X-MEN 2 (2003)

Bryan Singer signe lui-même la suite du premier X-Men en renforçant à travers sa vision des mutants la métaphore du racisme et de la xénophobie

X-MEN 2

2003 – USA

Réalisé par Bryan Singer

Avec Patrick Stewart, Hugh Jackman, Ian McKellen, Halle Berry, Famke Janssen, Rebecca Stamos, Alan Cumming, Brian Cox 

THEMA SUPER-HEROS I MUTATIONS I SAGA X-MEN I MARVEL

Rebaptisé X2 pour sacrifier à la mode des titres alphanumériques, façon MIB et MI2, ce second volet des aventures des X-Men démarre sur une séquence d’action étonnante. Kurt Wagner alias Diablo, un mutant bleu capable de se téléporter, y attaque le président des Etats-Unis au nez et à la barbe de ses gardes du corps. Le scénario prend ensuite une tournure des plus intéressantes : l’infâme Magneto et son âme damnée Mystique sont obligés de s’allier au professeur Xavier et à ses X-Men pour empêcher l’éradication de tous les mutants de la planète orchestrée par un colonel fasciste et psychopathe. Outre la présence de nouveaux mutants issus du comic-book original, comme Iceberg, Pyro, Colossus – qui ne fait ici que de la figuration – et l’extraordinaire Diablo, cette séquelle nous offre quelques morceaux d’anthologie très spectaculaires, comme l’affrontement de Wolverine avec son alter-ego féminin, la fureur de Pyro qui s’en prend à une escouade de policiers (visiblement très inspirée par l’une des scènes clef de Firestarter de Mark Lester), ou le sacrifice de Jean Grey, qui ressurgira dans X-Men 3 réincarnée en Phénix. La source d’inspiration principale de ce second opus semble être l’album « X-Men : God Loves, Man Kills », écrit en 1982 par Chris Claremont.

Très confiants, Bryan Singer et son producteur Tom DeSanto annonçaient à l’époque dans la presse que ce deuxième épisode serait à la saga X-Men ce que L’Empire Contre-Attaque  était pour la trilogie Star Wars. Cet enthousiasme mérite quelque peu d’être tempéré, même si X-Men 2 s’avère d’excellente facture. On peut regretter que le spectacle l’emporte souvent sur l’implication émotionnelle et l’identification du public aux faits et gestes des héros. Le problème mis en évidence dans le premier X-Men subsiste ici : trop de personnages entravent le développement de chacun d’entre eux. Ils se résument donc, pour la plupart, à des archétypes sans réelle profondeur. Cette faiblesse, inhérente au principe du « film d’équipe », devra attendre X-Men, le commencement de Matthew Vaughn pour être habilement contournée.

En marge de la société

Mais il faut avouer qu’X-Men 2 marque une véritable amélioration par rapport à l’opus précédent, réservant au moins une scène clef à chacun des personnages principaux pour leur permettre d’exister à part entière, et développant plus habilement la thématique du racisme et de la xénophobie à travers le prisme symbolique des Mutants. « Il est évident que je m’identifie aux personnages lorsque je réalise un film comme celui-là », confesse Bryan Singer. « Les thèmes de l’exclusion et de la vie en marge de la société me touchent personnellement. Est-ce parce que je suis moi-même un enfant adopté, juif et gay de surcroît ? Peut-être, mais je pense que les problématiques développées ici sont universelles et peuvent toucher tout le monde. Après tout, pendant mon enfance, c’est à Luke Skywalker que je m’identifiais. » (1) On note que la partition n’est plus ici signée Michael Kamen qui venait hélas de passer l’arme à gauche, mais John Ottman, le compositeur attitré de Bryan Singer. Il signe une BO toujours amputée d’un thème principal digne de ce nom, mais très efficace du point de vue du dynamisme et de l’énergie.
 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en juillet 2006

© Gilles Penso 

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