

Alors que la petite ville de Kettle Springs s’apprête à célébrer ses cent ans d’existence, un clown tueur commence à faire des siennes…
CLOWN IN A CORNFIELD
2025 – USA / Luxembourg / GB / CANADA
Réalisé par Eli Craig
Avec Katie Douglas, Aaron Abrams, Carson MacCormac, Vincent Muller, Kevin Durand, Will Sasso, Cassandra Potenza, Verity Marks, Ayo Solanke
THEMA TUEURS
Eli Craig avait frappé très fort en 2010 avec son pastiche horrifique Tucker & Dale fightent le mal, détournant joyeusement les codes du slasher sur un mode burlesque. Mais depuis, notre homme s’est fait plutôt discret. À son actif, on note un épisode de Brothers and Sisters, un autre de la série Zombieland, la comédie Little Evil, et c’est à peu près tout. La Nuit des clowns semble donc arriver à point nommé pour remettre ce prometteur réalisateur en selle. Le film adapte le roman Un Clown dans un champ de maïs (Clown in a Cornfield), écrit en 2020 par Adam Cesare. Le titre original évoque irrésistiblement l’univers de Stephen King, comme si le clown maléfique de Ça s’installait dans les champs des Démons du maïs, et la référence n’est sans doute pas innocente. L’influence du King est en effet palpable dans les pages de ce livre pas foncièrement mémorable, aux frissons un peu faciles, surfant tardivement sur la mode des néo-slashers post-Scream tout en cultivant une atmosphère voisine de celle des Chair de poule. Le lectorat visé est manifestement adolescent, et c’est en toute logique cette cible que tente aussi d’attirer l’adaptation cinématographique. Le film aura mis du temps à se concrétiser, puisque les premières tentatives datent d’avant même la publication du roman, et c’est finalement le scénario signé par Eli Craig et Carter Blanchard (co-auteur non crédité d’Independence Day : Résurgence) qui aura permis son lancement officiel.


Le prologue, construit comme celui des Dents de la mer (si ce n’est que le champ de maïs remplace l’océan), se situe en 1991, dans la petite ville de Kettle Springs, au fin fond du Missouri, dans l’ancienne usine de sirop de maïs Baypen, fierté de la région. Un couple s’éclipse dans le champ voisin, et tandis que la jeune fille commence à se déshabiller frivolement, son compagnon, passablement éméché, se laisse tomber par terre. Bientôt, la malheureuse est réduite en charpie non par un requin mais par un tueur costumé comme la mascotte de Baypen, Frendo le clown. Trois décennies plus tard, nous faisons la connaissance de Quinn Maybrook (Katie Douglas) et de son père Glenn (Aaron Abrams) qui emménagent à Kettle Springs pour prendre un nouveau départ. Tandis que Glenn s’apprête à prendre ses fonctions de médecin de la ville, Quinn fait la connaissance avec les jeunes du coin. Mais l’ambiance locale est bizarre, comme si un mur de méfiance et d’incompréhension s’était dressé entre les adolescents et les adultes depuis la fermeture de l’usine Baypen. Alors que les habitants se préparent aux célébrations des cent ans de la bourgade, le clown psychopathe est de retour et commence à frapper…
« Meurs, sale fumier de clown ! »
Séduisant dans sa mise en forme, La Nuit des clowns s’appuie sur une poignée de comédiens plutôt convaincants, une réalisation solide et bon nombre de qualités formelles (dont une bande originale énergique co-écrite par Brandon Roberts et Marcus Trumpp). Le problème, c’est qu’il nous semble avoir déjà vu tout ça des dizaines de fois. Le père célibataire qui s’installe avec sa fille adolescente dans une petite ville américaine suite au décès de la mère, l’usine locale qui a fermé, le croquemitaine qui rôde, la confrontation entre les jeunes et les adultes, les chansons « cool » qui s’insinuent dans la majorité des séquences… Rien de bien neuf là-dedans. L’imagerie du clown assassin elle-même n’est pas nouvelle, d’autant que les armes qui se déploient à tour de rôle semblent avoir été empruntées à tous les classiques du genre : la tronçonneuse de Leatherface, le couteau de Michael Meyers, la fourche de Jason Voorhees… L’intrigue nous offre tout de même une surcouche narrative intéressante qui favorise la mise en abîme (les vidéos d’horreur que tournent les jeunes protagonistes pour les réseaux sociaux) et un revirement de situation à mi-parcours. Hélas, les spectateurs attentifs auront deviné le fin mot de l’histoire bien avant la révélation finale. L’ensemble reste d’autant plus récréatif que le film ne se prend jamais trop au sérieux, s’émaillant de répliques aussi improbables que « On va tous finir décapités, on sera des ados sans tête ! » ou « Meurs, sale fumier de clown ! », laquelle semble presque échappée de La Cité de la peur !
© Gilles Penso
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