GINGERDEAD MAN 3 (2011)

Le biscuit démoniaque remonte le temps jusqu’en 1976 où il atterrit dans un concours de danse disco qui se transforme en remake de Carrie

GINGERDEAD MAN 3 : SATURDAY NIGHT CLEAVER

 

2011 – USA

 

Réalisé par William Butler

 

Avec Paris Wagner, Jackie Beat, Steve-Michael McLure, Kimberly Dawn Guerrero, Selene Luna, Jacqueline Fae, Jonny Jay, Laura Kachergus, Jean Louise O’Sullivan

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA GINGERDEAD MAN I CHARLES BAND

Gingerdead Man 2 ayant bravé pas mal de tabous, poussant le bouchon jusqu’aux gags homophobes et blasphématoires, le scénariste/réalisateur William Butler avait cru bon de le signer sous le pseudonyme de Sylvia St Croix pour éviter des levées de bouclier trop violentes. Mais le scandale n’éclata guère et le film fut même très bien accueilli par les fans des productions Full Moon. Butler utilise donc son vrai nom au générique de ce troisième opus sur lequel le producteur Charles Band lui laisse une fois de plus la bride sur le cou, à condition de respecter comme toujours un budget ridicule et un délai de cinq jours de prises de vues. « Vous ne pouvez avoir que cinq ou six lieux de tournage, et ils doivent tous être autonomes au sein d’un lieu plus grand », explique Butler quand on l’interroge sur les secrets de fabrication d’un film aussi fauché. « Il faut tourner rapidement pour que le public ne s’ennuie pas, et je pense qu’il faut aussi que les scènes soient courtes. Chaque fois que vous êtes dans la même pièce, vous devez choisir un angle différent pour ne pas filmer toujours près du même mur ou des mêmes accessoires. La caméra doit toujours être en mouvement. C’est une forme d’art en soi, et c’est particulièrement difficile lorsqu’il s’agit de mettre en scène des marionnettes. Surtout si ces marionnettes sont fabriquées pour moins de cinq cents dollars et ressemblent à de vulgaires gants de cuisine ! » (1)

Il semblait difficile de repousser les limites de l’autodérision de Gingerdead Man 2. Butler opte pour une autre voie, celle de la parodie cinéphilique, battant même sur leur propre terrain tous les Scary Movie qui le précédèrent. Tout commence à « l’institut de recherche scientifique pour l’étude des pâtisseries homicides ». Envoyée par le FBI, Clarissa Darling se présente à l’accueil, retire tous ses piercings (y compris les plus intimes) et avance prudemment dans un couloir où s’alignent les cellules des dangereux prisonniers : un croissant moustachu psychopathe, une tarte aux myrtille lubrique, un space cake enfumé, un choux à la crème dégoulinant… et bien sûr le Gingerdead Man, qui se la joue Anthony Hopkins avec sa voix suave et ses grandes manières – et se retrouve même affublé du même masque qu’Hannibal Lecter, pour ceux qui n’auraient pas encore compris l’allusion au Silence des agneaux. Soudain, des activistes débarquent et libèrent tous les prisonniers. Mais le délire n’en est qu’à ses prémices. Notre petit homme en pain d’épices saute en effet dans une machine à voyager dans le temps et se retrouve dans les années 70, en pleine période disco. D’où le sous-titre de ce troisième épisode : Saturday Night Cleaver !

Le silence des gâteaux

Nous voilà au cœur du « Roller Boogie Queen Contest », dans un club qui s’apprête à fermer ses portes faute de financement. Cet élément de l’intrigue n’a évidemment que peu d’intérêt et n’est qu’un prétexte pour que le biscuit tueur puisse se défouler. C’est aussi l’occasion pour Butler et sa co-scénariste Muffy Bolding de construire le scénario sous forme d’un remake loufoque de Carrie. Paris Wagner prend donc la relève de Sissy Spacek sous les traits d’une jeune femme introvertie douée de pouvoirs télékinétiques et promise à l’aspersion d’un seau empli de sang suspendu au-dessus de sa tête. Le look du petit monstre a été manifestement modifié depuis les opus précédents. Sa tête est désormais plus grosse et plus large. Si la marionnette qui lui donne vie est mieux animée que d’habitude, les images de synthèse qui prennent le relais pour le montrer en plan large ou pour visualiser les jets de sang, les incendies ou les arcs électriques sont affreuses. Fort heureusement, les effets spéciaux à l’ancienne sont toujours sollicités pour les mises à mort gore et cartoonesques, comme les filles qui se décomposent en pratiquant un « car wash » à base d’acide ou le massacre au hachoir dans les toilettes. Tandis que rien ne semble arrêter le psychopathe croustillant – il surgit hors d’une cuvette de WC comme s’il voulait rendre hommage à Ghoulies, sniffe de la coke, se transforme en DJ -, Butler s’amuse à imiter les effets de style de Brian de Palma lors d’un climax qui voit grand. Après cette troisième aventure solo, la pâtisserie diabolique se lancera dans un crossover improbable : Gingerdead Man vs. Evil Bong.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso

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