LA DAME ROUGE TUA SEPT FOIS (1972)

Une mystérieuse tueuse vêtue de rouge commet une série d’assassinats selon le rituel maléfique d’une légende ancestrale…

LA DAMA ROSSA UCCIDE SETTE VOLTE

 

1972 – ITALIE / ALLEMAGNE

 

Réalisé par Emilio Miraglia

 

Avec Barbara Bouchet, Ugo Pagliai, Marina Malfatti, Marino Masé, Pia Giancaro, Sybil Dannong, Nino Korda, Fabrizio Moresco, Rudolf Schündler, Carla Mancini

 

THEMA TUEURS

La Dame rouge tua sept fois est le second giallo consécutif réalisé par Emilio Miraglia, dans la foulée de L’Appel de la chair. Plusieurs points communs relient ces deux œuvres tourmentées, à commencer par le prénom d’Evelyn, donné aux personnages féminins centraux. Tourné principalement à Würzburg et Weikersheim, en Allemagne, La Dame rouge tua sept fois est une coproduction italo-germanique. Le film ne connaîtra pourtant aucune sortie en salle outre-Rhin. Il faudra attendre la fin des années 1980 pour le voir émerger, directement en vidéo, sur le marché allemand. Le prologue et le générique du film nous décrivent les disputes incessantes de deux petites filles en rivalité permanente. La blonde Kathy et la brune Evelyne sont en effet des sœurs que tout oppose. Face à l’un de leurs sempiternels crêpages de chignon, leur grand-père les interrompt pour leur raconter l’ancienne légende qui hante le château bavarois familial, selon laquelle la dynastie Wildenbrück serait maudite depuis de nombreuses générations. En effet, tous les cent ans, une habitante du château serait possédée par celle que l’on nomme « la Dame rouge », et se verrait contrainte d’assassiner sept personnes pour prolonger la malédiction. Or sa dernière victime est censée être « la Dame noire », c’est-à-dire la propre sœur de la tueuse.

Passée cette entrée en matière, nous voici en 1972. Désormais adulte, Kathy Wildenbrück (Barbara Bouchet, la Monneypenny de Casino Royale) est devenue photographe de mode dans la prestigieuse agence Springe. Sa sœur Evelyne, elle, n’a plus donné aucun signe de vie depuis son exil aux Etats-Unis. Après que leur grand-père ait été retrouvé mort dans son château et que les termes de l’héritage aient été énoncés, la situation dégénère. Les proches de Kathy sont en effets assassinés les uns après les autres sous les coups de poignard d’une étrange silhouette vêtue de rouge. Quelques témoins ayant aperçu le meurtrier érigent un portrait-robot, ressemblant de façon troublante à Évelyne. Mais selon Kathy, qui semble cacher un lourd secret, c’est parfaitement impossible. La malédiction de « la Dame rouge » serait-elle en train de prendre corps ?

Une œuvre somme

Le scénario tortueux de Fabio Pittoru et Emilio Miraglia s’amuse à entremêler deux motifs récurrents du giallo et du cinéma d’épouvante gothique. Le premier est le testament qui provoque cupidité et jalousie. Le second est la légende ancestrale qui menace de ressurgir à l’époque contemporaine. A ces figures classiques se greffent d’autres sous-intrigues qui resserrent l’étau sur nos protagonistes et rallongent la liste des suspects, notamment le mystère lié à la disparition d’Evelyne et les histoires intimes au sein de l’agence Springe. L’appât du gain, le chantage, les manigances, les convoitises, la luxure, tout cet imbroglio complexe – auquel s’ajoutent un meurtre caché et un trafic de drogue – permet de laisser planer le doute sur la véritable nature de la meurtrière. S’agit-il d’un fantôme vengeur ou d’une tueuse beaucoup plus triviale ? Si le cadre de la haute couture évoque bien sûr Six femmes pour l’assassin – auquel La Dame rouge tua sept fois se réfère directement en laissant le meurtrier se cacher derrière un buisson pour guetter ses victimes -, Miraglia ne cherche pas nécessairement à marcher sur les traces de Mario Bava pour développer sa propre esthétique. Les prises de vues inventives (la caméra qui se faufile dans les interstices d’une sculpture pour révéler un lit et son occupant) et les scènes de cauchemar baroques (Barbara Bouchet enchaînée et poignardée par le spectre translucide de la dame en rouge) nous emmènent ailleurs, portés par la très belle bande originale de Bruno Nicolaï. Comme s’il était conscient de livrer une œuvre somme – qui servira d’inspiration directe à plusieurs films de Dario Argento -, le réalisateur interrompra sa carrière juste après ce film.

 

© Gilles Penso

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