Y’A-T-IL UN PILOTE DANS L’AVION ? (1980)

Le trio ZAZ reprend à son compte tous les clichés du cinéma catastrophe et réalise la parodie cinématographique ultime

AIRPLANE

1980 – USA

Réalisé par Jim Abrahams, David et Jerry Zucker

Avec Robert Hays, Julie Hagerty, Peter Graves, Lloyd Bridges, Leslie Nielsen, Robert Stack, Kareem Abdul-Jabbar 

THEMA CATASTROPHES

Le succès planétaire de Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion ne s’est pas fait tout seul. C’est en réalité l’aboutissement d’une série de jalons posés par les frères David et Jerry Zucker et leur ami Jim Abrahams depuis le début des années 70. Encore étudiants, les trois compères louèrent l’arrière-boutique d’une bibliothèque du Wisconsin pour y monter leur petite troupe de théâtre : le Kentucky Fried Theater. Au menu : des pastiches à foison, de l’improvisation, des extraits de films détournés et des sketches absurdes. 150 000 représentations plus tard, le talent des « ZAZ » s’exportait dans un premier film réalisé par John Landis, Hamburger Film Sandwich

Potache mais joyeusement délirant, ce galop d’essai servit de tremplin à leur film suivant, Y’a-t-il un pilote dans l’avion, dont Zucker, Abrahams et Zucker signèrent eux-mêmes la mise en scène d’après leur propre scénario. Directement inspiré par le film catastrophe Zero Hour, dont il reprend minutieusement la trame, mais aussi par la franchise Airport du studio Universal, Airplane est un délire non-stop qui a littéralement révolutionné le genre comique cinématographique au tout début des années 80. Tandis que le capitaine Oveur (Peter Graves, le Jim Phelps de Mission impossible) et son co-pilote Roger Murdock (le basketteur Kareem Abdul-Jabbar) sont aux commandes du vol 209 assurant la liaison entre Los Angeles et Chicago, l’ancien pilote de chasse Ted (Robert Hays), traumatisé suite à un crash, tente de reconquérir l’hôtesse de l’air Elaine (Julie Hagerty). En plein ciel, tout ce beau monde s’apprête à vivre une catastrophe car les passagers et les membres de l’équipage ayant mangé du poisson tombent soudain malade. Seul Ted semble dès lors capable de prendre les commandes de l’avion…

Caricature à outrance et sérieux imperturbable

Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion s’érige en modèle parodique exemplaire. Son principe consiste à caricaturer à outrance les clichés du grand écran en parfaite connaissance de cause, les protagonistes restant imperturbables quelles que soient les situations. Le résultat a des vertus profondément hilarantes, surtout pour les habitués des films détournés. Répliques, situations et personnages archétypiques se succèdent ainsi avec un singulier parfum de déjà-vu. A cet enchaînement de gags référentiels suscitant la connivence du public, les ZAZ ajoutent une bonne dose de scènes burlesques très proches des univers de Tex Avery et de Hellzappopin (auquel Airplane emprunte mot à mot le gag des journalistes qui prennent des photos). Généralement, chaque séquence de Y’a-t-il un pilote dans l’avion s’entame le plus sérieusement du monde, puis dégénère tranquillement jusqu’à l’absurde. Témoins cette chorégraphie démentielle sur le « Staying Alive » des Bee Gees, ces scènes de panique nonsensiques ou ces journaux télévisés à travers le monde. Cerise sur le gâteau, Airplane imite le genre catastrophe jusqu’à solliciter des guest-stars sur le retour, lesquels s’en donnent visiblement à cœur joie dans le registre de l’autodérision. Leslie Nielsen, ex-astronaute très sérieux de Planète Interdite, se prend tellement au jeu qu’il en fera dès lors une marque de fabrique.

 

© Gilles Penso

Partagez cet article