CHÉRIE, J’AI RÉTRÉCI LES GOSSES ! (1989)

Joe Johnston fait son baptême de metteur en scène avec cette relecture délirante de L’Homme qui rétrécit

HONEY I SHRUNK THE KIDS

 

1989 – USA

 

Réalisé par Joe Johnston

 

Avec Rick Moranis, Matt Frewer, Marcia Strassman, Kristine Sutherland, Thomas Brown, Jared B. Rushton, Amy O’Neill

 

THEMA NAINS ET GÉANTS

Comme bien des films, Chérie j’ai rétréci les gosses est né d’une seule image, celle d’un enfant à cheval sur une fourmi géante. Cette vision étrange trotte dans la tête du producteur Brian Yuzna depuis quelques années jusqu’au jour où il décide d’en faire part au réalisateur Stuart Gordon, avec qui il avait travaillé sur Re-Animator, From Beyond et Dolls. Séduit par cette idée, Gordon se lance dans les préparatifs du projet, baptisé dans un premier temps « The Teenie Weenies », et Walt Disney accepte de le produire. Il aurait été fascinant de découvrir ce qu’aurait pu donner un tel film familial orchestré par deux spécialistes du cinéma d’horreur. Mais ce projet restera un fantasme inassouvi. Après l’épuisant tournage de Robot Jox, Stuart Gordon est en effet hospitalisé pour cause de surmenage et doit abandonner provisoirement le travail de mise en scène. C’est finalement Joe Johnston, ex-directeur artistique chez ILM (et notamment designer des Walkers de L’Empire contre-attaque), qui prend sa relève, occupant pour la première fois le poste de réalisateur.

Le scénario définitif de Chérie j’ai rétréci les gosses, rédigé par Ed Naha et Tom Schulman, met en scène Wayne Slazinski, un savant excentrique dont la dernière invention est une machine qui permettrait de rétrécir tout ce qui se trouve dans son rayon d’action, mais qui pour l’instant ne semble guère fonctionner. Un jour où il laisse sa machine sans surveillance, elle se met en marche accidentellement et rétrécit ses enfants et ceux du voisin, qui ne mesurent plus que six millimètres et pour qui le jardin se transforme en jungle mortelle. Désormais, les abeilles, fourmis et scorpions sont pour eux aussi dangereux que des dinosaures, et tandis qu’ils tentent d’échapper aux mille dangers d’un monde qu’ils n’avaient encore jamais vu sous cet angle, les parents passent le jardin au peigne fin… en faisant très attention à l’endroit où ils mettent leurs pieds !

Petits moyens mais grosses ambitions

Fort de cette idée délirante, version burlesque de L’Homme qui rétrécit, le film de Joe Johnston déborde d’inventivité et enchaîne avec une générosité sans borne les séquences tour à tour spectaculaires, effrayantes, cocasses ou hilarantes. La réussite de Chérie j’ai rétréci les gosses repose également beaucoup sur son comédien principal, un Rick Moranis en très grande forme propulsé en tête d’affiche après ses prestations remarquées dans S.O.S. fantômes, La Petite boutique des horreurs et La Folle histoire de l’espace, ainsi que sur des effets spéciaux extraordinaires mixant toutes sortes de techniques. « Ce film n’était pas doté d’un très gros budget, et les scènes prévues dans le scénario étaient complexes », explique Phil Tippett, responsable de l’animation du scorpion agressif. « Il fallait donc faire beaucoup avec peu d’argent » L’inventivité supplanta donc largement l’étroitesse des moyens, notamment pour visualiser la fameuse séquence au cours de laquelle les bambins miniatures chevauchent une fourmi géante. « A l’origine, il devait y avoir toute une colonie de fourmis dans le film, et nous avons donc fabriqué vingt figurines », raconte l’animateur David Allen. « Mais les ambitions du film ont ensuite été un peu revues à la baisse ». Ramené à de plus justes proportions, Chérie j’ai rétréci les gosses est un vrai petit régal, accompagné d’une partition très enjouée de James Horner qui accompagne notamment son excellent générique de début en dessin animé. Le film inspirera une attraction de Disneyland, mais aussi deux longs-métrages et une série télévisée. Comme quoi, chez Disney, rien ne se perd, tout se recycle.

 

© Gilles Penso

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