LE VAMPIRE DE CES DAMES (1979)

George Hamilton s’amuse à imiter Bela Lugosi dans cette parodie qui propulse Dracula et son serviteur Renfield dans le New York des seventies…

LOVE AT FIRST BITE

 

1979 – USA

 

Réalisé par Stan Dragoti

 

Avec George Hamilton, Susan Saint James, Richard Benjamin, Dick Shawn, Arte Johnson, Sherman Hemsley, Isabel Sanford

 

THEMA DRACULA I VAMPIRES

À la fin des années 1970, l’acteur George Hamilton (héros de La Guerre des cerveaux), en quête d’un projet original, fait la rencontre du producteur Harold Van Arnem. Ensemble, ils imaginent une relecture contemporaine et parodique du mythe de Dracula. C’est lors d’un échange informel, alors que Hamilton s’amuse à imiter la voix de Bela Lugosi, que l’idée d’un vampire transylvanien propulsé dans le New York moderne commence à prendre forme. Rapidement, ils s’associent au scénariste Robert Kaufman, connu pour son travail dans la comédie (Dr Goldfoot and the Bikini machine, L’Espion qui venait du surgelé, Divorce à l’américaine). Les trois hommes développent les bases d’un scénario initialement intitulé Dracula Sucks Again, mélangeant satire, décalage culturel et hommage aux classiques du cinéma fantastique. Le projet est lancé de manière indépendante avec un budget très modeste de 3 millions de dollars. Le titre définitif, Love at First Bite, joue sur un détournement de l’expression anglaise « love at first sight » (« le coup de foudre ») mêlée au mot « bite » (« morsure »). Impossible à traduire en français, le titre devient chez nous Le Vampire de ces dames. Plus classique (on pense au Tombeur de ces dames avec Jerry Lewis, au Shérif de ces dames avec Elvis Presley ou au Privé de ces dames avec Peter Falk), mais efficace.

Assisté de son fidèle Renfield (Arte Johnson), le comte Vladimir Dracula (George Hamilton) ne cesse de dévorer des yeux Cindy Sondheim (Susan Saint James), un mannequin qu’il voit sur les couvertures de magazines de mode et en qui il reconnaît la réincarnation de sa bien-aimée d’antan. Après avoir vécu sept siècles dans un château seigneurial transylvanien, il est contraint de quitter les lieux parce que la municipalité veut transformer la bâtisse en camp d’entrainement pour jeunes athlètes. Il décide donc de partir à New York. Après un échange de cercueils rocambolesque à l’aéroport, notre vampire immigré se met en quête de Cindy Sondheim, qui se révèle être une femme névrosée aux mœurs légères. Mais le psychiatre et petit-ami de celle-ci, le docteur Jeffery Rosenberg (Richard Benjamin), est le descendant du professeur Van Helsing, célèbre chasseur de vampires. Et il ne compte pas laisser Dracula transformer Cindy en morte-vivante…

Dracula Night Fever

George Hamilton prend manifestement beaucoup de plaisir à imiter l’accent de Lugosi et glisse même, au détour d’une réplique, une allusion à Mina Harker, mordue « en 1931 » – clin d’œil appuyé à la version Universal. À ses côtés, Arte Johnson campe un Renfield hystérique, s’inspirant directement (au rire près) de la performance de Dwight Frye dans le Dracula de Tod Browning. Les premiers instants du film flattent l’œil du cinéphile : château gothique, crypte enfumée, photographie léchée… On pense aux heures glorieuses de la Hammer. Le débarquement anachronique du vampire dans une mégapole des années 70 n’est pas sans évoquer Dracula 73. Et lorsque notre immortel se lance dans une chorégraphie disco avec sa bien-aimée, sous une boule à facette, le clin d’œil à La Fièvre du samedi soir est manifeste. Les dialogues du film oscillent entre non-sens réjouissant – « Sans moi, la Transylvanie sera aussi intéressante que Bucarest un lundi soir » – et détournements référentiels, comme ce « Je ne bois pas… de vin ! Et je ne fume pas… de joint ! ». Même les armes anti-vampire sont détournées : le temps d’un gag qui évoque Le Bal des vampires, le psy brandit non pas un crucifix, mais une étoile de David. Ici, le vampire se transforme en chauve-souris (une petite marionnette soutenue par des fils bien visibles) mais possède aussi des pouvoirs inattendus : il crache de la fumée, fait fondre le métal à distance, pratique la télékinésie. Et lorsqu’il boit le sang d’un ivrogne, il hérite aussitôt d’une gueule de bois ! Si Hamilton s’en sort avec un certain panache, l’humour, lui, reste souvent poussif. Mais le public répond largement présent : Le Vampire de ces dames est un immense succès au box-office. Une suite, Love at Second Bite, fut un temps annoncée mais ne vit jamais le jour.

 

© Gilles Penso

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