AUSTIN POWERS (1997)

Mike Myers nous prit par surprise avec cette parodie minutieuse de l'univers des James Bond des années 60

AUSTIN POWERS : INTERNATIONAL MAN OF MYSTERY

ANNEE – PAYS

Réalisé par Jay Roach

Avec Mike Myers, Elizabeth Hurley, Michael York, Mimi Rogers, Robert Wagner, Seth Green, Fabiana Udenio, Charles Napier

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA AUSTIN POWERS

Depuis l’exceptionnel diptyque Y’a-t-il un pilote dans l’avion ? et Top Secret, Jim Abrahams, David et Jerry Zucker sont devenus la référence ultime en matière de parodies de films. Mille fois imitées, jamais égalées, ces deux perles ont engendré malgré elles une longue lignée de pastiches galvaudant peu à peu le genre. Il était temps que quelqu’un renouvelle l’exercice en tentant une autre approche. Le réalisateur Jay Roach et l’acteur/producteur/scénariste Mike Myers y sont parvenus haut la main, et si Austin Powers est le succès que l’on sait, c’est parce que les deux hommes ont un profond respect pour les œuvres dont ils se moquent. Loin des sous-James Bond paresseux à la Agent zéro zéro, Johnny English ou Double zéroAustin Powers décide de remonter à la source : les 007 des années 60, mais aussi les prestations variées d’incontournables comédiens anglais des sixties tels que Peter Sellers, Alec Guiness ou Michael Caine.

Myers s’était déjà amusé à parodier James Bond dans plusieurs sketches du « Saturday Night Live ». Ici, il crève l’écran dans le double rôle de l’agent britannique Austin Powers, affublé de grosses lunettes, de dents gâtées, d’une chemise à jabot et d’une libido démesurée, et du Docteur Denfer, hilarant super-vilain à la voix nasillarde qui mixe le costume de Dr No et le faciès de Blofeld dans On ne vit que deux fois. L’intrigue démarre en 1967, à Londres. Photographe de mode le jour et espion au service de Sa Majesté la nuit, Powers déjoue un attentat fomenté par Denfer, qui se met en hibernation et s’échappe dans l’espace. Pour le retrouver, l’agent secret se fait à son tour cryogéniser. Réveillés en 1997, tous deux reprennent leur pugilat, Denfer menaçant de faire exploser la planète entière…

L'influence de Casino Royale

La vraie réussite d’Austin Powers est de ne pas s’attacher aux détails de l’œuvre imitée (les gadgets, le smoking, les belles voitures) mais à l’esprit. Et de fait, par moments, on jurerait avoir affaire à un film réellement tourné dans les sixties. La direction artistique est à ce titre exemplaire. Photographie, décors, costumes se mettent au diapason de ce pastiche qui ne recule devant aucune exubérance. Sans parler de la musique de George S. Clinton, plus inspiré que jamais, qui rend ici un vibrant hommage aux plus beaux morceaux de John Barry, Henry Mancini et Jerry Goldsmith, au sein d’une bande originale flamboyante mi jazzy mi symphonique. Austin Powers doit aussi beaucoup à Casino Royale, qui parodiait déjà James Bond en 1967 et dont Roach et Myers empruntent des musiques et des séquences entières (d’où la présence de Burt Bacharach et de son fameux tube « The Look of Love »). Sans compter moult références à d’autres œuvres des années 60 et 70, telles que Quatre garçons dans le vent de Richard Lester, La Dixième victime d’Elio Petri, Notre homme Flint de Daniel Mann ou encore La Vallée des plaisirs de Russ Meyer. La finesse de l’hommage ne trouve pas son écho, en revanche, dans la plupart des gags du film, volontiers situés en dessous de la ceinture, voire carrément scato. C’est là tout le paradoxe de Mike Myers, et toute l’étendue de son registre comique.

© Gilles Penso

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