

Dans cette parodie de James Bond, James Coburn affronte des super-vilains capables de contrôler le climat et les intempéries…
OUR MAN FLINT
1966 – USA
Réalisé par Daniel Mann
Avec James Coburn, Lee J. Cobb, Gila Golan, Edward Mulhare, benson Fong, Shelby Grant, Sigrid Valdis, Gianna Serra, Helen Funai, Michael St. Clair
En 1965, lorsque Daniel Mann, futur réalisateur de Willard, se voit confier la mise en scène de Notre homme Flint, le projet s’inscrit dans une volonté délibérée de pasticher l’univers des films d’espionnage à succès, alors dominé par la figure de James Bond. L’objectif est ambitieux : créer un héros à contre-courant, à la fois chevronné et irrévérencieux. Le choix de l’acteur principal s’arrête sur James Coburn, déjà reconnu pour ses seconds rôles dans des productions prestigieuses telles que Les 7 mercenaires, La Grande évasion ou encore Charade. Notre homme Flint marque pour lui une étape cruciale, puisqu’il s’agit de son premier rôle en tête d’affiche dans un long métrage. « Coburn est sans aucun doute l’un des acteurs les plus intéressants du moment », déclare à l’époque le producteur Saul David. « Je le décrirais comme un croisement entre Humphrey Bogart et Jean Paul Belmondo – un vrai descendant de cette génération révolue d’acteurs de caractère qui sont devenus des têtes d’affiche par accident… Coburn a un effet fantastique sur les spectatrices. Je pense que c’est parce que les femmes recherchent davantage la masculinité et le charme que la beauté chez une star masculine » (1) Si l’intrigue du film nous fait visiter tour à tour Washington, Marseille, Rome et une île isolée au milieu de l’océan, le film est entièrement tourné en Californie, majoritairement en studio.


Avalanches, éruptions volcaniques, raz de marée, explosion d’un barrage… Notre homme Flint commence comme un film catastrophe spectaculaire. Les responsables de tous ces désastres sont des super-vilains dont la maîtresse d’œuvre, la mystérieuse Gina (Gila Golan, future cow-girl de La Vallée de Gwangi), est réfugiée à l’intérieur d’un sous-marin sophistiqué. « Si vous contrôlez le climat, vous contrôlez le monde ! » s’affole-t-on alors au beau milieu d’une cellule de crise à Washington menée par la « ZOWIE » (« Zonal Organization World International Espionage »). Après avoir perdu plusieurs équipes d’agents secrets en essayant de stopper ces agissements diaboliques, on sollicite les ordinateurs dernière génération pour déterminer qui sera l’homme de la situation. Un nom fait l’unanimité : Derek Flint. Le problème, c’est que même s’il croule sous les distinctions et les honneurs, Flint est un homme qui rechigne à respecter les ordres pour n’en faire souvent qu’à sa tête. L’agent secret refuse d’ailleurs la mission plusieurs fois, jusqu’à ce qu’une tentative de meurtre sur sa personne le fasse changer d’avis.
Urgence climatique
Dès le générique, enchaînant les silhouettes féminines sexy sur des fonds colorés aux accents d’une bande originale jazzy de Jerry Golsdmith, Notre homme Flint assume l’influence de James Bond. Plus tard, nous aurons droit à une allusion au SPECTRE, à la présence d’un Walter PPK et même à un agent qui porte le matricule 0008. Multipliant les gadgets excentriques (un écran vidéo intégré dans une vitre amovible, un briquet intégrant 82 armes, un immeuble entier qui disparaît sous le sol pour être remplacé par une terrasse de café), le film assume pleinement son appartenance à la science-fiction à travers le repaire des vilains : une sorte d’île paradisiaque survolée par des engins futuristes, dans les entrailles de laquelle se dissimulent une machine capable de contrôler le climat, une cabine de désintégration ainsi qu’une technologie psychédélique qui conditionne le comportement des humains. Coburn s’amuse à camper un espion cynique et imbu de lui-même, as du karaté, toujours flanqué d’un quatuor de jolies femmes, lové dans un appartement luxueux et se déplaçant dans son propre jet privé. Au cours des nombreuses bagarres qui rythment le récit, l’acteur semble donner de sa personne. Quant aux amateurs de Piège de cristal, ils apprécieront la présence d’un homme de main allemand qui porte le nom de Hans Gruber ! Face au succès du film, une suite sera mise en chantier dans la foulée, sous le titre F comme Flint.
(1) Extrait d’un entretien paru dans The Los Angeles Times en Février 1965
© Gilles Penso
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