RED WATER (2003)

Un monstrueux « requin taureau » capable de nager en eaux douces sème la panique en copiant fidèlement le grand blanc des Dents de la mer…

RED WATER

 

2003 – USA

 

Réalisé par Charles Robert Carner

 

Avec Lou Diamond Phillips, Coolio, Kristy Swanson, Dennis Haskins, Garth Collins, Langley Kirkwood

 

THEMA MONSTRES MARINS

Red Water a été directement conçu pour le petit écran et ne se distingue guère des Shark Attack et autres imitations tardives des Dents de la mer, sa seule véritable singularité consistant à mettre en vedette un requin taureau – au lieu du sempiternel grand blanc – et de le doter de la capacité de nager en eau douce. Rédigé à la va vite par J.D. Feigelson (le peu mémorable Chiller de Wes Craven) et Chris Mack (auteur d’un Vampire Vermont inconnu au bataillon), le scénario de Red Water entremêle deux intrigues parallèles qui, de prime abord, n’ont rien à voir avec un requin géant mangeur d’hommes. D’un côté, nous avons John Sanders (Lou Diamond Philips, qui chassait les volatiles dans La Nuit des chauves-souris), ancien foreur devenu pêcheur sans le sou suite à un accident, qui accepte de trimballer son ex-femme Kelli (Kristy Swanson, l’originale Buffy tueuse de vampires) venue faire des relevés dans les eaux du Mississipi pour une compagnie pétrolière. De l’autre côté, nous trouvons Ice (l’affligeant Coolio), un gangster à la petite semaine à la recherche d’un magot de trois millions de dollars caché quelque part sous la surface.

Les présentations étant – longuement et pesamment – faites, le requin peut enfin montrer le bout de ses mâchoires. Ses deux premières attaques sont tout simplement calquées sur celles des Dents de la mer, avec une aliénation qui confine tranquillement au plagiat. Ainsi avons-nous droit à une grosse panique dans une baie due à l’apparition d’un aileron menaçant (il ne manque plus que le shérif Martin Brody pour que l’imitation soit complète), puis à un vieux pêcheur renversé dans sa barque par le grand méchant poisson (comme dans l’attraction du parc Universal). Les attaques suivantes sont heureusement un peu plus novatrices, en particulier la guide touristique qui finit happée alors qu’elle traverse un pont, ou les plongeurs sauvagement agressés sous les eaux. Conçu en images de synthèse dans tous les plans larges (sous la supervision d’Hitoshi Inoue, qui participa notamment à Titanic, Soldier et Hypnose), le monstre révèle bien trop souvent sa nature numérique pour convaincre, malgré le dynamisme et la nervosité de son animation. Sans doute est-ce la raison pour laquelle le film refuse de se concentrer sur la bête.

Péripéties improbables

La leçon de Steven Spielberg était pourtant concluante : malgré des effets spéciaux limités à l’époque des Dents de la mer (quelques marionnettes animatroniques pas vraiment mobiles), il parvenait à terrifier ses spectateurs en concentrant ses deux heures de film sur un requin anthropophage qu’on voyait finalement très peu. Mais encore fallait-il un scénario en béton armé et une mise en scène millimétrée. Tout étant approximatif ici, les péripéties artificielles s’efforcent de distraire le spectateur et de relancer l’intérêt. D’où l’explosion colossale d’un puits de pétrole et la prise d’otage des héros qui s’insèrent au forceps dans cette intrigue déficiente. Red Water s’apprécie donc principalement pour son sens indéniable de l’action et de la pyrotechnie, et s’achève sur une mise à mort du monstre plutôt originale. Pour le reste, mieux vaut revoir les classiques, comme toujours.

 

© Gilles Penso


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