SANTA & CIE (2017)

Le cinquième long-métrage d'Alain Chabat est un conte de Noël calibré à la fois pour le jeune public et pour les fans de la première heure des Nuls

SANTA & CIE

2017 – FRANCE

Réalisé par Alain Chabat

Avec Alain Chabat, Pio Marmaï, Golshifteh Farahani, Bruno Sanches, Louise Chabat, Audrey Tautou

THEMA CONTES 

Pour un réalisateur, il n’est pas toujours facile de se renouveler tout en restant fidèle à soi-même, de placer ses ambitions le plus haut possible sans confondre audace et prétention, de rendre hommage à tout un pan du cinéma hollywoodien en conservant malgré tout son originalité et sa spécificité. C’est à cet exercice d’équilibre délicat que s’est livré Alain Chabat avec Santa & Cie, un conte calibré pour les fêtes de Noël qui réserve son lot de surprises et parvient à séduire le public le plus large sans jamais chercher le nivellement par le bas. En soi, c’est déjà un petit exploit. Chabat s’octroie le rôle du Père Noël, pour que le film puisse bien sûr capitaliser sur sa popularité d’acteur/réalisateur mais aussi pour assumer son âge (58 ans au moment du tournage) qui lui donne désormais accès à des personnages chenus et vénérables.

 

Il parraine d’ailleurs en quelque sorte sa fille Louise, à qui il confie le rôle de toutes les lutines du Père Noël, les lutins mâles étant incarnés par Bruno Sanches. A eux deux, les jeunes comédiens incarnent pas moins de 92 000 petites créatures occupées à construire une infinité de jouets pour les enfants du monde entier, dans un gigantesque atelier délirant et multicolore qui n’est pas sans évoquer ceux des Oompas Loompas de Charlie et la Chocolaterie. Mais à quelques jours de Noël, c’est la catastrophe : tous les lutins tombent malades et s’écroulent comme un château de cartes. Paniqué, le Père Noël va devoir visiter notre monde pour trouver une quantité astronomique de vitamines C, seules capables de ranimer sa main d’œuvre. Mais ce bon vieux Santa ne connaît rien aux mœurs des humains, et comprend encore moins le comportement des enfants qu’il se contente de combler une nuit par an sans jamais les côtoyer. Autant dire que le choc s’annonce rude…

Comédie pure et fantastique décomplexé

Santa & Cie est le cinquième long-métrage de l’ex-chef des Nuls, et comme les précédents (Didier, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, RrrrrrSur la piste du Marsupilami) il témoigne d’une envie irrésistible de mêler la comédie pure au fantastique décomplexé avec une forte propension à s’imprégner de la culture de la bande dessinée. Le concept était un peu « casse-gueule », mais le miracle opère grâce à la justesse de ton que Chabat parvient à trouver, dirigeant tous ses comédiens (y compris lui-même) avec un maximum de naturalisme au lieu de chercher à appuyer artificiellement les effets comiques. Dans le rôle du couple contraint d’héberger ce Père Noël exaspérant, Pio Marmaï et Goshifeth Farahni excellent, leurs enfants incarnés par Tara Lugassi et Simon Aouizerate s’avérant désarmants d’authenticité et de drôlerie. Assumant pleinement son aspect « conte de fée », Santa & Cie bénéficie d’effets visuels particulièrement réussis (œuvre conjointe de quelques-unes des compagnies françaises les plus talentueuses du moment) et d’une bande originale orchestrale de Matthieu Gonet rendant plusieurs hommages énamourés au cinéma de la période Amblin (on pense souvent aux envolées de E.T. mises en musique par John Williams). Drôle, bienveillant, truffé de rebondissements, Santa & Cie n’est certes pas un grand film, mais c’est un divertissement tellement sincère qu’il est difficile de ne pas se laisser enchanter.

 

© Gilles Penso

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