HYDRA (2009)

Quatre criminels sont lâchés sur une île où ils servent de gibier pour une chasse à l’homme. Mais dans l’ombre, un monstre rôde…

HYDRA : THE LOST ISLAND

 

2009 – USA

 

Réalisé par Andrew Prendergast

 

Avec George Stults, Dawn Olivieri, Michael Shamus Wiles, Alex McArthur, Texas Battle, Polly Shannon, James Wlcek, Ricco Ross, Roark Critchlow

 

THEMA MYTHOLOGIE

Tourné en Bulgarie pour la modique somme de 700 000 dollars, Hydra est l’un de ces téléfilms typiques de la société Cinetel Films, spécialisée dans les séries B à créatures. À première vue, le film réalisé par Andrew Prendergast (également producteur de l’étrange Parasite, sans lien avec ceux de Charles Band et de Bong Joon-ho) semble n’être qu’un banal ersatz des Chasses du comte Zaroff. Mais à y regarder de plus près, Hydra s’amuse à dépasser son postulat de départ en fusionnant le survival et le film de monstre. Résultat : Hydra est un film bancal, souvent fauché, mais pas dépourvu d’atouts. L’intrigue repose sur un concept simple et efficace. Quatre criminels sont exfiltrés de la prison où ils étaient détenus pour servir de gibier lors d’un safari clandestin organisé sur une île isolée. Les chasseurs sont quatre milliardaires, tous liés de près ou de loin aux victimes des crimes commis par leurs « proies ». Sauf que l’île en question n’a rien d’un simple terrain de jeu. En son cœur se dresse en effet un antique temple grec en ruine, vestige d’un passé mystérieux, et surtout, une créature terrée dans l’ombre. Le titre du film nous vendu la mèche : cette île maudite abrite l’Hydre de Lerne, gigantesque serpent multi-têtes doté d’un appétit insatiable qui ne fait pas dans la distinction morale. 

Ce mélange des genres est l’une des principales forces du film. Les chasseurs, bien que caricaturaux, bénéficient d’un certain développement, et les dialogues, sans briller par leur finesse, ont parfois des éclairs de noirceur grinçante. L’opposition entre les anciens criminels en quête de rédemption et les milliardaires sadiques offre même un semblant de commentaire social sur l’impunité des puissants. Bien sûr, le sujet reste à peine survolé, les ambitions du film n’allant pas aussi loin. La créature en elle-même est une création numérique très approximative. Prudemment, le réalisateur la sollicite régulièrement mais ne l’expose jamais très longtemps, et toujours dans un torrent d’effets sanglants. Malgré des effets d’incrustation très peu convaincants, son impact visuel ne laisse pas indifférent. Le rendu cartoon des effusions de sang, combiné à des attaques spectaculaires, confère au film une esthétique ouvertement kitsch. Et dire que Ray Harryhausen, avec des budgets ridicule et sans autre équipe que lui-même, nous concoctait quatre décennies plus tôt les splendeurs de Jason et les Argonautes !

Où donner de la tête ?

L’un des aspects les plus amusants de Hydra réside dans la manière dont la créature se mue presque en alliée des protagonistes. Là où la plupart des films du genre opposent les humains à une menace implacable, ici, la bête agit comme une sorte de deus ex machina carnassier, punissant les vrais « monstres » humains. Le casting, composé d’acteurs principalement issus de la télévision et du circuit des DTV, fait le job sans éclat. L’ex-marine interprété par George Stults (7 à la maison) joue la carte du héros musclé, torturé mais toujours prompt à défendre les opprimés. À ses côtés, Dawn Olivieri (Heroes) et Texas Battle (Destination finale 3) apportent un petit soupçon de charisme, tandis que les chasseurs milliardaires versent avec enthousiasme dans le cabotinage sadique. Sur le plan technique, Hydra souffre évidemment de son budget limité et du manque de temps manifeste dont a souffert l’équipe aux commandes de ce modeste DTV. Les décors naturels bulgares sont raisonnablement bien exploités, mais les scènes en studio trahissent rapidement les limites de la production. La musique banale, le montage un peu syncopé et la mise en scène fonctionnelle n’aident pas le film à sortir du lot des nombreux « creature features » de sa génération.

 

© Gilles Penso

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