

Dans cet opus paresseux d’une franchise en bout de course, une série de personnages excentriques et de créatures bizarres se croisent dans un bowling…
EVIL BONG 420
2015 – USA
Réalisé par Charles Band
Avec Sonny Carl Davis, John Patrick Jordan, Robin Sydney, Amy Paffrath, Mindy Robinson, Chance A. Rearden, Sam Aotaki, Rorie Moon, David DeCoteau
THEMA DIABLE ET DÉMONS I PETITS MONSTRES I SAGA EVIL BONG I GINGERDEAD MAN I CHARLES BAND
Après le crossover Gingerdead Man vs. Evil Bong, Charles Band décide de continuer d’entrecroiser les aventures du bonhomme en pain d’épice psychopathe et celles du bong maléfique, dans l’espoir de pouvoir continuer à exploiter deux franchises déjà usées jusqu’à la corde. Si ce quatrième Evil Bong est titré 420, c’est à la fois pour détourner un terme argotique désignant la marijuana et pour annoncer la date de sortie du film sur la plateforme de streaming de Full Moon (le 20 avril, donc 4/20). Mais cette fois-ci, Band veut limiter les frais au maximum. « Ce film était particulièrement difficile à écrire, parce que je ne savais tout simplement pas quoi faire dans le cadre des paramètres imposés », raconte le scénariste Kent Roudebush. « Il s’agissait essentiellement de réunir les personnages dans un bowling. De plus, le film était censé être tourné en une journée. Je ne voyais tout simplement pas comment cela était possible. Ces choses sont déjà assez difficiles à écrire avec un budget et des contraintes, mais là, c’était extrême ! Il n’y avait pas beaucoup d’histoire, alors je l’ai simplement remplie de personnages excentriques et de décors minimaux. » (1) À la lecture de la prose de Roudebush, Band consent à ajouter une journée de tournage supplémentaire. Evil Bong 420 (qui a failli s’appeler Slimeball Bowl-O-Rama 420, en hommage au film Sorority Babes) est donc bouclé en 48 heures, comme le fut jadis La Petite boutique des horreurs.


Second rôle exubérant dans les opus précédents, Rabbit (Sonny Carl Davis) est désormais devenu le personnage principal. Après avoir réussi à s’échapper miraculeusement au monde maléfique d’Evil Bong, le sémillant sexagénaire décide d’ouvrir un bowling – dans lequel les employées sont topless – et d’organiser une grande fête pour l’inauguration de l’établissement. Son nom ? Le « Licky Splits ». Plusieurs visages familiers viennent donc y pointer le bout de leur nez, comme le fermier à groin de cochon Hambo (Chance A. Rearden, sans doute l’une des créations les moins inspirées de chez Full Moon), le héros des Evil Bong précédents Larnell (John Patrick Jordan), sa fiancée Velicity (Amy Paffrath), la pâtissière Sarah Leigh (Robin Sydney), l’héroïne de Ooga Booga Donna (Ciarra Carter) et même le réalisateur David DeCoteau (dans son propre rôle), désireux de tourner sur place un nouveau film de bowling 25 ans après Sorority Babes. Mais Rabbit ignore qu’Ebee, le bong maléfique, est à ses trousses, et qu’elle compte bien venir gâcher la fête, flanquée du Gingerdead Man…
Seins nus et crème pâtissière
Avec Evil Bong 420, on sent clairement que Charles Band a atteint les limites du concept. Car ce film qui dure à peine une heure se distingue par son absence totale de péripéties. Les mêmes scènes se répètent donc inlassablement et traînent en longueurs (Gingerdead Man cajolé par deux jeunes femmes dénudées dans le monde de Evil Bong, les employées du bowling et les clients qui discutent avec Rabbit) sans mener nulle part. Pour égayer un peu les spectateurs, le film exhibe une quantité généreuse de seins nus (sollicitant plusieurs actrices issues du porno à cette occasion), multiplie les guest-stars (y compris la poupée Ooga Booga qui surgit furtivement pour s’en prendre à deux rednecks) et étale sans complexe une grande quantité de produits dérivés Full Moon sur les comptoirs du bowling. Ici, la marionnette du Gingerdead Man s’agrémente de quelques effets numériques pour faire cligner ses yeux mais aussi de l’incrustation de la bouche d’un comédien (John Karyus) pour ses dialogues, ce qui permet une parfaite synchronisation avec ses répliques (prononcées par un autre acteur, Robert Ramos). Le biscuit lubrique nous donne d’ailleurs droit à la scène de mauvais goût ultime : son accouplement avec une jeune femme fort peu pudique, prélude à une éjaculation de crème pâtissière ! Le film se termine sur un cliffhanger absurde, puisque la saga Evil Bong entend bien se poursuivre jusqu’à épuisement…
© Gilles Penso
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