

Une femme commence à soupçonner son époux d’être un redoutable tueur en série, coupable des pires exactions…
A GOOD MARRIAGE
2014 – USA
Réalisé par Peter Askin
Avec Joan Allen, Anthony LaPaglia, Stephen Lang, Cara Buono, Kristen Connolly, Mike O’Malley, Theo Stockman, Will Rogers, Pun Bandhu, Terra Mackintosh
THEMA TUEURS I SAGA STEPHEN KING
Dans le recueil Nuit noire, étoiles mortes, publié en 2010, Stephen King essaye de retrouver la hargne du jeune écrivain qu’il était à l’époque de son premier roman, Marche ou crève, signé du pseudonyme Richard Bachman. L’une des nouvelles de cette anthologie, Bon ménage, lui est inspirée par un tueur en série bien réel, Dennis Rader, qui perpétra ses crimes au Kansas entre 1974 et 1991, et dont l’épouse jura jusqu’au bout n’avoir jamais rien su de ses agissements. King jugeant que sa nouvelle possède suffisamment de potentiel pour devenir un film, il en tire un scénario qui sera mis en scène et produit par Peter Askin. En guise de clin d’œil, le film se déroule à Cleaves Mills, une ville fictive du Maine qui figurait dans le roman Dead Zone de King. Après la sortie du film, la propre fille du tueur Dennis Rader exprimera publiquement son mécontentement, à cause de trop fortes similitudes entre le scénario et l’histoire de son père. King ayant toujours été fasciné par l’horreur commise par les êtres humains faits de chair et de sang, plus encore que par celle attribuée à des êtres surnaturels, son attrait pour une telle affaire ne surprend pas.


Après vingt-cinq ans de mariage heureux, Darcy (Joan Allen, héroïne de Volte/Face et Pleasantville) se met à soupçonner son époux Bob (Anthony LaPaglia, acteur récurrent de FBI Portés disparus) d’être un tueur en série. Ses doutes sont-ils fondés ? S’agit-il de paranoïa ? A-t-elle vraiment pu épouser un assassin et un violeur sans jamais s’en rendre compte ? Au fil des pages de la nouvelle, sur laquelle plane l’ombre de Barbe Bleue, King traduit les tourments de l’épouse fidèle avec des mots justes et saisissants jouant la carte de la métaphore. « Toutes ces années, elle avait vécu avec un fou, mais comment aurait-elle pu le savoir ? », raconte-t-il. « Sa folie ressemblait à une mer souterraine. Il y avait une couche de roche par-dessus, et une couche de terre par-dessus la roche, dans laquelle poussaient des fleurs. Vous pouviez vous y promener sans vous douter de la présence de l’eau empoisonnée en dessous… mais elle était là. »
Pour le meilleur et surtout le pire
A l’écran, Couple modèle s’appuie sur un rythme lent et surtout sur la prestation très juste de ses comédiens principaux, dans un registre pourtant difficile qui aurait pu les entrainer vers l’archétype et la caricature. Aux côtés du couple déchiré, Stephen Lang joue le rôle d’un vieux policier malade à la retraite qui a tout deviné depuis le début. Sans doute le scénario insiste-t-il trop sur sa présence dès le début de l’intrigue. A cette réserve près, l’approche du film est subtile, presque anti-dramatique, ce qui renforce le réalisme du récit. L’horreur des agissements de Bob est évoquée et implicite, mais nous ne la voyons jamais, le réalisateur Peter Askin privilégiant le thriller psychologique à la violence graphique. Couple modèle questionne ses spectateurs sur la part d’ombre de chacun, qui peut rester secrète malgré l’intimité et les années de vie commune, mais aussi sur les sacrifices qu’on est capable de faire par amour. Sorti discrètement en salles aux États-Unis le 3 octobre 2014, Couple modèle sera directement exploité en vidéo en France.
© Gilles Penso
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