INSTINCT DE SURVIE (2016)

Partie taquiner les vagues d’une plage isolée mexicaine, une surfeuse rencontre un redoutable requin affamé…

THE SHALLOWS

 

2016 – USA

 

Réalisé par Jaume Collet-Serra

 

Avec Blake Lively, Oscar Jaenada, Angelo Josue Lozano Corzo, Joseph Salas, Brett Cullen, Sedona Legge, Pablo Calva, Diego Espejel, Janelle Bailey, Ava Dean

 

THEMA MONSTRES MARINS

Le script de The Shallows circule à Hollywood depuis 2014 mais tarde un peu à se concrétiser. Si la plume du scénariste Anthony Jawinski traduit sans mal la terreur liée à l’isolement d’une infortunée héroïne coincée sur un territoire sauvage devenu hostile, les différents studios qui étudient le projet sont circonspects quant à la capacité d’intéresser les spectateurs à un personnage unique dans un seul décor sans susciter l’ennui. C’est finalement Sony Pictures qui se lance en proposant le film à Jaume Collet-Serra. Réalisateur de deux films d’épouvante très remarqués (La Maison de cire et Esther) et de trois thrillers musclés avec Liam Neeson (Sans identité, Non-Stop et Night Run), il semble l’homme de la situation. C’est effectivement une bonne pioche : avec The Shallows, Collet-Serra réalise probablement son long-métrage le plus abouti. A l’efficacité imparable de sa mise en scène s’adjoint la pleine implication de Blake Lively, ultra-populaire depuis la série Gossip Girl et bien décidée à s’investir à fond dans ce survival – comme le fit avant elle son époux Ryan Reynolds dans Buried. Si le titre original The Shallows évoque les bas-fonds dans lesquels se déroule la grande majorité de l’intrigue, les distributeurs français optent pour Instinct de survie, désireux d’annoncer sans détour la pulsion tenace de préservation qui animera la protagoniste tout au long de ces 90 minutes éprouvantes.

Après la mort de sa mère des suites d’un cancer, Nancy Adams, brillante étudiante en médecine, décide de faire une pause dans sa vie texane pour une échappée solitaire sur une plage isolée du Mexique. Ce lieu n’a pas été choisi au hasard : c’est là que sa mère aimait venir surfer, notamment lorsqu’elle était enceinte d’elle. Comme un pèlerinage personnel, Nancy ressent le besoin de marcher dans ses pas, loin de la civilisation, des hôpitaux et des responsabilités. Alors qu’elle surfe avant le coucher du soleil, Nancy aperçoit au loin la carcasse en décomposition d’un jeune rorqual à bosse. Un mauvais présage. Très vite, l’eau se teinte de sang et la menace se précise : un grand requin blanc rôde dans les parages, invisible et implacable. Notre héroïne vient de pénétrer sans le savoir sur son terrain de chasse. Lorsqu’il attaque, Nancy n’a que le temps de se réfugier sur un minuscule rocher à quelques centaines de mètres du rivage. Piégée, blessée, seule au milieu de l’océan, elle va devoir mobiliser tout ce qu’il lui reste de ressources mentales, de connaissances médicales et de courage pour espérer survivre aux assauts du squale, alors que la marée monte inexorablement…

Seule au monde

Malgré son traitement réaliste, Instinct de survie met en scène un véritable monstre de cinéma, doté d’une force, d’une agressivité et d’une voracité hors du commun. Pour autant, Jaume Collet-Serra parvient miraculeusement à évacuer toute allusion aux Dents de la mer pour bâtir sa propre version de la terreur aquatique, s’appuyant sur de remarquables effets visuels qui nous font croire non seulement à la tangibilité de la bête mais aussi au naturalisme du décor extérieur – alors que la grande majorité du tournage s’effectue dans un bassin devant un fond vert. L’isolement, la douleur, le froid, la chaleur, la faim et bien sûr la peur de la dévoration sont les obstacles que va devoir affronter cette survivante soumise à rude épreuve. D’ailleurs, s’il fallait rapprocher Instinct de survie d’un film de Steven Spielberg, ce serait plutôt de Duel, avec lequel il partage de nombreux points communs, le moindre n’étant pas la figure d’un personnage central inlassablement traqué par un monstre qui le harcèle et veut sa peau, avec une insistance presque irrationnelle, et dont toutes les échappatoires s’envolent cruellement les unes après les autres, jusqu’à l’inévitable affrontement final où les vestiges d’humanité devront céder la place à une rage animale primaire et libératrice. Le requin n’est pas seulement une menace physique mais une métaphore, celle de la force implacable contre laquelle on lutte même lorsque tout semble perdu. À travers Nancy, c’est aussi le combat de sa mère contre la maladie qui se rejoue, cette volonté de ne rien lâcher. Sous ses atours de survival tendu et de creature feature, The Shallows cacherait-il une leçon de vie, celle de la résilience, de la combativité et du refus de céder face à la fatalité ?

 

© Gilles Penso

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