RRRrrrr !!! (2004)

La vie quotidienne de nos ancêtres les hommes des cavernes selon Alain Chabat et les Robins des Bois

RRRRRRR !!!

2004 – FRANCE

Réalisé par Alain Chabat

Avec Pierre-François Martin-Laval, Maurice Barthélémy, Marina Foïs, Jean-Paul Rouve, Alain Chabat, Gérard Depardieu

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE 

On a beau adorer la troupe des Robins des Bois, la voix fluette de Pierre-François Martin-Laval, les moues enfantines de Marina Foïs, le faux sérieux de Jean-Paul Rouve, les gesticulations de Maurice Barthélémy, les grimaces d’Elise Larnicol, les sourires en coin de Pascal Vincent, bref leur humour absurde et déjanté à mi-chemin entre le dessinateur Edika et les Monty Pythons, il faut bien avouer que leur passage du petit au grand écran est un sacré ratage. La faute en incombe principalement à un scénario qui se contente de deux idées plutôt drôles, certes, mais tout juste suffisantes à alimenter un sketch, certainement pas un long-métrage digne de ce nom. Première idée : 35 000 ans avant notre ère, aux temps préhistoriques, deux tribus s’opposent, celle des cheveux propres qui possède le secret du shampoing, et celle des cheveux sales, qui le convoite. Deuxième idée : deux hommes de la tribu des cheveux propres enquêtent sur le premier meurtre de l’histoire de l’humanité. C’est tout. Difficile donc de tenir la longueur sur une heure et demie, même pour un bon public. Certes, quelques gags font mouche, notamment tous ces animaux dont le nom se termine en « mouth » et dont la mâchoire arbore des défenses de mammouth (les poulmpouths, hippopotamouths et autres vermouths), l’incapacité des protagonistes à prononcer le prénom Guy, ou encore le rêve d’un de nos hommes des cavernes qui le transporte au rayon machines à laver d’un supermarché. Mais RRRrrr !!! témoigne surtout d’une grande paresse scénaristique doublée d’une auto-satisfaction embarrassante. 

Pour s’assurer une garantie de succès, les Robins des Bois ont tout naturellement demandé à leur vieux complice Alain Chabat de passer derrière la caméra, de jouer à leurs côtés et même de produire le film. Hélas, l’ex-Nul semble avoir perdu toute la virtuosité et le perfectionnisme d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, tant sa mise en scène est ici ampoulée et anonyme, hésitant entre l’emphase d’une superproduction et la modicité d’un sketch télévisé. Les effets spéciaux qui scandent le récit sont à l’avenant, tour à tour excellents (l’insecte préhistorique gobé par Elise) ou médiocres (le dinosaure qui surgit à la toute fin du film). Chabat ayant participé à l’écriture, on y retrouve son goût de la parodie, notamment à travers des clins d’œil à Apocalypse Now et Souviens-toi l’été dernier qui, comme le reste, tombent à plat. 

L'idée la plus drôle du film ? Son titre !

Quelques guest stars apparaissent au détour du film, du plus prestigieux (Jean Rochefort) au plus navrant (Joey Starr) en passant par les incontournables (Dominique Farrugia et Gérard Depardieu). L’idée la plus drôle, en fin de compte, est celle du titre : fou rire assuré dans les salles de cinéma au moment où les spectateurs annoncent au guichet le film qu’ils veulent voir. Conscient de l’échec du film, Alain Chabat ne le mentionne que très peu dans ses interviews, ce qui ne l’empêche pas de relativiser les ratages en matière de comédie. « Ça n’est pas si grave de se planter », déclare-t-il. « Ce n’est que du cinéma. On essaie de donner du plaisir, et parfois on rate notre coup. On ne va pas non plus nous faire un procès ! Après tout, ça part d’une bonne intention. Il faut juste tirer les leçons d’un bide pour s’améliorer. » (1)
 
(1) Propos recueillis par votre serviteur en janvier 2007.
 
© Gilles Penso

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