2012 (2009)

Roland Emmerich casse tout ce qui passe à sa portée dans ce qui peut être considéré comme le film catastrophe ultime

2012

2009 – USA

Réalisé par Roland Emmerich

Avec John Cusack, Chiwetel Ejiofor, Amanda Peet, Oliver Platt, Thndie Newton, Danny Glover, Woody Harrelson

THEMA CATASTROPHES

Selon une prophétie maya, le 21 décembre 2012 marquera la date de la fin du monde, suite à l’alignement particulier des planètes de notre système solaire et à la série de cataclysmes naturels qui en découlera. Grâce à ce prétexte paranoïaque, Roland Emmerich se livre avec un enthousiasme manifeste à son exercice favori : le film catastrophe. Si Le Jour d’après faisait quelque peu illusion dans le genre, grâce à une poignée de séquences franchement impressionnantes, on ne peut pas en dire autant d’Independence Day et Godzilla, dont les effets spéciaux spectaculaires ne rachetaient pas la stupidité des intrigues et l’absurdité des relations humaines. Certes, 2012 se situe largement au-dessus du niveau artistique de ces deux blockbusters décérébrés, mais il ne brille pas tout à fait par la fraîcheur de son scénario. Car à tout bien réfléchir, nous sommes ici en présence d’un remake officieux du Choc des mondes de Rudolf Maté, un classique de 1951 dans lequel, déjà, des vaisseaux spatiaux étaient bâtis pour sauver quelques humains d’une catastrophe inexorable menaçant la Terre. Outre cette influence première, Emmerich ne peut s’empêcher de chercher l’inspiration du côté de son maître à penser Steven Spielberg. Ici, c’est La Guerre des mondes qui sert visiblement de référence, le romancier Jackson Curtis (incarné par John Cusack) marchant sur les traces de Tom Cruise en s’efforçant, lui aussi, de sauver sa famille recomposée lorsque le désastre survient.

Si l’on ajoute quelques coïncidences improbables qui relient bizarrement chaque protagoniste du drame et de grossières allusions politiques (le gouverneur de Californie qui a le même accent autrichien qu’Arnold Schwarzeneger, l’accident sous le pont de l’Alma), on comprend que 2012 ne donne pas tout à fait dans la finesse. Restent les effets spéciaux. De ce point de vue, rien à redire. Au premier tiers du film, les hostilités sont lancées avec la destruction de Los Angeles, une séquence d’anthologie qui restera dans toutes les mémoires par son ahurissante démesure. Au milieu des bâtiments qui s’effondrent à la manière d’un château de carte, le véhicule de nos héros tente d’éviter de monstrueux obstacles, du train qui déraille à l’avion qui s’écrase, tandis que les vues aériennes du cataclysme coupent littéralement le souffle. Le réalisateur de Stargate n’a donc pas perdu la main.

Destructions massives

Mais l’aspect résolument spectaculaire d’une telle scène se prive d’impact émotionnel, tant le cinéaste force le trait et exagère les péripéties. Là où Spielberg savait nous ébranler (qu’on se souvienne de l’incroyable plan-séquence de la voiture de La Guerre des mondes), Emmerich se contente d’une dynamique de jeu vidéo. Pourquoi pas ? Sauf qu’en mêlant à son jeu de destruction des détails qu’on croirait issus des attentats du 11 septembre (les habitants des buildings s’accrochant désespérément aux parois qui s’effondrent puis se jetant dans le vide), il crée un mélange des genres au goût souvent discutable. Tout 2012 est à l’avenant. Ceux qui cherchent une intrigue solide aux fortes implications humaines ont donc tout intérêt à passer leur chemin. Mais les amateurs d’effets spéciaux vertigineux et de destructions massives en auront largement pour leur argent.

 

© Gilles Penso

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