

Dans ce troisième opus, le redoutable Maltazard a atteint une taille humaine et décide désormais d’envahir notre monde…
ARTHUR 3 : LA GUERRE DES DEUX MONDES
2010 – FRANCE
Réalisé par Luc Besson
Avec Freddie Highmore, Mia Farrow, Robert Stanton, Penny Balfour, Ron Crawford et les voix de Selena Gomez, Iggy Pop, Lou Reed, Jimmy Fallon, David Gasman
THEMA CONTES I PETITS MONSTRES I SAGA ARTHUR ET LES MINIMOYS
Arthur 3 : La Guerre des deux mondes a la lourde tâche de clore une trilogie débutée avec promesse, mais rapidement minée par une suite extrêmement poussive. Avec un budget estimé entre 65 et 69 millions d’euros, ce troisième opus se positionne à l’époque comme le film français le plus coûteux jamais produit. Luc Besson est alors en pleine boulimie, enchaînant les réalisations tous azimuts (Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec sortira la même année) et tente de clore sa petite saga en misant sur l’action, les effets spéciaux et un rythme plus soutenu. Si le pari est globalement tenu sur la forme, sur le fond, en revanche, c’est une toute autre histoire. Le récit d’Arthur 3 reprend exactement là où s’achevait le deuxième opus (qui ne racontait à peu près rien et misait tout sur son cliffhanger final très frustrant). Maltazard, devenu géant, projette donc d’envahir le monde des humains, tandis qu’Arthur, toujours réduit à la taille d’un Minimoy, cherche désespérément un moyen d’inverser la situation. Aidé de ses fidèles compagnons Sélénia, Bétamèche et l’improbable Darkos – fils repenti du grand méchant -, le jeune héros va devoir affronter l’ultime menace dans un monde désormais hybride, mi-fantastique mi-réel.


Les effets visuels de BUF Compagnie restent de haute tenue, notamment lorsque la 3D se confronte au monde réel dans la ville miniature de Daisy Town, envahie par une armée d’insectes géants évoquant Les Oiseaux d’Hitchcock. La séquence de course-poursuite à bord d’un train miniature et celle de la ruche géante ne déméritent pas, d’autant que le film mêle animation et prises de vue réelle avec plus de fluidité et que dans le calamiteux deuxième volet. Même la musique d’Éric Serra, compagne fidèle de Besson, parvient à insuffler du rythme et un caractère ludique au film, le compositeur n’étant certes pas un virtuose de l’orchestre symphonique mais l’exploitant manifestement du mieux qu’il peut. Formellement, nous assistons donc à un indiscutable saut qualitatif. Mais ce n’est bien sûr pas suffisant. Car le scénario reste prévisible et souvent paresseux. Etant donné que les motivations de Maltazard manquent singulièrement de cohérence, la menace qu’il représente nous paraît bien artificielle. D’autant que tout s’enchaîne trop vite, sans laisser aux spectateurs la possibilité de ressentir le moindre enjeu dramatique.
Baroud d’honneur
Le casting en prise de vues réelles reste très inégal. Freddie Highmore (dont le talent n’est par ailleurs plus à démontrer) nous semble ici en totale roue libre, peu aidé par les personnages secondaires qui n’existent manifestement que pour faire avancer mécaniquement l’intrigue. Côté doublage, si les voix célèbres apportent au métrage un indiscutable prestige (Selena Gomez, Iggy Pop, Lou Reed, Jimmy Fallon en anglais, Mylène Farmer, Marc Lavoine, Gérard Darmon, Cartman en français), elles n’insufflent pas la profondeur nécessaire à des personnages déjà sous-écrits. Arthur 3 n’a donc rien de très convainquant, même s’il cherche parfois à retrouver le mélange d’humour, de tendresse et d’aventure épique qui faisait le charme initial de l’univers des Minimoys. Certaines scènes provoquent quelques sourires, mais ce souffle reste sporadique, souvent noyé dans un tourbillon d’effets spectaculaires et de péripéties convenues. Besson et sa coscénariste Céline Garcia n’ayant visiblement plus rien à raconter, ils tentent de noyer le poisson dans un trop-plein de prouesses visuelles, mais la mayonnaise ne prend pas vraiment. Arthur 3 est donc le baroud d’honneur d’une saga qui, malgré son ambition et ses moyens, n’aura jamais vraiment réussi à s’élever ne serait-ce qu’à la cheville des productions Pixar et DreamWorks avec lesquelles elle entendait fièrement rivaliser.
© Gilles Penso
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