Lorsque nous avons commencé à développer le scénario, nous avons décidé de le destiner à un public plus large. » (1)


Le Dr Tetsu Segawa (Greg Paik), généticien pour la compagnie Chronos, prend la fuite après avoir volé un artefact extraterrestre : le Guyver, qu’il décrit comme « la technologie la plus dangereuse depuis la bombe atomique ». Mais il est rapidement rattrapé par Lisker (ce bon vieux Michael Berryman, échappé de La Colline a des yeux), bras droit du président de Chronos, Fulton Balcus (David Gale, le grand méchant de Re-Animator). Aussitôt, Lisker se transforme en Zoanoïde — un humain génétiquement modifié — et abat Segawa, qui vient lui aussi de révéler sa nature de Zoanoïde. Mais lorsqu’il remet la mallette à son patron, Lisker découvre qu’elle ne contient qu’un grille-pain : Segawa avait en effet dissimulé le Guyver dans une décharge avant d’être capturé. Or Sean Barker (Jack Armstrong), petit ami de la fille de Segawa, Mizuki (Vivian Wu), découvre par hasard l’unité Guyver sur les lieux du crime. Il la glisse dans son sac à dos sans se douter de ce qu’elle renferme. Plus tard, son scooter tombe en panne dans une ruelle où un gang l’agresse. L’unité s’active soudainement et fusionne avec Sean, qui se transforme en une redoutable machine de combat. Sous l’armure du Guyver, il élimine ses agresseurs avec une puissance surhumaine. Ce sera désormais lui, le seul rempart possible contre la menace que fait peser sur le monde le vil Balcus…
Moitié homme moitié robot
Aujourd’hui, Mutronics (« traduction » française de Guyver) est généralement considéré comme un nanar sympathique et caoutchouteux. Certes, nous sommes loin du chef d’œuvre. Pour autant, comment ne pas s’enthousiasmer face à cette profusion non-stop d’effets spéciaux « old school » tous plus excessifs les uns que les autres ? Entremêlant les morphologies des humains, des poissons, des reptiles, des rapaces, des éléphants, des dinosaures, des gorilles, des boucs et même des Gremlins, les mutants qui se déchaînent dans le film sont un régal pour les amateurs de monstres en latex. Tout comme le « metal hero » qui s’oppose à eux, dans une armure ma foi très seyante. Les scènes de métamorphoses impensables abondent, avec au moment du climax le surgissement d’un affreux homme-insecte (qui nous rappelle l’une des scènes les plus folles du Cauchemar de Freddy) puis d’un mutant dragon géant ! Les combats eux-mêmes sont amusants mais – avouons-le – pas beaucoup plus excitants que ceux d’un épisode de X-Or ou des Power Rangers. Les acteurs costumés gesticulent donc maladroitement, sautent dans les airs et se collent des mandales. Si David Gale et Michael Berryman sont de savoureux super-vilains cartoonesques, et si Jeffrey Combs nous offre une petite apparition réjouissante en docteur East (clin d’œil manifeste à Herbert West), Mark Hamill joue un agent de la CIA sans beaucoup de conviction, Vivian Wu n’a pas grand-chose à défendre et Jack Armstrong campe un héros très insipide. Mutronics n’est pas non plus aidé par ses traits d’humour balourds. Le film aura tout de même droit à une suite en 1994, Guyver : La Sentinelle de l’ombre.
(1) Extrait d’une interview publiée dans Cinefantastique en février 1992
© Gilles Penso
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