LA DIXIÈME VICTIME (1965)

Ursula Andress prend en chasse Marcello Mastroianni pour les besoins d’un jeu télévisé futuriste à l’issue fatale…

LA DECIMA VITTIMA

 

1965 – ITALIE / FRANCE

 

Réalisé par Elio Petri

 

Avec Marcello Mastroianni, Ursula Andress, Elsa Martinelli, Salvo Randone, Massimo Serato, Milo Quesada

 

THEMA FUTUR I CINÉMA ET TÉLÉVISION

Au 21ème siècle, pour assouvir l’instinct de meurtre des citoyens, un jeu a été instauré : La Grande Chasse. Deux participants sont sélectionnés au hasard : un « chasseur » et une « victime ». Le prédateur connaît sa proie, qui ignore en revanche qu’elle a été désignée, et une très grosse somme d’argent est à la clef. Cette fois ci, le chasseur est Caroline Meredtith (Ursula Andress), qui est sur le point de battre son record, et la victime Marcello Polletti (Marcello Mastroianni), qui accumule les chassés croisés amoureux et les soucis financiers. Tous deux vont devoir s’affronter à Rome, au Colisée, devant les caméras de télévision du monde entier. Lorsqu’il découvre qu’il est en ligne de mire, Marcello décide de retourner la situation à son avantage et de devenir le chasseur. Mais bientôt, nos deux opposants commencent à tomber amoureux l’un de l’autre, ce qui complique sérieusement les choses…

Voilà un film insolite, brisant net les habitudes et les anticipations du spectateur le plus assidu. Inspirée du roman « La Septième Victime » écrit en 1953 par Robert Sheckley, l’histoire se déroule dans un futur indéterminé qui ressemble plutôt à un monde parallèle, dans la mesure où l’architecture, la technologie et la mode vestimentaire (œuvre ici d’André Courrèges) restent typiques des années soixante, les seuls élans « futuristes » concernant de gros ordinateurs parlants et des téléphones portables. Un futur à la Alphaville, en quelque sorte. Les classiques de la littérature y sont devenus les bandes-dessinées, et les citoyens trop âgés doivent être « restitués » au gouvernement. Le postulat du film, autrement dit le meurtre autorisé selon certaines règles afin de canaliser la violence des individus, annonce avec une décennie d’avance La Course à la mort de l’an 2000, Rollerball, et surtout Le Prix du danger (inspiré justement d’un autre roman de Robert Sheckley). D’autant qu’ici aussi interviennent la télévision et les sponsors.

La mort en direct

Mais le traitement choisi par Elio Petri est tout autre. Dans La Dixième victime, le cynisme désabusé est de mise, via l’anti-héros incarné par Mastroianni. Le slogan publicitaire du jeu vaut d’ailleurs son pesant de cacahuètes : « Si vous êtes suicidaire, la Grande Chasse est faite pour vous. Pourquoi faire un contrôle des naissances quand on peut avoir un contrôle des morts ? » C’est dans le Temple de Venus que prévoit de l’abattre sa chasseresse Ursula Andress, icône Botticellien dans James Bond contre Dr No et future Aphrodite du Choc des Titans. L’image de la célèbre déesse antique colle ainsi comme une seconde peau à la sculpturale comédienne suisse. Fruit de tous les fantasmes, Ursula s’exhibe d’ailleurs en début de film dans le « Masoch Club », au milieu de convives qu’elle frappe pendant une danse érotique, puis se débarrasse de son chasseur grâce à deux canons de revolvers camouflés dans son soutien-gorge (un gadget qui sera repris entre autres dans les parodies d’espionnage Matt Helm traqué et Austin Powers). Le dénouement de cette Dixième victime accumule les retournements de situation, se mue en poursuite échevelée, à grand renfort de coups de feu intempestifs, et s’achève dans un « avion matrimonial » où est célébré un mariage sous la menace d’un pistolet ! Vraiment un curieux film.

 

© Gilles Penso

 

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