LE JOUR D’APRÈS (2003)

Le réchauffement climatique provoque une série de catastrophes planétaires que Roland Emmerich filme avec un savoir-faire indiscutable

THE DAY AFTER TOMORROW

2003 – USA

Réalisé par Roland Emmerich

Avec Dennis Quaid, Jake Gyllenhaal, Sela Ward, Ian Holm, Emmy Rossum, Dash Mihok, Jay O. Sanders, Austin Nichols 

THEMA CATASTROPHES

En réalisant The Patriot, fresque guerrière réaliste et brutale, Roland Emmerich amorçait ouvertement un virage dans sa carrière de cinéaste. Il était donc logique qu’on éprouve un sentiment de machine arrière et de déjà-vu en le voyant emprunter à nouveau les chemins balisés du film catastrophe. Fort heureusement, sans tout à fait transcender le genre, Le Jour d’après porte le sceau d’un Roland Emmerich plus mature qu’à l’accoutumée. Fidèle à ses habitudes, le réalisateur de Stargate fait démarrer son film sur une séquence visuellement très forte. Une petite expédition en Arctique, menée par le climatologue Jack Hall (Dennis Quaid), y fait face à un monumental glissement de terrain creusant une fissure de plusieurs kilomètres de long dans la glace. Cet étrange phénomène n’est que le premier d’une série de dérèglements climatiques frappant peu à peu les quatre coins de la Terre. Pessimiste, Hall voit là les prémisses d’un nouvel âge de glace, mais il se heurte à l’incrédulité de ses pairs, et à celle d’un vice-président têtu refusant de s’intéresser à ses alarmantes théories. Hélas, la suite des événements conforte le climatologue dans ses craintes.

Le Japon étant frappé par une averse de grêle et la Californie par une armada de monstrueuses tornades, la situation devient franchement préoccupante. Le froid gagne peu à peu tout l’hémisphère nord de la planète, gelant sur place tous les malheureux restés dehors. Tandis que le président des États-Unis concède enfin à faire évacuer les États du Nord, Jack Hall décide de traverser tout le pays par –20° afin d’aller sauver son fils, réfugié avec une poignée de survivants dans une bibliothèque au beau milieu d’une ville de New York dévastée… Comme on pouvait s’y attendre, Le Jour d’après vaut surtout pour sa collection de séquences spectaculaires, dirigées ici avec une maestria propre à ébouriffer les spectateurs les plus blasés. Point culminant de ce festival d’effets spéciaux audacieux, le gigantesque raz-de-marée qui frappe New-York s’est d’emblée imposé comme un incroyable morceau d’anthologie, intégrant des idées magnifiquement surréalistes comme ce cargo arpentant les rues de Manhattan muées en fleuves glacés.

Humanisme et cynisme

On sent bien, ça et là, des réminiscences de L’Aventure du PoséidonTremblement de terre, TitanicDaylightVertical Limits et même Independence Day, mais Emmerich parvient cette fois-ci à transcender ses influences au lieu de se contenter d’un patchwork de plagiats. Comme en outre le scénario prône un humanisme apparemment sincère et se permet quelques écarts cyniques du meilleur effet (les bibliothécaires triant les livres qu’ils acceptent de brûler pour se réchauffer, l’immigration illégale s’inversant à la frontière américano-mexicaine), Le Jour d’après se distingue de ses pairs trop ancrés dans le premier degré. Le film souffre malgré tout d’un travers inhérent au genre catastrophe : à trop vouloir concentrer son attention sur ses personnages principaux, le scénario donne rapidement l’impression que ce cataclysme planétaire ne touche finalement que deux pays américains et une dizaine de protagonistes, amenuisant du coup l’impact de son propos.

 

© Gilles Penso

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