POLTERGEIST 3 (1988)

Une seconde séquelle qui délocalise l'action dans une tour ultra-moderne et bénéficie d'une mise en scène inventive signée Gary Sherman

POLTERGEIST 3

1988 – USA

Réalisé par Gary Sherman

Avec Tom Skeritt, Nancy Allen, Heather O’Rourke, Zelda Rubinstein, Lara Flynn Boyle, Kipley Wentz

THEMA FANTÔMES I SAGA POLTERGEIST

Poltergeist 2 n’était pas une œuvre de grande qualité, mais son succès fut suffisant pour motiver la mise en chantier d’un troisième volet. De nombreux éléments des deux films précédents ont cependant été évacués, notamment la majorité du casting (seules Heather O’Rourke et Zelda Rubinstein assurent la transition). Quant au décor banlieusard cher à Steven Spielberg et Tobe Hopper, il a été remplacé par une tour ultra-moderne digne de Gremlins 2. Maintenant âgée d’une dizaine d’années, Carol Anne vit provisoirement à Chicago avec la famille Gardner, autrement dit son oncle Bruce (Tom Skeritt), sa tante Patricia (Nancy Allen) et sa cousine Donna (Lara Flynn Boyle). Elle fréquente une école de surdoués où ses petits camarades ne manquent pas une occasion de se moquer de ses histoires de fantômes. Même ses professeurs sont sceptiques. Le docteur Seaton (Richard Fire), directeur de l’établissement, est ainsi persuadé que les visions spectrales qu’elle décrit sont le fruit de son imagination et qu’elle altère la vision de son entourage par hypnose collective. Evidemment, les phénomènes étranges ne vont pas tarder à se manifester dans l’immeuble des Gardner. Les miroirs se fissurent, le thermostat se dérègle, l’ascenseur fait des siennes…

Quant à Carol Anne, elle voit apparaître partout le reflet grimaçant de Henry Kane (Nathan Davis), le sinistre révérend fantôme de l’épisode précédent. Toujours aussi extra-lucide, cette bonne vieille Tangina (Zelda Rubistein) s’exclame alors à l’autre bout du pays « Il l’a trouvée ! ». Si le scénario de Poltergeist 3 n’apporte aucune réelle surprise, la mise en scène de Gary Sherman (à qui nous devons l’excellent Réincarnations) est truffée d’idées innovantes, dans la mesure où les fantômes ne hantent pas ici les postes de télévision mais les miroirs. Le film multiplie ainsi à loisir les jeux de reflets troublants et inattendus. Chaque fois qu’une glace apparaît dans le champ, un décalage visuel ou temporel se fait ressentir – de manière parfois très subtile – entre le sujet et l’image qu’il réfléchit.

Les reflets maléfiques

Autre parti pris intéressant : Sherman privilégie les effets spéciaux réalisés en direct sur le plateau aux trucages de post-production (qui étaient le point faible technique de Poltergeist 2) grâce auxquels il accumule les scènes choc surprenantes : des mains monstrueuses surgissent d’une flaque d’eau pour entraîner Carol Anne, Donna déchire de l’intérieur le corps de Tangina et en jaillit en hurlant, les cadavres d’animaux se réveillent dans une chambre froide, des voitures couvertes de neige attaquent les héros dans le parking, la tête décapitée de Kane se décompose en gros plan… Certes, les maquillages spéciaux de John Caglione Jr et Doug Drexler (conseillés par Dick Smith) ne sont pas excessivement subtils, mais ils ont un indéniable charme typique des années 80. Poltergeist 3 part donc avec quelques atouts en poche, d’autant que son casting ne manque pas d’intérêt et que quelques clins d’œils sont les bienvenus (Tom Skeritt parle de Carrie à Nancy Allen, qui jouait justement la rivale de Sissi Spacek dans le classique de Brian de Palma). Mais en l’absence d’un scénario un tant soit peu palpitant, tous les efforts de Gary Sherman et de son équipe tombent à l’eau.

 

© Gilles Penso

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