CREEPOZOÏDS (1987)

Un film de science-fiction au tout petit budget qui multiplie les mutations horrifiques en se laissant volontiers inspirer par Alien

CREEPOZOIDS

1987 – USA

Réalisé par David DeCoteau

Avec Linnea Quigley, Ken Abraham, Michael Aranda, Richard L. Hwakins, Kim McKamy

THEMA MUTATIONS I SAGA CHARLES BAND

Quinze jours de tournage dans un entrepôt de Los Angeles, 150 000 dollars de budget, il n’en fallut pas plus au producteur Charles Band et au réalisateur David deCoteau pour concocter ce film de science-fiction horrifique ne reculant devant aucun excès et se laissant largement inspirer par Alien. L’intrigue se situe en 1998. Le monde a été ravagé par une guerre nucléaire et cinq survivants arpentent les rues désertes avant de trouver refuge dans un bâtiment abandonné qui a les allures d’un ancien laboratoire scientifique. Tous militaires déserteurs, ces personnages taillés au burin versent volontiers dans l’archétype caricatural : le chef autoritaire (Richard Hawkins), le scientifique curieux (Michael Aranda), le gros bras à la cervelle de moineau (Ken Abraham), la fille réfléchie (Kim McKamy) et la bimbo délurée (Linnea Quigley). La musique au synthétiseur et les dialogues poétiques (« il y a quelque chose de macabre dans ce désordre ») nous annoncent très tôt la couleur : Creepozoïds s’appréciera pleinement au second degré. Pour couronner le tout, le gore qui éclabousse et l’érotisme coquin (la scène du couple qui se douche, mise en image et en musique comme dans un film X, avec un dialogue constitué de « oh oui », « encore » et « j’adore ça » lascifs) s’invitent sans vergogne dans le métrage. Le scientifique de l’équipe est la première victime d’un monstre mystérieux qui se cache dans l’ombre. Le lendemain, au milieu du petit déjeuner, il crache du sang, ses yeux se révulsent, sa main se déforme horriblement puis il trépasse sans explication. 

D’autres morts spectaculaires ponctuent le récit, comme celle d’un homme dont le visage se boursoufle en saignant abondamment jusqu’à se muer en bouillie écarlate. L’origine du mal serait liée à des expériences pratiquées par les occupants du laboratoire, visant à permettre aux humains de produire leurs propres acides aminés pour ne plus souffrir de la faim. D’où ce monstre qui arpente les coursives jonchées des cadavres desséchés des anciens locataires. La bête est plutôt réussie. Sa haute stature, sa grande gueule garnie de dents, ses défenses recourbées, son crâne hypertrophié, ses griffes et sa peau sombre et visqueuse font leur petit effet. On ne peut pas vraiment en dire autant des rats en peluche gros comme des chiens qui attaquent nos héros dans des séquences involontairement risibles. 

Rats en peluche et bébé carnivore

Plus iconique, le bébé horrible mi-humain mi-mutant dont le monstre accouche en fin de métrage, et qui n’est pas sans évoquer celui de It’s Alive, procure quelques jolis frissons. Dommage que cette marionnette efficace n’intervienne que dans une scène d’affrontement apathique et répétitive confinée dans une seule pièce et escamotée à la va-vite. Au-delà de l’influence récurrente d’AlienCreepozoïds puise son inspiration un peu partout, y compris dans Evil Dead (la fille blessée qui se transforme en démon grimaçant et agressif), dans La Guerre des Etoiles (les pistolets laser dont sont armés nos protagonistes) et dans le cinéma post-apocalyptique qui fleurissait alors sur les écrans. Joli succès en VHS, Creepozoïds se déguste aujourd’hui avec une nostalgie coupable parfaitement assumée.

 

© Gilles Penso

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