HIGHLANDER : LE RETOUR (1991)

La fable atemporelle conçue par Russell Mulcahy nécessitait-elle une suite ? La réponse est assez claire !

HIGHLANDER 2: THE QUICKENING

1991 – USA

Réalisé par Russell Mulcahy

Avec Christophe Lambert, Sean Connery, Virginia Madsen, Michael Ironside

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX I EXTRA-TERRESTRES SAGA HIGHLANDER

Avant-gardiste, poétique, épique et délicieusement anachronique, Highlander était une perle rare, un concentré d’inventivité et de génie visuel concocté par un cinéaste au sommet de son art. Il présentait également le mérite de traiter frontalement une thématique passionnante mais peu exploitée à l’écran jusqu’alors : les affres de l’immortalité, condamnant ceux qui la possèdent à voir mourir leurs proches. Bouclé, le scénario n’appelait aucune suite. Mais les grands studios savent faire fi de la logique lorsque le tiroir-caisse promet de se remplir. L’idée d’un Highlander 2 se concrétisa donc assez rapidement, suite au succès planétaire du premier opus, et Russel Mulcahy fut sollicité pour retrouver les ingrédients de son film précédent. Hélas, la liberté dont le réalisateur australien jouissait jusqu’alors lui fut peu à peu retirée par des producteurs soucieux de contrôler tous les aspects artistiques de cette séquelle. Le fantastique élégant et stylisé se mua donc en space opéra grotesque puisant son inspiration dans les films de SF de la décennie précédente. 

D’emblée, nous apprenons avec stupeur que tous les immortels sont des extra-terrestres venus d’une certaine planète Zeist. L’intrigue démarre en 1999 et Connor McLeod (Christophe Lambert, fidèle au poste) décide de créer une équipe de scientifiques nommée le Shield (aucun lien avec Marvel) afin de régler le problème du trou de la couche d’ozone. Puis nous nous retrouvons en 2024. Connor est désormais un vieil homme, et le redoutable général Katana (Michael Ironside, imitant Jack Nicholson à la perfection) envoie des assassins pour se débarrasser de lui. Mais notre highlander a encore de beaux restes et élimine sans sourciller les tueurs montés sur des skateboards volants. Aussitôt, miracle, leur force de vie rajeunit Connor et ressuscite le preux Ramirez (Sean Connery). Copains comme cochons, les deux guerriers immortels s’apprêtent bientôt à affronter Katana, qui décide de venir en personne pourfendre ses ennemis. 

Une spectaculaire erreur de parcours

Accablante, incohérente, ridicule, cette séquelle prouve bien à quel point Highlander était unique et se suffisait à lui-même. Les plans futuristes lorgnent dangereusement du côté de Blade Runner, les vues de la planète Zeist imitent timidement Dune et la grande majorité des effets spéciaux donne dans le tape à l’œil maladroit, si l’on excepte peut-être le maquillage vieillissant de Lambert et le combat voltigeant du début (directement inspiré par Retour vers le Futur 2, gros succès de l’année précédente). Le grotesque est roi et le plan final, au cours duquel Christophe Lambert s’envole en souriant devant un fond étoilé, est un très grand moment d’humour involontaire. Highlander 2 sera le chant du cygne de Russell Mulcahy, réalisateur surdoué qui retomba aussitôt dans l’oubli, se contentant dès lors de fabriquer des produits calibrés et sans âme (The Shadow, RésurrectionResident Evil Extinction). Frustré par cet inavouable Highlander 2, Mulcahy en proposa une version longue sur DVD en 1994, plus proche de ses intentions initiales. Mais même sous cette édition, le film reste une spectaculaire erreur de parcours.

 

© Gilles Penso