ARTHUR ET LES MINIMOYS (2006)

Luc Besson s’essaie à l’exercice du conte de fées en plongeant un enfant en chair et en os dans un monde magique miniature…

ARTHUR ET LES MINIMOYS

 

2006 – USA

 

Réalisé par Luc Besson

 

Avec Freddie Highmore, Mia Farrow, Penny Balfour, et les voix de Madonna, David Bowie, Robert de Niro, Harvey Keitel

 

THEMA CONTES I SAGA ARTHUR ET LES MINIMOYS

Située au tout début des années soixante dans une petite ville de l’Amérique profonde digne des tableaux de Norman Rockwell, l’intrigue d’Arthur et les Minimoys adapte les deux premiers romans que Luc Besson publia en 2002 d’après un concept développé par Céline et Patrice Garcia. Du haut de ses dix ans, Arthur (Freddie Highmore, héros de Charlie et la chocolaterie) vit dans une vénérable bâtisse avec sa grand-mère (Mia Farrow). Or celle-ci croule sous les dettes, et un promoteur – véreux comme il se doit – est sur le point de récupérer la maison et le terrain. Refusant de baisser les bras, Arthur se plonge dans la lecture d’un grimoire que lui a légué son grand-père. Au beau milieu des récits fantastiques qui s’étalent sur les pages racornies, il est question d’un fabuleux trésor caché quelque part dans le jardin. Pour le trouver, Arthur va devoir déchiffrer plusieurs indices disséminés dans la maison, puis se propulser dans un monde parallèle : celui des Minimoys, des lutins pas plus gros que des fourmis dont le règne s’étend sur sept royaumes féeriques. Dès lors, selon le même principe que James et la pêche géante ou Richard au pays des livres magiques, le petit garçon en chair et en os se mue en personnage animé, et la suite des aventures d’Arthur se déroule dans un univers intégralement conçu en images de synthèse. Pour autant, Arthur et les Minimoys n’est pas un film d’animation pur et dur.

Refusant de lutter dans la même catégorie que Pixar et Dreamworks, Luc Besson tient à équilibrer les séquences en synthèse et celles en prises de vues réelles, assurant le va et vient de l’une à l’autre grâce à des effets de montage astucieux et à l’hyperréalisme des décors virtuels. « Ce qui n’était pas facile », explique Besson à propos de la mise en chantier du film, « c’était de solliciter des financements pour un projet qui allait nécessiter cinq ans de travail alors que je ne pourrais pas montrer les premières images avant deux ans. Étant donné que je ne suis pas familier avec l’animation, j’avais besoin de vrais comédiens et de vraies caméras. J’ai donc recruté des acteurs pour leur faire jouer l’intégralité des actions requises par les Minimoys. Je les dirigeais librement et ils disaient leurs dialogues, comme dans un film traditionnel. Si ce n’est que tout était filmé avec huit caméras sur un petit plateau. J’ai ensuite monté tous ces rushes. A partir de ce “brouillon“, les infographistes ont pu reproduire les mouvements de chaque personnage en les adaptant à la morphologie des Minimoys. » (1). Les créatures elles-mêmes bénéficient d’une animation soignée mais inégale. On sent bien que tous les efforts ont été concentrés sur la jolie princesse Sélénia. « C’est le personnage qui nous a demandé le plus de travail, dans la mesure où elle a des proportions proches de celles d’un être humain normal », avoue Pierre Buffin, réalisateur des séquences numériques. « Pour couronner le tout, elle a une forte personnalité et devait être sexy. Nous n’en finissions plus de la modifier et de l’améliorer. Si nous n’avions pas eu de contraintes de temps et d’argent, nous serions probablement encore en train de travailler sur elle ! » (2)

Mamie, j’ai rétréci le gosse !

L’intrigue qui se situe dans ce monde miniature parallèle se suit sans déplaisir, même si la dynamique des scènes d’action prend systématiquement le pas sur l’originalité et l’innovation. A vrai dire, tout semble avoir déjà été vu ailleurs, que ce soient cette bataille contre les moustiques héritée de la saga Star Wars, cette épopée dans une nature gigantesque clignant de l’œil vers Chérie j’ai rétréci les gosses, cet affrontement entre la gentille colonie et les vilains envahisseurs calqué sur les 1001 pattes ou cette course poursuite dans une voiture jouet qui évoque Stuart Little. Le patchwork des références devient plus problématique lorsque Besson détourne hasardeusement le mythe d’Excalibur ou recycle le surnom « M le Maudit » pour désigner le maléfique Maltazard (dont il ne faut pas prononcer le nom, comme le Voldemort d’Harry Potter). Du coup, plus le film avance, plus il manifeste ses difficultés à mettre en place un univers fantaisiste cohérent libéré de ses influences multiples. Les anachronismes qui jonchent le récit participent du même manque de rigueur. Puisque le récit se situe au début des années soixante, pourquoi Arthur, en pleine poursuite automobile, s’exclame-t-il « pourvu qu’il n’y ait pas de radars ! » (si ce n’est pour l’allusion à la trilogie Taxi) ? Sans parler de cette interminable séquence chorégraphique sur une platine géante avec un DJ rasta qui parodie La Fièvre du samedi soir et Pulp Fiction.  Mais ces réserves n’ôtent rien au caractère résolument divertissant du film, lequel présente en outre la particularité d’opter pour un casting vocal constitué de superstars de la chanson (Madonna, David Bowie, Snoop Doggy Dog en VO, Mylène Farmer, Alain Bashung, Rohff, Stomy Bugsy ou Marc Lavoine en VF).

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en novembre 2006

 

© Gilles Penso

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