PRINCE OF PERSIA, LES SABLES DU TEMPS (2010)

L'adaptation sans saveur d'un jeu vidéo très populaire, malgré la présence charismatique de Jake Gyllenhaal

PRINCE OF PERSIA : SANDS OF TIME

2010 – USA

Réalisé par Mike Newell

Avec Jake Gyllenhaal, Gemma Arterton, Ben Kingsley, Alfred Molina, Steve Toussaint, Toby Kebbell, Richard Coyle

THEMA MILLE ET UNE NUITS

Prince of Persia est un bon exemple de la politique générale des studios hollywoodiens, bien plus portés sur l’exploitation de franchises et de marques que sur la valorisation de sujets nouveaux et originaux. La source d’inspiration provient ici d’une série de jeux vidéo très populaires (créés à partir de 1989 par Jordan Mechner), et l’on sent bien que Jerry Bruckheimer et le studio Disney tentent de reproduire le succès de la trilogie Pirates des Caraïbes. La plupart des ingrédients idoines ont été minutieusement réunis : un cadre exotique propice à l’aventure, une légende au caractère ouvertement fantastique, un héros sympathique et décalé, une héroïne qui allie la beauté à la force de caractère, un antagoniste machiavélique jusqu’à la caricature, des faire-valoir blagueurs, des combats, des poursuites… Bref, c’est un véritable catalogue auquel manque hélas l’essentiel : la personnalité et la vision d’un artiste. Car Mike Newell, réalisateur touche à tout au parcours pour le moins éclectique (La Malédiction de la vallée des rois, Quatre mariages et un enterrement, Harry Potter et la coupe de feu) se contente ici de satisfaire les exigences formatées de son tout puissant producteur sans imprimer au métrage le moindre caractère.

Dans un total contre-emploi, Jake Gyllenhaal (Jarhead, Le Jour d’après) incarne Dastan, un prince rebelle contraint d’unir ses forces avec la belle princesse Tamina (Gemma Arterton, Le Choc des Titans) pour protéger une dague antique capable de libérer les sables du temps et d’inverser le cours des événements. Voilà pour l’argument narratif, qui se contente d’aligner bon nombre de clichés en cherchant au passage à reproduire plusieurs motifs du Seigneur des Anneaux. Comment interpréter autrement cette quête qui consiste à ramener l’objet magique dans son berceau originel pour qu’il ne tombe pas entre de mauvaises mains, ou l’intervention de ces chevaliers noirs (les « Hassansins ») aux pouvoirs maléfiques et aux allures de Nazguls ?

Une aventure qui manque singulièrement de magie

L’imagerie du Aladdin de Disney semble également inspirer le film (notamment lors des premières courses-poursuites acrobatiques sur les toits de la ville), ce qui semble logiquement marquer une sorte de retour aux sources. Mais on aurait justement aimé que ce Prince of Persia se laisse plus volontiers imprégner de la magie des contes des Mille et Une Nuits, riches en créatures féeriques et en prodiges surnaturels. Or nous sommes bien loin du Voleur de Bagdad ou du 7ème voyage de Sinbad, Brukheimer et ses scénaristes traitant l’argument fantastique avec désinvolture pour mieux se concentrer sur des séquences d’action répétitives (au cours desquelles Newell abuse jusqu’à l’indigestion des altérations de cadence de prise de vue façon Matrix) et sur une romance en papier mâché. Certes, Gemma Arterton est une délicieuse princesse déchue, mais sa beauté exotique ne suffit pas à rendre consistant son personnage archétypal, pas plus que les sourires cabotins de Jake Gyllenhaal et sa musculature fraîchement acquise n’en font un héros épique digne de ce nom.

© Gilles Penso

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